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«Femme ta gueule»: percutante Mariana Mazza (PHOTOS)

Un spectacle cru, cinglant, sans tabous, effréné et rempli de vérités que seule cette Mariana au front de bœuf peut exprimer.
Paméla Lajeunesse

Le premier one woman show de Mariana Mazza, Femme ta gueule, est en parfaite cohérence avec l’image publique que projette la jeune humoriste : cru, cinglant, sans tabous, effréné et rempli de vérités que seule cette Mariana au front de bœuf peut exprimer. Autodérision et gags en bas de la ceinture filent à toute allure dans ce spectacle d’une heure trente (sans entracte) qui passe en un claquement de doigts, et dont on a pris connaissance mercredi, soir de première montréalaise, au Théâtre St-Denis. Elle y est encore pour trois autres soirs, pour les intéressés.

Ça la dérange un brin lorsqu’on la dit vulgaire – «C’est juste qu’on ne me donne pas d’autres options», justifie-t-elle -, mais Mariana Mazza doit reconnaître que le terme la définit bien.

Si les mots «fellation» et «masturbation» vous rebutent, si les sacres vous dérangent, si vous ne jurez que par le politically correct et si les blagues trash vous hérissent le poil sur les bras, passez votre chemin et trouvez plus gentille tête d’affiche pour vous satisfaire. Son monologue est à ce point salé qu’au bout de 90 minutes, on se dit que la coupe est pleine et que c’est suffisant ; trop, c’est comme pas assez, à un certain moment.

Mariana Mazza en spectacle

Mais, derrière les répliques tournées pour «fesser fort» et celles grivoises gratuitement – il y en a quand même plusieurs - se dissimule un propos féministe essentiel, en ces temps où le mot en fait encore sursauter plusieurs et où les femmes doivent toujours se battre sur de nombreux fronts. C’est probablement pour qu’une Mariana Mazza sans complexes puisse se permettre de monter sur une scène et de gueuler aux gars d’arrêter d’envoyer des photos de leur pénis aux filles qu’une Janette Bertrand s’est investie pour éduquer celles qui la suivraient, il y a une soixantaine d’années. Et la mission est accomplie.

Mitraille sans pause

La prestation de Mariana Mazza est une véritable mitraille sans pause – mais où trouve-t-elle tout ce souffle? – où chaque phrase est couronnée d’une observation ou d’une réflexion «à la Mazza», généralement inattendue et percutante. Les thèmes s’enchaînent sans véritable coupure, Femme ta gueule n’étant en fait qu’un long numéro-fleuve où Mazza se vide le cœur. Elle entre en piste en sautillant comme une boxeuse et, ensuite, «fesse dans le tas». Et la salle réagit très bien.

Elle revient sur le succès de son numéro du «sable dans le vagin», qui l’a révélée au grand public («J’ai écrit ce numéro-là, à la base, pour qu’on arrête de dire cette phrase-là ; maintenant, c’est la phrase que j’entends le plus! »), se moque de son propre nom et de sa voix reconnaissable entre mille («Techniquement, je suis un mâle alpha (…) je suis pas lesbienne, je suis gai»), parle de son taux de testostérone de 9,2 sur 10, «plus élevé que celui d’Éric Lapointe» («Maintenant, quand une fille me raconte une anecdote, je sais médicalement pourquoi je m’en câlisse»), et annonce qu’elle envisage de devenir «obèse fucking morbide» à 75 ans.

Excellente, cette idée de lire à voix haute quelques messages reçus de la part d’hommes sur Facebook. Ces missives sont-elles toutes authentiques? Si oui, c’est décourageant, mais notre Mariana a toujours le mot pour leur fermer le clapet avec élégance et franc-parler.

Son analyse du personnel des boutiques de vêtements (et des «fous furieux» qui ont enlevé les miroirs des cabines d’essayage) est excellente. Celle qui «envagine» les gars («Malgré mon célibat, je fourre constamment») se demande avec justesse pourquoi on associe les couilles au courage. Elle décrit sa mère comme un sacré personnage, laissant ainsi deviner que la pomme ne tombe jamais bien loin de l’arbre, et évoque que les filles menstruées sont comme «des terroristes qui manquent de confiance». Et sa logique se tient!

Ils étaient au spectacle de Mariana Mazza

Une flèche à Mike Ward et Jérémy Gabriel par ci, un hommage déguisé à Yvon Deschamps par là, une explication de sa «fellationphobie» (l’un des instants les plus croustillants… ou grossiers, selon votre point de vue), une comparaison entre la masturbation des hommes versus celle des femmes, un segment d’extase impliquant une douche-téléphone, et Femme ta gueule tire déjà à sa fin.

On pourrait aisément éliminer la portion où Mariana s’adresse aux plus jeunes spectateurs à travers la foule pour les faire rougir avec des questions d’ordre sexuel, certainement le plus faible de l’ensemble. D’ailleurs, les enfants de moins de 13 ans, même les plus assidus de Code F, n’ont pas vraiment leur place dans une représentation de Femme ta gueule.

Et elle a beau se rembrunir lorsqu’on lui demande si son humour dépasse le niveau du «vagin», Mariana Mazza assume sa réputation : le programme de la soirée, si ce n’est des crédits à l’endos, ne cause que de vagin. Chapeau pour l’illusion d’optique laissant croire qu’un sous-marin puisse suggérer l’organe génital féminin. Si vous êtes curieux, vous savez ce qu’il vous reste à faire!

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