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Québec et Montréal réitèrent leur confiance envers le Centre de prévention de la radicalisation

Québec et Montréal réitèrent leur confiance envers le Centre de prévention de la radicalisation

Le gouvernement du Québec et la Ville de Montréal réitèrent leur confiance au Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence (CPRMV), malgré les doutes portant sur la confidentialité des renseignements qui y sont recueillis.

Dans un reportage diffusé jeudi à Radio-Canada, d'anciens employés ont affirmé que le directeur du centre, Herman Okomba-Deparice, les a incités à contrevenir à leur code de déontologie, en partageant des renseignements confidentiels obtenus auprès de personnes supposément radicalisées.

Le ministre québécois de la Sécurité publique, Martin Coiteux, soutient néanmoins qu'il « n'a pas de raison de croire que ce centre-là ne fait pas une œuvre extrêmement utile dans le moment et qui est reconnue ».

Nous, on soutient financièrement le centre, et on va continuer de travailler avec le centre, et on va continuer de s'assurer que ça répond aux besoins de notre stratégie de prévention de la radicalisation.

Martin Coiteux

« Ce n'est pas un centre de délation, c'est un centre qui permet d'appeler pour soulever un certain nombre de problématiques et recevoir de l'assistance », a-t-il affirmé, après avoir évoqué des « éléments contradictoires » dans le reportage.

Selon le ministre, « des protocoles sont en place » s'il faut informer les services policiers.

M. Coiteux dit ne pas avoir l'intention d'appeler M. Okomba-Deparice pour effectuer un suivi. Bien qu'il reçoive du financement de Québec, le CPRMV est un « organisme indépendant », dit-il, et son approche est « extrêmement utile ».

Le maire de Montréal, Denis Coderre, livre essentiellement le même message. Il assure que le CPRMV « n'est pas une institution policière », et que la confidentialité des renseignements qui sont recueillis est respectée.

« Faudrait pas dire que c'est un outil de délation et que c'est juste une fenêtre pour envoyer ça aux forces policières, ce n'est pas exact », a-t-il déclaré, avant de réitérer qu'il a « pleinement confiance » dans son travail.

Des informations troublantes pour l'Ordre des psychologues

En entrevue à RDI, la présidente de l'Ordre des psychologues du Québec, Christine Grou, a commenté les propos du psychologue Jacques Caron, qui soutenait que l'organisation agissait davantage comme un « centre de délation » lorsqu'il y a travaillé pendant près d'un mois, après sa mise sur pied.

M. Caron soutenait que le directeur du centre lui a demandé de partager toutes les informations qu'il recueillait, et ce, sans lui dire comment ces informations seraient utilisées, ce qui contrevient à son code déontologie.

« Les propos sont troublants, et c'est à considérer avec sérieux », a commenté Mme Grou.

Selon elle, un psychologue ne peut être relevé de ce secret professionnel que si son client y consent ou lorsque la loi l'oblige à le faire, dans des circonstances bien précises. « Il faut qu'il y ait un danger grave, et un danger imminent, soit pour la personne elle-même, soit pour un groupe de personnes ou d'autres personnes avec qui elle pourrait être en contact », dit-elle.

Mme Grou affirme en outre que l'information dénoncée doit être « nécessaire ».

Dans un contexte clinique, indique-t-elle, il est possible que des informations soient consignées dans un dossier central. Le bénéficiaire en est cependant informé par les professionnels concernés et signe un consentement à ce sujet. Seuls les cliniciens qui lui viennent en aide peuvent en outre le consulter.

Un choc pour le Congrès maghrébin du Québec

Le coordonnateur et cofondateur du Congrès maghrébin du Québec, Lamine Foura, se dit « choqué » par le reportage. « La question de la prévention de la radicalisation, c'est un sujet très sensible, qui nécessite deux éléments : la confiance et la transparence », a-t-il commenté.

Il estime en outre que Québec et Montréal « doivent prendre leurs responsabilités », et que les responsables doivent être démis de leur fonction si les faits s'avèrent.

Si les autorités restent les bras croisés, ajoute-t-il, il s'agira d'une « trahison de l'engagement qui a été fait à plusieurs membres de la communauté musulmane en particulier, [...] une trahison d'un engagement vis-à-vis des gens qui ont cru que la prévention est le meilleur moyen pour faire face à ce phénomène. »

Voir aussi:

Le sympathisant de l'État islamique Aaron Driver tué à Strathroy

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