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Le pangasius, poisson de la controverse
Radio-Canada

Difficile d'être rassuré devant les images de l'élevage du pangasius dans des eaux polluées du Mékong qui circulent sur les réseaux sociaux. Encore plus inquiétant lorsqu'on apprend que l'Agence canadienne d'inspection des aliments examine seulement de 3 % à 5 % de tous les produits de la mer vendus au pays.

Un texte de Johane Despins

L’épicerie a voulu savoir si le pangasius qui entre au Canada était contaminé par le mercure ou le plomb, ou encore traité avec des hormones et des antibiotiques comme le laisse croire la rumeur.

L'Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) qui effectue des analyses de qualité a refusé d'accorder une entrevue à la caméra. Nous nous sommes tournés vers l'un des principaux importateurs et transformateurs de poissons au Canada, Fruits de mer Lagoon, qui fait affaire avec des fermes d’élevage du Vietnam.

Frantz Perrot, directeur de l’assurance qualité à Fruits de mer Lagoon, n’a pas d’inquiétude quant aux poissons vendus au pays. « C’est très contrôlé, il y a beaucoup d’analyses au niveau des fermes d’élevage, des producteurs et des importateurs. Et toutes ces analyses-là font que le produit qu’ils retrouvent dans l’assiette devrait être sécuritaire. »

Le pangasius (pangasius bocourti appelé aussi poisson-chat du Mékong ou basa) est un poisson à chaire blanche, sans arête et au goût peu prononcé. C'est un poisson peu coûteux. En 2013, la production mondiale de pangasius a atteint 1,6 millions de tonnes et provenait en grande majorité du Vietnam.

Des analyses coûteuses

Toutefois, très peu de poissons sont inspectés à leur arrivée au Canada. L’entreprise Fruits de mer Lagoon dépense 150 000 $ par année pour mener des analyses dans des laboratoires spécialisés indépendants. Mais chaque analyse coûte 3000 $. Ce qui ne représente que 50 échantillons par année pour déceler des contaminants.

De son côté, l’ACIA précise par courriel qu’en 2015-2016, 248 analyses ont été effectuées sur l'ensemble des produits de la mer provenant du Vietnam. Impossible de savoir combien de pangasius se trouvent dans le lot.

Catherine Jumarie, professeure et toxicologue au département des sciences biologiques à l’Université du Québec à Montréal, croit que les inquiétudes et les questions des consommateurs sont tout à fait légitimes. « C’est un poisson élevé en abondance — dans un fleuve qu’on sait être contaminé — qui est traité avec des hormones et avec des antibiotiques. Mais c’est le cas de tous les poissons d’élevage, de toute manière. »

L’important, selon elle, est que les normes établies par Santé Canada soient respectées quant à la présence de certains antibiotiques, hormones ou colorants. Mais est-ce le cas?

Catherine Jumarie nous rassure aussi sur la présence possible de mercure et de plomb dans la chair du pangasius. Comme ce poisson a une vie relativement courte, il ne passe pas beaucoup de temps dans les eaux polluées du Mékong. Il n'est donc pas exposé aux contaminants dans l’eau sur une longue période. De plus, ces contaminants s'accumulent surtout dans les graisses des poissons gras.

«Le saumon pourrait concentrer plus de certains contaminants que ne le fait le tilapia ou le pangasius.» – Catherine Jumarie, professeure et toxicologue

Des logos à surveiller

Trois logos à surveiller pour acheter du poisson certifié.

Pour s’assurer que le pangasius est élevé dans de meilleures conditions, il faut rechercher les certifications internationales pour les poissons d’élevage comme BAP (Best aquaculture practice), ASC (Aquaculture Stewardship Council) ou encore Ocean Wise. Malgré les précautions, le risque zéro n’existe pas, comme le précise Mme Jumarie. On peut manger du pangasius, mais comme pour tout aliment, il faut miser sur la diversité.

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