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Étude du Conseil du statut de la femme: les femmes radicalisées ne sont pas soumises (VIDÉO)

Étude: Radicalisées, mais insoumises (VIDÉO)

QUÉBEC – Contrairement aux idées reçues, les femmes radicalisées qui souhaitent rejoindre la Syrie ne sont pas soumises aux hommes responsables de leur endoctrinement.

C’est ce qui ressort d’une étude menée par le Conseil du statut de la femme et le Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence (CPRMV). Le rapport a été commandé par le gouvernement Couillard dans le cadre de son plan d’action contre la radicalisation.

L’étude est basée sur une douzaine d’entrevues avec des jeunes femmes qui ont soit envisagé, soit tenté de se rendre en Syrie, ainsi que des membres de leur entourage.

Bien qu’il n’existe pas de profil type, les jeunes femmes radicalisées ne sont pas désœuvrées, insistent les chercheurs. Au contraire, elles sont souvent scolarisées et bien intégrées à la société québécoise.

«La recherche démontre que ces jeunes filles ne sont pas manipulées, encore moins naïves», a expliqué le directeur du CPRMV, Herman Deparice-Okomba, lors d’une conférence de presse jeudi.

La directrice de la recherche et de l’analyse du Conseil du statut de la femme ajoute que celles-ci sont «souvent dépeintes de manière stéréotypée dans les médias». «Elles sont présentées comme étant entraînées malgré elles, subjuguées par des agents de radicalisation, bref, comme incapables de décisions rationnelles ou instables psychologiquement», souligne Hélène Charron.

Selon l’étude, ce sont plutôt une série de facteurs qui expliquent leur radicalisation, dont la quête de sens, des épisodes de vie traumatiques et le questionnement identitaire propre aux jeunes adultes.

Les chercheurs soulignent également que la double identité culturelle, notamment chez les immigrants de deuxième génération, peut devenir un facteur de vulnérabilité. «Ces jeunes filles ressentent que leur identité musulmane, culturelle, n’est pas toujours la bienvenue ici, dit Hélène Charron. Et que c’est complexe de se construire une identité de femme au Québec avec les modèles qui leur sont proposés.»

Le rapport note toutefois une différence majeure entre les hommes et les femmes radicalisés. «Les femmes qui s’engagent dans un processus de radicalisation menant à la violence le font d’abord sur une base d’un projet qui est différent, notamment la dimension humanitaire, la dimension de s’inscrire dans une nouvelle société ailleurs et moins dans un projet guerrier», note Hélène Charron.

La propagande qui leur est destinée met d’ailleurs l’accent sur «l’idéal maternel, conjugal et religieux que les femmes pourront construire là-bas», ajoute la chercheuse.

À micro fermé, Herman Deparice-Okomba a expliqué que «moins de dix» agents de radicalisation au Québec ont été identifiés au cours des entrevues avec les jeunes femmes. Toutefois, les chercheurs insistent surtout sur l’effet de groupe. «L’entraînement se fait vraiment collectivement, ensemble, et c’est peut-être ça qu’il faut retenir, davantage que de tenter d’identifier des individus en particulier», dit Hélène Charron.

Pour le gouvernement Couillard, cette étude permettra de «valider certains choix» dans la mise en œuvre de son plan de lutte à la radicalisation. Un comité doit maintenant étudier le dossier pour proposer des mesures. «Vous comprendrez que, pour nous, il est un peu trop tôt de faire l’adéquation entre qu’est-ce qu’on va faire exactement, sinon que de vous dire que nous prenons acte du rapport qui nous est remis aujourd’hui», dit la vice-première ministre, Lise Thériault.

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