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Quand Donald Trump refuse son salaire de président, ce n'est pas du tout un geste innocent

L'argent ne suffit plus à apaiser ce grand narcissique.

Trente-trois mille dollars par mois. Ce salaire de footballeur moyen en Ligue 1, qui est aussi celui du président des États-Unis, Donald Trump n'en veut pas. Le successeur de Barack Obama a effectivement déclaré lors d'un entretien à la chaîne CBS, diffusé le 13 novembre, renoncer à ces 400 000 dollars annuels, conformément à sa promesse de campagne.

En théorie, le message envoyé aux électeurs américains est simple: Donald Trump sera un président désintéressé. Lui, qui a promis de lutter contre la corruption des élites, n'est pas là pour s'enrichir sur le dos du contribuable. Il ne percevra donc que le dollar symbolique auquel l'oblige la loi.

Mais en creusant un peu, on découvre rapidement que ce petit geste en dit long sur la personnalité du nouveau président. Après tout, ce "sacrifice" de 399.999 dollars sera insignifiant pour les finances de son pays. La dette publique des Etats-Unis a dépassé en 2016 les 19 000 milliards de dollars. Au rythme de cette petite économie, il faudrait que la présidence Trump dure 47,5 millions d'années pour effacer l'ardoise...

En revanche, c'est une manière de dire que 400 000 dollars de plus ou de moins n'ont aucune importance à ses yeux. "The Donald" a déjà fait fortune avec Trump Organization. D'après la magazine Forbes, sa richesse personnelle avoisine les 3,7 milliards de dollars.

Un besoin énorme d'être reconnu

"Un salaire sanctionne une compétence, une place dans l'organigramme, un rôle d'exception, explique au HuffPost Philippe Geffroy, coach de dirigeants d'entreprises. Là, c'est une façon de dire que l'on se met au service de la nation, mais c'est aussi nier qu'en démocratie le salaire doit permettre au maximum de gens de se présenter." En effet, on peut dénoncer comme Trump la professionnalisation de la politique. Il n'empêche que le versement d'un salaire aux élus est une grande avancée démocratique. En France, il a fallu attendre 1848 et la réforme du suffrage universel pour que naisse l'indemnité législative. La politique n'est plus la chasse gardée des rentiers.

Mais c'est surtout sur le plan psychologique que la décision de Donald Trump est éloquente. "L'argent est toujours associé à la puissance et au pouvoir. Ce n'est pas que l'argent n'a plus d'importance pour lui, c'est que l'argent ne suffit plus, analyse Thierry Gallois, psychologue et auteur de 'Psychologie de l'argent'. Là, on est dans la quête d'un pouvoir absolu."

Faut-il s'en étonner? D'après notre expert, "cette quête de pouvoir peut-être associée au narcissisme, à un besoin énorme d'être reconnu, par une envie de dépasser les autres, ou quelqu'un en particulier, par esprit de revanche ou pour attirer son regard bienveillant."

On peut y voir l'empreinte de la rivalité qui l'opposait à son père, sujet déjà bien étudié. Héritier de deux générations de talentueux investisseurs dans l'immobilier, Donald Trump s'est distingué par sa réussite dans les affaires, soit pour les surpasser, soit pour se montrer digne d'eux. Dans les deux hypothèses, il aura définitivement réussi son coup le 20 janvier.

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