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«Tout le monde en parle» : les journalistes épiés font front commun

«Tout le monde en parle» : les journalistes épiés font front commun

Patrick Lagacé (La Presse), Félix Séguin (TVA Nouvelles/Journal de Montréal), Monic Néron (98,5) et Marie-Maude Denis (Radio-Canada) ont fait front commun, dimanche, sur le plateau de Tout le monde en parle, pour dénoncer les pratiques du Service de police de la ville de Montréal (SPVM) et de la Sûreté du Québec (SQ), qui ont épié leurs conversations et leurs allées et venues, dans les derniers mois et les dernières années, dans le but d’identifier leurs sources au sein des corps policiers.

«Des fois, je fais des enquêtes, des fois je sors des scoops, et j’en ai sorti sur la police. Ils voulaient savoir à qui je parle», a résumé Patrick Lagacé, qui a été le premier à apprendre que le SPVM le surveillait.

«J’ai été fâché comme journaliste, d’abord. Je pensais que la police ne faisait pas ça au Canada. On entendait des histoires (…), mais je me disais que les juges n’allaient pas permettre ça. Ce que j’ai vu, dans mon cas et dans le cas de mes collègues, c’est que les juges ne sont pas ce rempart-là contre l’imagination et l’abus des policiers», a poursuivi Lagacé, qui qualifie toute cette affaire de «House of Cards qui rencontre Game Of Thrones», et qui a évoqué le scandale des commandites et la personne surnommée «Ma Chouette», qui en avait secrètement révélé les secrets au journaliste Daniel Leblanc, pour illustrer l’importance des sources pour les chroniqueurs et reporters judiciaires.

«Ça reste une entrave très grave à mon boulot, à mon job», a entre autres renchéri Félix Séguin.

En détaillant sa propre situation, Marie-Maude Denis a précisé que, comme elle, son conjoint, le journaliste Éric Thibault, du Journal de Montréal, a aussi été placé sous écoute par la Sûreté du Québec, et ce, même s’il n’a publié qu’un seul article sur la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ). C’est à l’égard de ce dossier précis que la SQ suivait à la trace Marie-Maude Denis et ses collègues Alain Gravel et Isabelle Richer, de Radio-Canada.

«Ça ne prend pas un détective pour savoir que c’est juste parce que c’est mon chum qu’il a fait partie de cette liste de journalistes espionnés. Je pense que si notre fils de trois ans avait eu un cellulaire, il aurait aussi été espionné…», s’est insurgé Marie-Maude Denis, qui a qualifié ces révélations de «douche froide» pour les sources journalistiques.

«On semble mettre plus d’énergie à trouver qui parle aux journalistes qu’à courir après les criminels», a déploré Monic Néron. Celle-ci s’est toutefois réjouie que les sources soient encore prêtes à parler aux journalistes, malgré la rude dernière semaine connue dans l’actualité.

«À court terme, ça ne semble pas avoir refroidi les policiers de nous parler. Certains sont en colère, trouvent ça honteux et nous en font part», a-t-elle noté.

«Ces crisses-là, en plus de nous espionner, ils font circuler des affaires qui sont fausses», a sifflé Patrick Lagacé en fin d’entrevue.

Coderre patine

Arrivé après le groupe de journalistes à la table, le maire Denis Coderre a patiné et enfilé plusieurs paires de gants blancs pour marteler qu’il croit au respect des sources journalistiques, qu’il «faut protéger la liberté de presse et les sources», sans toutefois condamner le directeur du SPVM, Philippe Pichet, promettant qu’un processus de vérifications sera enclenché. L’homme politique se dit contre «les exécutions sommaires» et le lynchage public.

En ce qui le concerne lui-même, Denis Coderre affirme qu’il ne se «mêle pas des opérations policières, à tous les niveaux». «Mon rôle est de définir des orientations», a-t-il soutenu, reconnaissant quand même qu’il y a «une proximité entre la police et le maire de Montréal».

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