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Le Canada deviendra une « plaque tournante » économique incontournable dès l’entrée en vigueur de l'accord de libre-échange entre le Canada et l'Union européenne, selon l'ancien premier ministre.

OTTAWA – Alors que le spectre de l’isolationnisme s’abat sur les États-Unis, le Canada deviendra une « plaque tournante » économique incontournable dès l’entrée en vigueur de l'Accord économique commercial et global (AECG) entre le Canada et l'Union européenne, selon Jean Charest.

« Avec le vent de populisme que nous connaissons actuellement, je pense que c’est rare de pouvoir faire des projets qui, dans le temps, exigent un effort aussi soutenu sur 10 ans et pouvoir le compléter en soi. Je suis très fier de ça », a-t-il soutenu lors d’une entrevue téléphonique.

L’ancien premier ministre du Québec, qui a été l’instigateur principal de l’accord, se dit « très heureux » de voir le premier ministre canadien Justin Trudeau apposer sa signature à l’entente, quelques jours après l’annulation du sommet à Bruxelles qui était prévu jeudi.

La région belge francophone de la Wallonie a finalement donné son approbation au projet, vendredi, après avoir donné des sueurs froides au Canada et aux autres pays européens.

Mais il reste encore plusieurs étapes avant que l’accord soit officiellement en vigueur.

Une fois l’entente de libre-échange signée, elle devra être ratifié par un vote au Parlement européen, prévu en janvier 2017. Les 38 Parlements régionaux et nationaux des États membres en Europe devront par la suite l’approuver.

« La régression américaine sur le commerce, l’isolationnisme américain, ça rend l’accord encore plus important. On devient, en quelque sorte, une plaque tournante. »

— Jean Charest

L’AECG entre le Canada et l’Union européenne réduit non seulement les frais de douane, mais il renforcera la coopération en termes de normalisation et de régulation.

Déjà, Jean Charest prévoit que cet accord va « changer la position canadienne sur le plan commercial dans le monde » et « transformer notre économie ».

« C’est vraiment un accord de nouvelle génération, fait-il valoir. Ça touche à la question des droits des travailleurs, de l’environnement, de la recherche, de la main d’œuvre. Ce serait vraiment le nouveau standard des ententes pour l’avenir. »

Le protectionnisme des É-U nuit au Canada

Mais des ententes commerciales de cette envergure semblent être de moins en moins plausibles, dans un contexte où le protectionnisme a la cote aux États-Unis, avec l’avènement de Donald Trump sur la scène politique, et en Europe, où le Brexit fait des vagues.

« Quand les négociations ont débuté, en 2008, on ne pensait pas qu’on allait vivre tout ce que nous vivons aujourd’hui. La régression américaine sur le commerce, l’isolationnisme américain, ça rend l’accord encore plus important. On devient, en quelque sorte, une plaque tournante [entre l’Europe et l’Amérique du Nord] », explique l’ancien premier ministre.

Le candidat républicain à la présidentielle mène une bataille sans merci contre les accords de libre-échange, qu’il accuse d’être mauvais pour l’économie et de délocaliser des emplois à l’étranger.

Même sa rivale démocrate, Hillary Clinton, a changé son fusil d’épaule sur le Partenariat transpacifique (PTP), dû aux pressions exercées par l’aile plus à gauche de son parti qui soutenaient Bernie Sanders lors de l’investiture.

Selon Jean Charest, qui entrevoit déjà l’échec du PTP, il faut « absolument » que le Canada et le Québec diversifient ses accords commerciaux en Asie pour éviter d’être « trop dépendants du marché américain ».

« Je suis peut-être très pessimiste, parce que je ne vois pas, dans le contexte politique actuel des États-Unis, entre Mme Clinton et M. Trump, de voie de passage. Et si c’est le cas, le Canada doit préparer un plan B [avec l’Asie] dès maintenant. »

L’ancien gouvernement conservateur avait entamé des négociations pour un accord de libre-échange avec l’Inde. Plus récemment, le Canada et la Chine se sont entendus pour procéder à une étude de faisabilité pour conclure un accord commercial.

Lors d’une visite du premier ministre chinois à Ottawa, Justin Trudeau a également annoncé que les deux pays tenteraient de doubler leurs échanges bilatéraux d’ici 2025.

Le Canada a bien fait de quitter la table de négos

Le vent a commencé à tourner en faveur de l’AECG après que la ministre du Commerce international, Chrystia Freeland, ait quitté la table des négociations devant le refus obstiné de la Wallonie d’accepter l’accord.

« Le Canada est déçu et moi personnellement je suis décue, mais je pense que c’est impossible, nous retournons à la maison. Au moins je pourrai revoir mes trois enfants demain à la maison », avait-elle déclaré le 21 octobre dernier.

Elle disait qu’il semblait « évident » que l’Union européenne ne serait pas capable d’atteindre un accord international « même avec un pays si gentil et avec beaucoup de patience comme le Canada ».

Selon Jean Charest, la ministre Freeland a bien fait de claquer la porte. « Rendu là où nous étions, ça ne nous donnait plus rien de rester à la table et à continuer d’offrir et d’offrir des solutions, alors que c’était aux Belges à parler entre eux », dit-il.

Il pense que ce geste du Canada a « forcé » l’Union européenne à se mêler du problème et à régler sa mésentente pour ne pas mettre son avenir en péril.

« Parce que la question, au lendemain du Brexit, sur l’avenir de l’Union européenne était posée. Est-ce que l’UE fonctionne encore? Est-elle capable de fonctionner adéquatement? »

« Heureusement qu’ils ont trouvé une réponse, parce qu’ils ont, en quelque sorte, répondu à leur propre question. »

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