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Trois clés pour comprendre la visite de Justin Trudeau à Cuba

Trois clés pour comprendre la visite de Justin Trudeau à Cuba

Tout comme son père avant lui, Justin Trudeau pourrait rencontrer Fidel Castro lors de son passage à Cuba. Son nom très connu sur l'île lui permettra-t-il de saisir des occasions d'affaires ou de faire avancer la situation des droits de la personne? Trois enjeux pour comprendre cette visite officielle.

Un texte de Louis Blouin

La relation diplomatique entre le Canada et Cuba est ininterrompue depuis 71 ans. Justin Trudeau voudra montrer que l'amitié est toujours intacte, malgré des hauts et des bas.

1- Solidifier la relation

Les années Harper ont marqué un refroidissement entre le gouvernement canadien et Cuba. En 2012, le Canada et les États-Unis étaient les seuls à s'opposer à la participation de Cuba au sommet des Amériques de 2015.

Le premier ministre conservateur était très critique de la situation des droits de la personne à Cuba, se souvient John Kirk, professeur à l'Université Dalhousie. « Ses commentaires au sommet des Amériques étaient extrêmement négatifs et il a critiqué le gouvernement Castro à plusieurs occasions ».

Selon lui, Justin Trudeau voudra montrer que « le Canada est de retour » avec une approche différente. L'ambassadeur cubain au Canada, Julio Garmendía, espère que cette visite enverra un message au « monde ».

«Nous respectons les valeurs canadiennes et il y a un rapport spécial entre nos citoyens.» –

Julio Garmendia, ambassadeur cubain au Canada

L'intention du gouvernement cubain d'organiser une rencontre entre Justin Trudeau et Fidel Castro symbolise cette amitié particulière. Elle aura lieu si l'état de santé de M. Castro le permet, lui qui est âgé de 90 ans. Un entretien est prévu mardi soir entre le président Raul Castro et le premier ministre du Canada.

2- Saisir le potentiel économique

Les entreprises canadiennes « n'ont pas encore tiré avantage de cette relation privilégiée », croit John Kirk. Le premier ministre Trudeau dit vouloir « stimuler les échanges commerciaux », qui stagnent depuis la dernière décennie.

Le professeur John Kirk affirme que ce potentiel inexploité est attribuable à l'attitude du précédent gouvernement Harper, la lourde bureaucratie cubaine et l'hésitation des entreprises canadiennes en raison de l'embargo américain.

«Le Canada doit chercher une relation gagnant-gagnant avec Cuba.» – Le professeur John Kirk, de l'Université Dalhousie

Les prochains gestes des États-Unis envers Cuba seront déterminants pour Ottawa. Le président désigné Donald Trump a affiché des réserves face au dégel amorcé par Barack Obama et facilité par le Canada.

Si M. Trump freine le réchauffement américano-cubain, John Kirk y voit un « potentiel énorme pour le Canada » et l'occasion de faire preuve d'initiative. Il rappelle qu'après le retrait prévu de Raul Castro en 2018, Cuba va continuer sur la voie de la modernisation et de la réforme économique.

En ce moment, Cuba peut compter sur des investissements canadiens dans le secteur des mines notamment, une forte activité touristique ainsi que de nombreuses ententes en matière d'éducation.

1 milliard $ : commerce bilatéral annuel entre les deux pays (2015)

1,3 million $ : nombre de touristes canadiens qui visitent Cuba chaque année

40 % : du nombre total de touristes sur l'île

3- Et les droits de la personne?

Selon l'organisation Human Rights Watch, le gouvernement cubain continue de réprimer la dissidence et d'avoir recours aux arrestations arbitraires. Pourtant, si on se fie à l'ambassadeur cubain au Canada, il n'y a pas de prisonniers politiques sur l'île. Cela illustre bien le fossé qu'il faut encore franchir.

Citation de l'ambassadeur cubain au Canada, Julio Garmendia

Si Justin Trudeau a promis d'aborder « la gouvernance inclusive » et « l'égalité des sexes », ce n'est pas clair jusqu'où il ira sur les questions des libertés fondamentales.

Il doit rencontrer mercredi des acteurs de la société civile qui oeuvrent notamment en matière de droits de la personne. Il va aussi rencontrer des étudiants sélectionnés par le gouvernement cubain à l'Université de La Havane.

Lors de sa visite en Chine plus tôt cette année, Justin Trudeau a été prudent lorsqu'il a abordé publiquement la question des droits de la personne.

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