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«Hope» d'ILAM, l'empreinte musicale d'une étoile montante (ENTREVUE)

«Hope» d'ILAM, l'empreinte musicale d'une étoile montante

ILAM fait de la musique du monde. C’est ce qu’on dit. Par l’utilisation de cette étiquette un peu surannée, on peut saisir au moins une chose importante: ses sonorités, dynamisées par l’afropop, le blues, le reggae, le rock, voire le hip-hop, semblent surgir d’ailleurs. Pourtant, on reconnaît une part de nous dans cette musique créée de ce côté-ci de l’Atlantique. ILAM, ce jeune à la peau d’ébène qui chante avec ses tripes, offre des rythmes vraiment accrocheurs et un chant convaincant qui font un réel bien. Voilà pour l’étiquette.

Comme nous l’avons déjà écrit dans un article du Huffington Post Québec, ILAM, de son vrai nom Karim Tall, a vécu la majorité de sa vie au Sénégal. Bien que rien ne le disposait à devenir musicien (ses parents travaillent dans l’urbanisme et le textile/mode), il a complété un baccalauréat à l’École National des Arts de Dakar. Il a aussi créé un groupe de rap dans lequel il a interprété vocalement ses compositions. Il chantait en français, peule et wolof (dialectes sénégalais). Ses textes parlaient déjà d'amour, et dénonçaient certaines injustices.

«Évidemment, j’avais déjà un bagage musical important avant d’arriver au Québec, raconte ILAM à la table d’un café de la rue Laurier. J’aime de tout (comme pour la bouffe!). Ce qui m’intéresse le plus, disons, c’est la musique authentique. Quand je suis arrivé ici, j’ai découvert un autre monde artistique. J’ai [notamment] découvert la musique traditionnelle comme fait Gilles Vigneault. Ensuite sont venus Lisa Leblanc et Jean Leloup.»

Selon lui, la musique sénégalaise se distingue surtout de celle québécoise en raison de l’importance des percussions. Le mbalax (terme d'origine wolof) est très influent au Sénégal. Puis, il y a l’univers de Youssou N'Dour, qui est un incontournable.

«Le chant aussi, en général, est assez différent, souligne-t-il. Ici, on met pas mal d’emphase sur les textes. […] J’aime Baaba Maal (chanteur et guitariste sénégalais). J’écoute aussi Faada Freddy, qui fait partie de la nouvelle génération. Sa musique m’inspire beaucoup. Bien entendu, je suis sensible à la musique qui provient d’autres pays africains comme le travail d’Ali Farka Touré (Mali). Plusieurs personnes m’ont dit que mon morceau Mi Soussi (disponible sur son EP, cette pièce est également offerte en bonus sur le nouvel album, avec Way) inspire Farka Touré. De toute façon, le rock et le blues sont originaires d’Afrique. […] Ma force, je crois, c’est d’avoir pigé un peu partout, en tentant de proposer un équilibre. J’aime le métissage.»

ILAM est arrivé au Québec il y a un peu plus de deux ans. Une histoire de cœur l’a mené jusqu’ici. Après quelque temps passé à Thetford Mines, il a choisi Montréal, une base plus naturelle pour l’auteur-compositeur-interprète, qui pouvait plus facilement continuer son long voyage sur le chemin de la musique.

En 2014, alors qu’il travaillait dans un entrepôt, il a décidé de s’inscrire à un concours musical qui met en avant-plan la musique du monde. Or, ça lui prend absolument un groupe pour respecter les règles… Il s’est donc entouré de quelques autres musiciens… pour finalement rafler des prix et recevoir des éloges (Coup de cœur du public ainsi que lauréat du prix Vitrines des Musiques Locales Métissées de l'équipe Spectra). À partir de là, tout s’est emballé pour ILAM: il a été finaliste pour le pris de la Diversité 2015, puis nommé Révélation Radio-Canada… ILAM semble plaire partout où il passe.

Son EP de quatre pièces, paru l’an passé, avait fait très bonne impression.

L’espoir

Rien ne devrait changer avec ce charmant Hope, premier long jeu de l’artiste qui a enregistré les 14 nouveaux morceaux avec ses comparses que sont le batteur Thomas Sauvé-Lafrance, le bassiste Papa Saliou Tall, le claviériste Félix Rioux et l’excellent joueur de guitare électrique (aussi arrangeur pour le disque) Assane Seck. Le claviériste Sandy Belfort a également été invité a joueur sur Hope, qui s’est fait dans le Studio 12 de Radio-Canada. Quant à ILAM, il s’est chargé des voix et de certaines guitares.

En plus des trois langues mentionnées plus haut, il chante aussi en anglais sur ce disque à sortir dans deux jours. Parmi ces chansons, on peut entendre une reprise de J’ai planté un chêne, de Gilles Vigneault. Cela dit, les influences africaines sont frappantes.

Sur Amadou, par exemple, ILAM chante dans une langue de son pays natal. L’ambiance est lumineuse et les rythmes emballants. Tout accompagne de manière colorée l’histoire de ce personnage qui ne peut marier la femme qu’il aime, puisqu’elle provient d’une autre ethnie. «On doit laisser les gens s’aimer, dit simplement ILAM. On doit enlever les barrières. Bien que ça change, c’est une réalité toujours bien présente en Afrique.»

Parfois, le ton est plus sérieux. Dans le propos du moins. En ouverture d’album, sur Money, ILAM dénonce les choix mercantiles fait par certains au détriment de l’équité et de rapports humains enrichissants.

«J’ai choisi le titre Hope, parce que l’espoir, c’est ce que les humains ont de plus cher, affirme ILAM. On peut tout faire quand il est possible de croire et de rêver.»

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Les paroles des chansons de Hope sont disponibles sur le site internet de l’artiste.

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Mercredi soir, ILAM et ses acolytes offriront un spectacle-lancement au Club Soda, dès 20 h.

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