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Patrick Lagacé espionné par le SPVM : la FPJQ demande une enquête publique

La Fédération interpelle le ministre Coiteux sur la surveillance policière des journalistes.

La Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) demande au ministre de la Sécurité publique, Martin Coiteux, de lancer une enquête publique sur les mandats de surveillance des journalistes.

La FPJQ, qui représente environ 2000 journalistes au Québec, s’est dite « révoltée » d’apprendre que le téléphone cellulaire du journaliste de La Presse Patrick Lagacé avait été surveillé par le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) pendant six mois.

Elle craint que ce nouveau cas d’entrave policière crée un « climat d’intimidation » qui dissuadera les lanceurs d’alerte de contacter les journalistes, de peur d’être exposés au grand jour.

« Or, lorsque les gens ont peur de parler aux médias, les scandales restent cachés, la corruption se propage, et les citoyens sont maintenus dans la noirceur. Il est dans l’intérêt du public de protéger la liberté fondamentale qu’est la liberté de presse », a réagi la FPJQ dans un communiqué de presse, lundi après-midi.

La Fédération demande également à la ministre de la Justice, Stéphanie Vallée, de « manifester publiquement son inquiétude » à propos de ces cas de surveillance et de « rappeler l’importance de protéger le travail journalistique ».

« « Face à de telles attaques à notre démocratie, le gouvernement ne peut plus se fermer les yeux. Combien de journalistes sont actuellement espionnés par la police au Québec ? Le public a le droit de le savoir, parce qu’au final, c’est lui qui sort perdant de cette affaire. »

Par le fait même, la FPJQ demande au SPVM de cesser immédiatement les manœuvres de surveillance des journalistes et lui fournir une liste de toutes les demandes d’interceptions de communications des journalistes passées et en cours.

« Dans notre société démocratique, les journalistes ne sont pas des auxiliaires des enquêtes policières », conclut la FPJQ.

Coiteux reste prudent

Le ministre Coiteux a déclaré aux journalistes, plus tôt en journée, qu’il avait entamé des vérifications auprès des corps policiers concernés pour s’assurer que les mandats ont été dûment respectés. Mais il n’a pas l’intention d’aller beaucoup plus loin.

« Le gouvernement n’a pas à s’immiscer dans les enquêtes policières, a-t-il dit. Le gouvernement a simplement à s’assurer que les processus normaux habituels acceptables dans une société comme la nôtre soient en place. »

Il s’est cependant dit préoccupé par la situation et a réitéré que « la séparation entre le politique, le policier, le judiciaire et la presse » est importante pour s’assurer une liberté de presse.

« Écoutez, la démocratie repose sur des choses qui sont fragiles et des choses qui sont très importantes. L’indépendance de la presse, la capacité de la presse de faire son travail, de révéler toutes les choses qui ont à être révélées pour notre démocratie, c’est très important », a-t-il expliqué.

La ministre des Relations internationales, Christine St-Pierre, qui est une ex-journaliste, a elle aussi qualifié ces révélations de préoccupantes. Elle ne croit pas, toutefois, que le gouvernement devrait légiférer sur le sujet.

Avec des informations de Patrick Bellerose.

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