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Les grands électeurs américains vont-ils valider le résultat de l'élection et nommer Donald Trump président ?

Les grands électeurs américains vont-ils valider le résultat et nommer Trump président?

Le résultat de l'élection présidentielle américaine est tombé comme un incroyable coup de tonnerre. Le prochain président des États-Unis sera Donald Trump, un plébiscite des électeurs qu'aucun sondage ou presque n'avait vu venir.

Enfin, il serait plus convenable de dire que le prochain président "devrait être" Donald Trump. En effet, à l'inverse de la présidentielle française, l'élection américaine n'est pas un suffrage direct. Par leur vote, les citoyens ont simplement indiqué, pour chacun des 50 États, quels grands électeurs vont pouvoir choisir le futur président.

Ces représentants du peuple nommés par les partis démocrates et républicains , au nombre de 538, composent le collège électoral américain. Quand Donald Trump remporte un État, cela veut dire que ce sont les grands électeurs républicains de cet État qui auront le droit de voter.

Mais ceux-ci ne sont pas tous obligés légalement de voter pour leur candidat. Ils peuvent choisir de s'abstenir, voire de mettre dans l'urne le nom d'un autre prétendant à la fonction suprême. Ils deviennent alors des "électeurs sans foi". Au vu du désamour entre les cadres du parti républicain et Donald Trump, peut-on imaginer que les grands électeurs lui fassent défaut?

Des précédents, mais peu nombreux

Cela est possible dans plusieurs États, mais pas dans tous. "Dans 23 États, les grands électeurs sont obligés de voter pour le candidat naturel", précise au HuffPost Pierre Guerlain, professeur de civilisation américaine. Dans les autres par contre, ils ont le choix.

Qu'un grand électeur se détourne de son candidat naturel, c'est déjà arrivé. 157 fois en 240 ans, précise l'ONG Fairvote. Mais dans 71 cas, c'est parce que le candidat désigné à l'origine est mort entre temps.

Et pour les 83 restants? Trois d'entre eux se sont abstenus et 82 ont voté pour un autre candidat. Mais attention, cela a eu lieu sur 57 élections présidentielles. Et sur les cent dernières années, il n'y a jamais eu plus d'un électeur sans foi par élection.

Quid cette année? Comme le rappelle le Washington Post, un des grands électeurs républicains de Géorgie, Baoky Vu, avait annoncé en août dernier qu'il ne voterait pas pour Trump. Le Time précise que le républicain Chris Suprun avait menacé, toujours en août, de ne pas voter pour Donald Trump. Chose qu'il a finalement démentie au quotidien britannique.

Une victoire trop large

Certes, les grands électeurs peuvent changer d'avis au dernier moment, soit le 19 décembre, au moment du vote à bulletin fermé. "Mais cela n'est pas dans leur intérêt de faire des vagues, ils vont plutôt se raccrocher aux branches", estime Pierre Guerlain.

Surtout, le résultat de l'élection n'est pas serré. A l'heure où nous écrivons ces lignes, Donald Trump a déjà 279 voix sur les 270 nécessaires. Il faudrait donc qu'au moins 10 grands électeurs changent leur vote. Et même dans un scénario improbable, le Washington Post rappelle que les électeurs sans foi ne franchissent quasiment jamais le Rubicon en votant pour le candidat de l'autre parti. Souvent, ils votent pour un autre membre de leur propre parti ou pour un candidat non-aligné. Auquel cas, il n'y aurait pas de président avec une majorité assurée.

Et même si d'aventure une telle chose avait lieu, cela ne veut pas dire que Trump ne serait pas élu. En effet, la seule fois où ces électeurs sans foi eurent un impact, ce fut en 1836. 23 électeurs de Virginie refusèrent de soutenir le vice-président Richard Johnson car... celui-ci était accusé de vivre avec une Afro-Américaine.

Mais, même alors, Richard Johnson fut tout de même élu. Quand aucun vice-président n'obtient la majorité des grands électeurs, c'est au Sénat de le choisir. Pour le président, c'est la Chambre des représentants qui prend la décision. Et celle-ci est largement contrôlée par les Républicains.

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