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Comment Donald Trump a bâti sa victoire sur la débâcle de l'industrie automobile américaine

Comment Donald Trump a bâti sa victoire sur la débâcle de l'industrie automobile américaine

Impopularité d'Hillary, partisans désabusés de Bernie Sanders, tentation du bras d'honneur... Du très classique à l'exception d'un calcul serré sur l'apport électoral du Midwest américain, le "Brexit de la Ceinture de rouille".

«En 2012, Mitt Romney a perdu l'élection présidentielle par une marge de 64 voix du Collège électoral. Or, la personne qui remportera le scrutin populaire au Michigan, en Ohio, en Pennsylvanie et au Wisconsin récoltera exactement 64 voix. Outre les États traditionnellement républicains, qui s'étendent de l'Idaho à la Géorgie, tout ce dont Trump aura besoin pour se hisser au sommet ce sont les quatre États du Rust Belt.»

Bingo! Quatre mois plus tard, Ohio, Pennsylvanie, Wisconsin, et très certainement le Michigan, sont tous passés du bleu démocrate au rouge républicain, apportant 64 grands électeurs à Donald Trump. Les ouvriers de la "rust belt" ont tourné le dos à la gauche.

Ce n'est pas un hasard s'il est l'un des rares à avoir vu juste: Michael Moore est un enfant du Michigan. Il avait consacré en 1989 le documentaire "Roger et moi" à la fermeture des usines General Motors de sa ville de Flint.

"L'industrie automobile dans le Nord, c'est fini"

Le mouvement de désindustrialisation s'est poursuivi dans les années 90, avant d'atteindre son point d'orgue après la crise des subprimes. En 2009, l'impensable devient possible, les "Big Three", General Motors, Chrysler et Ford, sont au bord de la faillite.

"Sans l'intervention d'Obama, elles mettaient la clé sous la porte, explique au HuffPost Elie Cohen, directeur de recherche au CNRS, spécialiste du secteur automobile. Il a permis la restructuration du secteur, mais avec beaucoup de fermetures d'usines, de suppressions de marques."

Aujourd'hui, le "Big Three" est reparti de l'avant, non sans y laisser des plumes. Dans le classement des 500 plus grandes entreprises au monde de Forbes, General Motors est passé de la 6e à la 43e place entre 2009 et 2015, Ford de la 7e à la 40e. Les investisseurs japonais, italiens et allemands sont de retour, mais dans le sud des Etats-Unis. "L'industrie automobile dans le Nord, c'est fini", conclut Elie Cohen.

Tout cela, Donald Trump s'est bien gardé de le dire aux ouvriers au chômage de la "rust belt". Depuis 2000, les Etats-Unis ont perdu environ 5 millions d'emplois dans l'industrie manufacturière.

En 2013, la faillite de Detroit traumatise un peu plus la région. La population de "Motor City" a chuté de 29% depuis le passage à l'an 2000. La municipalité n'est plus en mesure d'assurer l'éclairage public partout, le taux de criminalité est au plus haut depuis 40 ans...

Le nouveau président des Etats-Unis y a donc vu l'opportunité de se démarquer de ses rivaux républicains, puis de sa rivale démocrate, en promettant de "ramener des emplois".

"Nous ne produisons plus rien. Les produits arrivent en masse de Chine, du Vietnam et du reste du monde", a-t-il martelé. Pendant la campagne, il n'a cessé de dénoncer l'impact, des accords de libre-échange avec le Mexique et le Canada.

«Ce discours a plu aux électeurs de la classe ouvrière»

Sa principale cible reste toutefois le partenariat transpacifique (TPP) signé en 2015 entre les Etats-Unis et 11 pays de la région Asie-Pacifique et en attente de ratification.

Cet élan protectionniste lui a coûté le soutien de puissants groupes patronaux traditionnellement acquis au camp républicain, telle que l'US Chamber of Commerce qui prédisait récemment un "affaiblissement" économique s'il arrivait à la Maison Blanche. Mais il lui a rapporté l'essentiel, selon le réalisateur Michael Moore.

«Durant la primaire du Michigan, Trump a posé devant une usine de Ford et menacé d'imposer un tarif douanier de 35 % sur toutes les voitures fabriquées au Mexique dans le cas où Ford y déménagerait ses activités. Ce discours a plu aux électeurs de la classe ouvrière. Et lorsque Trump a menacé de contraindre Apple à fabriquer ses iPhone aux États-Unis plutôt qu'en Chine, leur cœur a basculé et Trump a remporté une victoire qui aurait dû échoir au gouverneur de l'Ohio John Kasich.»

Voir aussi:

Trump: les unes de son élection

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