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Mariana Mazza: prendre sa place, sans compromis (ENTREVUE)

«Je vais continuer de faire ce que je veux» - Mariana Mazza
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Elle est arrivée dans nos écrans, dans nos radios et sur nos réseaux sociaux comme une tornade qui décoiffe et ne s’en excuse pas. Affirmer que la popularité de Mariana Mazza a explosé, dans les deux dernières années, serait un euphémisme. Alors qu’au printemps 2014, elle entamait une tournée conjointe avec son amie Virginie Fortin, aujourd’hui, la demoiselle de 26 ans roule sa bosse en solo avec son premier spectacle, Femme ta gueule, dont la première montréalaise a lieu ce mercredi.

Déjà, 62 000 billets ont été écoulés, avant même la diffusion des premières critiques. On n’a pas encore applaudi ledit one woman show mais, pour avoir vu Mariana à l’œuvre en première partie de Dominic Paquet, au printemps dernier, on peut d’ores et déjà conclure que Femme ta gueule sera un excellent cru. Le Huffington Post Québec vous en glisse un mot jeudi matin.

Elle est l’une des têtes d’affiche importantes de VRAK avec ses participations à Code F et Med, a tourné dans deux canons du cinéma québécois à sortir l’an prochain, Bon Cop, Bad Cop 2 et De père en flic 2, et fait parler d’elle à peu près chaque fois qu’elle se pointe dans un gala ou publie un statut Facebook. Son franc-parler rafraîchit plus qu’il ne dérange, preuve en est la horde d’admirateurs qui lui sont déjà fidèles. Seulement sur Facebook, ils sont au nombre de 238 429 à l’encourager assidument, et ce, uniquement sur sa page officielle.

Elle déplace de l’air et n’en fait qu’à sa tête, et qui l’aime la suive, répète-t-elle souvent. Et tant pis pour ceux à qui son énergie déplait. Mariana Mazza prend sa place sans demander de permissions et démontre, à elle seule, que l’authenticité s’avère payante lorsqu’elle n’est pas calculée. Bilan d’une jeune carrière en expansion mais, surtout, sans compromis.

Pas une vedette

Premier constat: Mariana Mazza ne se fait pas de bile ou de fantasmes devant sa notoriété grandissante. Il faut dire que de ne jamais avoir emprunté de discours formaté pour figurer en une du 7 Jours ou se faire inviter à Deux filles le matin a créé autour d’elle un engouement des plus simples et naturels, et la principale intéressée n’y a pas vu grand changement.

«Je ne pense pas que je suis devenue une vedette, précise-t-elle. Le mot vedette est une conception. Les gens décident de dire qu’on est des vedettes parce qu’on passe à la télé. Je suis juste devenue connue, et les gens reconnaissent mon nom. C’est la même chose qu’avant; c’est juste que, maintenant, je prends des selfies avec des gens et je suis invitée sur des plateaux de radio et de télé, mais ça ne change rien. Ma vie reste la même. Je dois juste faire un peu plus attention à ce que je dis, et à quel endroit, parce que ça pourrait se retourner contre moi.»

Justement, à cet égard, s’est-elle sentie obligée d’édulcorer son propos, de l’amoindrir sans se censurer, histoire d’éviter les foudres de l’opinion publique pas toujours encline à la «vraie» vérité et au deuxième degré?

«Je ne me suis sentie obligée d’absolument rien, décrète Mariana avec aplomb. Au contraire, je pense que, si j’ai atteint une popularité de façon aussi rapide, c’est parce que je suis restée moi-même et que je ne me suis adaptée à personne. C’est sûr qu’il faut faire attention, c’est sûr que je ne peux pas commencer à donner ma pensée à tout le monde, tout le temps. De un, parce que ça ne regarde personne et je ne suis pas obligée. Et parce que ce n’est pas mon mandat. Ma job, ce n’est pas de donner mon opinion, c’est d’être drôle.»

« Je n’ai pas senti que je me suis downgradée à cause de tout ça, mais c’est certain que je suis plus vigilante dans mes paroles. Parce que des gens peuvent me prendre pour du cash, parce que je suis quand même une influence pour certaines personnes, parce que les médias prennent les mots qu’ils veulent dans ce qu’on dit et font leur couverture avec ça. Je suis rendue un peu plus calme, par rapport à ça.»

