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Le message de cet Allemand aux électeurs américains a pris des proportions monstres, il s'explique

Le message de cet Allemand aux électeurs américains a pris des proportions monstres, il s'explique

C'est l'histoire d'un message devenu viral en quelques heures sur les réseaux sociaux, comme Internet en connaît de plus en plus. Mais cette lettre ouverte d'un Allemand aux Américains, postée sur Twitter vendredi 4 novembre, à quatre jours d'une élection présidentielle américaine à l'issue particulièrement incertaine, a trouvé un écho impressionnant.

"Chers Américains, allez-y, votez pour l'homme qui parle fort, qui déteste les minorités, menace d'emprisonner ses opposants, se fout complètement de la démocratie, et prétend qu'il peut régler tous les problèmes tout seul. Que pourrait-il arriver de mauvais?", écrit l'internaute signant au nom du "peuple allemand". "Bonne chance", finit-il, avant d'ajouter le hashtag "#beentheredonethat", que l'on pourrait traduire par "on connaît ça, on est passé par là".

En quelques heures, son message a été relayé des centaines de fois sur Twitter, suscitant de nombreuses réactions, positives comme négatives, et poussant son auteur à publier un nouveau message d'explication.

"Je ne peux évidemment pas parler au nom de toute la population allemande, écrit-il notamment. J'ai utilisé cette signature comme une emphase pour dramatiser mon propos (...). À partir de ce que j'entends de mes amis et de ma famille en Allemagne, ce que je lis sur les sites d'information allemands et sur les réseaux sociaux, beaucoup d'Allemands sont simplement morts de trouille à l'idée qu'un flagrant démagogue et menteur absolu peut réunir tant de personnes derrière lui".

L'internaute revient aussi sur la comparaison entre Donald Trump et Adolf Hitler sous-entendue par son hashtag: "Oui, cela me rappelle quelque chose qui est arrivé ici", estime-t-il. "À chaque fois que je quittais l'Allemagne, on me demandait souvent comment le peuple allemand a pu être séduit par Hitler dans les années 30 et 40. 'Comment ton peuple a-t-il pu ne pas se douter?', me demandent-ils. On ne m'a pas posé cette question depuis quelques temps".

Quart d'heure de gloire et menaces de mort

L'internaute à l'origine du message, un Allemand de 44 ans vivant à San Diego, en Californie, a accordé une interview à nos confrères du Huffington Post en Grande-Bretagne.

L'homme, qui tweete sous le pseudonyme de Johan Franklin -inspiré du nom de Benjamin Franklin, l'un des Pères fondateurs des États-Unis- et dit être informaticien, dit avoir été flatté de voir son message retweeté par J.K. Rowling à ses 8,5 millions de followers, malgré les menaces de mort reçues de la part de soutiens du candidat républicain. Il se réjouit de son "quart d'heure de gloire". "Andy Warhol n'a jamais parlé de menaces de mort par contre", s'amuse-t-il.

L'homme raconte avoir écrit son message poussé par un sentiment de "frustration" de "voir des gens avec lesquels j'avais d'excellents rapports devenir des soutiens de Trump sans aucune capacité de dialogue civilisé". "Cela m'a fait me demander si 30.000 emails supprimés sur un serveur non-gouvernemental sont vraiment pires que de fanfaronner sur les agressions sexuelles et insulter tout et tout le monde, en gros", confie-t-il.

L'informaticien explique encore sa comparaison en évoquant la "culpabilité collective" du peuple allemand vis-à-vis des années Hitler. "Cette situation m'a rappelé toutes les fois où j'ai dû défendre la réaction de mon pays par rapport à ce qui s'y est passé entre 1933 et 1945", dit-il, confiant s'être senti "physiquement malade" à l'idée que Donald Trump puisse entrer à la Maison blanche.

"Ma famille ne le sait pas encore"

Johan Franklin, qui vit à San Diego depuis 2014 mais a toujours une maison à Hambourg, affirme ne pas faire partie de l'équipe de campagne d'Hillary Clinton. "Ce qui m'a le plus fait peur, c'est que toute cette histoire tourne mal et soit instrumentalisée par les soutiens de Donald Trump", explique l'internaute au HuffPost en Grande-Bretagne.

Sa famille et ses amis ne sont pas au courant de sa nouvelle notoriété. "C'est la chose marrante: ils ne savent pas. Enfin, ma famille ne le sait pas encore. Certains amis le savent. L'un d'eux m'a transféré mon premier texte en m'écrivant: 'c'était toi, avoue'", raconte Johan Franklin. Il assure que certains soutiens de Donald Trump connaissent déjà sa véritable identité et ont trouvé son adresse mail, à laquelle ils ont adressé leurs menaces de mort. "Je ne sais pas comment ils ont fait, confie-t-il. C'est pour ça que je ne me pavane pas en racontant mon quart d'heure de gloire sur Internet à ma famille".

Johan Franklin n'est en tout cas pas près de s'arrêter de commenter l'actualité politique américaine. "Je suis choqué et triste qu'Adele n'ait pas reçu de pris aux MTV Europe Music Award. La cérémonie était clairement truquée", a-t-il commenté lundi sur Twitter, en référence aux accusations à répétition de Donald Trump sur un "trucage" de l'élection américaine.

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