En Russie, la campagne électorale américaine est suivie avec beaucoup d'intérêt. L'issue du vote en inquiète plusieurs. Hillary Clinton a souvent eu des paroles très dures envers Vladimir Poutine et ses politiques, mais Donald Trump semble vouloir rétablir les ponts avec le président russe.
Un texte de Raymond Saint-Pierre
Dimitri Kiselev anime chaque semaine une émission de deux heures à la télévision d'État, qui rejoint 90 % de la population russe. Il est décrit dans un rapport de l'Union européenne comme le propagandiste en chef de l'État russe.
Il explique, par exemple, pourquoi Donald Trump a raison de dire que les élections américaines sont truquées et pourquoi il doit en contester les résultats.
L'animateur russe Dimitri Kiselev PHOTO : RADIO-CANADA/ALEX SERGEEV
« Est-ce ça, la vraie démocratie? » demande-t-il. « Trump, en parlant d'élections truquées, pensait d'abord à tous les médias de masse américains qui se sont transformés en machines à détruire tout ce qui est en faveur de Trump », affirme l'animateur. M. Kiselev accuse la presse américaine d'être à la solde d'Hillary Clinton.
Il compare même Donald Trump à Mark Twain qui, en 1870, avait voulu devenir gouverneur de l'État de New York, mais avait dû abandonner la course après une campagne de salissage des médias.
Des appuis pour Trump en Russie
Dans les sondages, Donald Trump est de loin le préféré des Russes. Plusieurs personnes rencontrées près de la place Rouge en témoignent.
Une dame dit qu'elle appuie M. Trump, parce que tout le monde tente de s'en débarrasser, mais qu'il continue de se battre. « Peut-être qu'il va finir par gagner », dit-elle.
Un Russe qui suit visiblement de près la campagne dit appuyer, lui aussi, Donald Trump, parce que les démocrates donnent trop de libertés aux latinos et immigrés illégaux. « Trump va remettre de l'ordre là-dedans », dit-il.
La place Rouge à Moscou, en Russie PHOTO : RADIO-CANADA/ALEX SERGEEV
L'analyste Vladimir Pozner, comme bien des Russes, reproche à Hillary Clinton de systématiquement dénoncer la Russie et son président.
« Il y a une difficulté : c'est qu'elle a dit des choses, une critique assez violente de M. Poutine. Après ça, lui tendre la main et recommencer à nouveau, ça ne va pas être facile. »
Piratage informatique
Aux États-Unis, on fait grand cas de l'intervention de pirates informatiques dans la campagne électorale, intervention visant le Parti démocrate et Mme Clinton.
La Russie est montrée du doigt. Mais les Russes n'y voient rien de grave, bien au contraire.
Vladimir Poutine parle d'hystérie. « Tout le monde se demande qui a fait ça, mais est-ce que c'est important? dit-il. Le plus important, c'est l'information obtenue par ces pirates. »
Il affirme qu'ils ont mis à jour une campagne de manipulation de l'opinion américaine.
L'élection présidentielle aux États-Unis a lieu alors que les tensions sont très grandes entre Russes et Américains.
Pour Vladimir Pozner, les médias occidentaux ont tendance à démoniser Vladimir Poutine, empoisonnant encore plus l'atmosphère : « Il faut tout de même espérer que les relations entre la Russie et l'Amérique vont s'améliorer, parce qu'aujourd'hui, ce sont des relations dangereuses. Il y a même des gens qui parlent de conflit militaire... »
Et c'est pour tout cela que les Russes suivent de très près cette élection aux États-Unis.
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