Brillante et instruite

La franchise de Mariana Mazza n’est pas qu’une carte de visite ou une couverture pour s’attirer des faveurs. Ce n’est pas une légende urbaine non plus. En mai dernier, au Gala les Olivier, elle nous laissait savoir avec véhémence, dans la salle de presse, qu’elle n’avait pas apprécié l’une de nos publications à son sujet après le Gala Artis tenu quelques semaines plus tôt, en l’occurrence celle-ci. Mais c’est de bonne guerre. Le succès vient aussi avec ses maints côtés de la médaille, et les médias sont eux aussi capables d’encaisser les récriminations lorsque nécessaire.

Es-tu devenue un «personnage» avec le temps?, lui demande-t-on. Un personnage qui a le cran de parler de vagins, par exemple, sur toutes les tribunes et qu’on limite un peu à cet aspect?

«Si tu me poses cette question, c’est parce que, clairement, toi, tu penses ça…», oppose-t-elle à la journaliste qui lui pose la question.

Pas du tout, Mariana. Le rôle d’un journaliste qui interviewe une personnalité en vue est d’en exposer toutes les facettes. Et, quand le Journal de Montréal te consacre un «article» de cette trempe, on est en droit de questionner ton image. On te sait capable de répondre.

«Je sais que beaucoup de médias pensent que je suis la fille qui dit le mot «vagin» et qui parle de choses loufoques, que je ne suis qu’un clown à la télé. Je me considère comme une fille assez brillante, assez instruite. J’ai quand même étudié longtemps, j’ai fait le tour du monde. Je crois être beaucoup plus cultivée qu’une grande majorité de gens qui ne sont qu’allés en Floride. Je ne pense pas que je suis une personne réduite à seulement parler de vagins. Je ne suis pas ce produit. Je sais qu’il y a un poids qui vient avec les mots et, puisque je m’assume, je parle fort et j’assume tout ce que je dis, les gens se plaisent, après, à jouer avec les mots, les phrases. Il y en a qui banalisent ce que je dis, et c’est bien correct mais, en bout de ligne, l’important, c’est que je puisse pratiquer mon métier et être bonne.»

Mariana Mazza poursuit sur son élan de lucidité.

«Quand tu parles fort et que tu es colorée, les gens ne te prennent plus tant au sérieux. Ils pensent que tu veux juste avoir de l’attention. Je pense que je suis plus intelligente que ça. Ce n’est pas parce que tu es discrète et que tu ne parles pas, que tu es plus intelligente. Il faut rester humble et, aux yeux de la plupart des Québécois, l’humilité vient avec un certain calme, un certain équilibre. Que ce soit au Québec, aux États-Unis, ou n’importe où, quelqu’un qui prend de la place doit faire deux fois plus ses preuves parce que, justement, elle prend de la place. Et, quand tu prends de la place, tu dois justifier ta place, et moi, je n’ai pas envie d’entrer dans cette game-là. Je vais continuer de faire ce que je veux, et ceux qui continueront de me vouloir en entrevue et sur leur plateau, tant mieux, et ceux qui ne me veulent plus, ce n’est pas mon problème. Il y en a d’autres, il y en a plein d’autres.»

Dans les trois prochaines années, Mariana Mazza compte mettre la pédale douce sur les activités médiatiques pour se consacrer à son plus grand amour professionnel, la scène. Car c’est le contact avec le public en salle qui la fait vibrer, et non pas les à-côtés comme la télévision et autres dérivés promotionnels.

«On a tourné la troisième saison de Code F, qui va sortir après les Fêtes. Je ne sais pas si ce sera la dernière saison, mais je ne pense pas revenir, parce que je vais être occupée avec ma tournée. Med aussi, la prochaine saison, qui sera diffusée en janvier, ce sera ma dernière. Bon Cop Bad Cop et De père en flic vont prendre l’affiche au printemps.»

«J’ai utilisé ces autres médiums pour me propulser, mais maintenant, c’est fini. Même les entrevues. Je vais slaquer sur beaucoup de choses. L’objectif de tout ça, de toutes ces entrevues et ces statuts Facebook, c’était d’avoir un spectacle que les gens voudraient voir. Aujourd’hui, c’est en train de se faire, je n’ai plus besoin de rien d’autre autour», avance une Mariana Mazza convaincue.

Femme ta gueule, de Mariana Mazza, au Théâtre St-Denis, du 9 au 12 novembre, puis à Québec, à la Salle Albert-Rousseau, du 15 au 17 novembre. Site web officiel pour informations.

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