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«Humble et magnifique» de Julien Tremblay : des gags et de la guitare

«Humble et magnifique» de Julien Tremblay : des gags et de la guitare
Jocelyn Michel

Audacieuse et risquée recette que celle de Julien Tremblay, qui fonde une grande partie de son premier one man show, Humble et magnifique, sur son amour de la guitare. L’humoriste, qui se commettait en première montréalaise au Théâtre St-Denis mardi, avait déjà implanté sa marque de commerce, notamment au Festival Juste pour rire, où il a reçu le titre de Révélation en 2015.

Se la jouant façon rockstar, Tremblay porte et appuie ses gags d’accords de guitare, plus ou moins vigoureux selon les punchs, et accompagne presque constamment son propos de cette musique de fond caractéristique de doigts qui glissent sur les cordes. L’instrument est d’ailleurs au cœur du décor d’Humble et magnifique, alors que derrière l’artiste reposent cinq guitares posées à la verticale, sous de scintillantes ampoules vissées dans des chevrons.

Laurent Paquin signe la mise en scène du spectacle, et Mike Ward en assume la script-édition. C’est dire que notre Humble et magnifique est bien entouré dans l’aventure de cette première tournée, produite par le groupe Juste pour rire.

Expérimenté dans son début de quarantaine même s’il n’est pas encore extrêmement connu, Julien Tremblay a été diplômé de l’École nationale de l’humour en 1995 et a vogué de festivals en contrats de télévision et de radio avant que ne se produise le grand boum des deux derniers Festivals Juste pour rire, où il a chaque fois été acclamé.

Lourde guitare

Julien Tremblay est drôle. Ça ne fait aucun doute. Son humour relativement bon enfant est bien tourné, bien songé. Ses observations sont souvent justes et très cocasses, parfois carrément hilarantes. Par exemple, expliquant qu’il est natif de Hawkesbury et que, de tous temps, la pancarte de bienvenue dans la ville a toujours indiqué une population de 10 000 habitants, il lance : «À chaque fois qu’une fille tombe enceinte, le gars sacre son camp, donc ça reste à 10 000 (…) Fais pas des jumeaux, tu vas fucker la pancarte!»

«Tu commences à être vieux quand tu dors pus avec ta femme, t’es très vieux quand tu dors pus avec tes dents», image-t-il à propos du temps qui passe. Il peut aussi chanter à brûle-pourpoint Caillou et Les Télétubbies et frapper joyeusement sur Canal D.

Ses sujets ne réinventent pas le genre, mais l’homme s’y attaque avec finesse et intelligence. Oui, il parle de sa blonde, mais pas qu’avec du remâché. Il est aussi très sympathique et charismatique, et il a la dégaine nécessaire pour endosser le personnage qu’il s’est créé.

Ceci dit, le principe de la guitare est lourd, très lourd, même. C’est probablement une question de goût ; alors que certains trouveront que ce type de livraison accentue l’effet de surprise et confère un style unique à Julien Tremblay, d’autres jugeront sa méthode un peu lassante et redondante.

Dans un ou deux numéros? Ça va, ça étonne, ça amuse, c’est original. Pendant près de deux heures? C’est beaucoup moins évident, et on peut rapidement se tanner.

Il n’y a qu’au retour de l’entracte que Tremblay délaisse momentanément l’objet de prédilection, le temps de quelques anecdotes, qui, elles, ne sont hélas pas tellement tordantes. C’est même l’une des parties les plus faibles de la prestation, surtout lorsque Julien Tremblay s’adresse aux spectateurs.

Et l’accalmie ne dure que quelques minutes et, après, l’ancien animateur de Julien le matin, à MusiMax, reprend son cirque musical. À certains moments, on se désole même de l’omniprésence de l’accessoire, sans lequel on entendrait et percevrait mieux certaines blagues.

Mardi, la salle – principalement composée d’invités, représentation médiatique oblige - semblait l’appuyer entièrement dans son délire, riant avec délectation de ses mimiques, mais l’ambiance mi-humour, mi-concert ne plaira certainement pas à tous. Reste à voir si le concept obtiendra les résultats escomptés. Pour l’instant, c’est bien parti, car Juste pour rire a déjà annoncé des supplémentaires à Montréal du 28 au 30 décembre, et semble-t-il que Tremblay est très populaire en région.

Autre détail agaçant : Julien Tremblay a recyclé beaucoup de matériel déjà présenté dans des galas Juste pour rire. Ce laisser-aller déçoit toujours de la part d’humoristes professionnels. Au prix que coûtent les billets d’humour, peut-on au minimum offrir des trouvailles originales au public qui se déplace? C’est une moindre délicatesse, et presque un manque de respect de la part des artistes que de réutiliser leur matière première.

Passons par ailleurs sous silence la première partie, assurée par Franky Laff – qui a secondé Julien Tremblay à l’écriture des textes d’Humble et magnifique -, beaucoup plus maladroite qu’efficace.

Julien Tremblay présente à nouveau Humble et magnifique au Théâtre St-Denis, ce mercredi, 16 novembre, après quoi il se rendra à Québec le 30 novembre, à Magog le 9 décembre et à Gatineau le 14 décembre, avant de revenir dans la métropole. Son calendrier complet est disponible au www.julientremblay.net.

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