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Accord Canada UE: Chrystia Freeland annonce l'échec des négos avec la Wallonie

«Fin et échec» des discussions avec la Wallonie

OTTAWA - La Wallonie, petite région belge francophone de 3,5 millions d'habitants, vient-elle de signer l'arrêt de mort du traité de libre-échange avec le Canada, une entente qui toucherait quelque 500 millions d'Européens?

La ministre du Commerce international Chrystia Freeland, en tout cas, est sortie des négociations avec les représentants wallons en claquant la porte, vendredi, déplorant "la fin et l'échec des discussions avec la Wallonie".

"Le Canada est déçu. Moi, personnellement, je suis très déçue. J'ai travaillé très, très fort. Mais je pense que c'est impossible. Nous avons décidé de retourner chez nous", a lâché vendredi la ministre en quittant l'Élysette, le siège du gouvernement wallon, à Namur.

"Je suis très, très triste, vraiment. C'est une chose émotionnelle (sic) pour moi", a-t-elle lâché, au bord des larmes, se consolant de peine et de misère en lâchant qu'"au moins", ce départ lui permettra de retrouver ses trois enfants à la maison.

Dans un communiqué publié peu après, elle s'est désolée que "l'Union européenne n'est pas capable d'atteindre un accord international, même avec un pays qui a des valeurs européennes comme le Canada, même avec un pays si gentil et avec beaucoup de patience comme le Canada".

Le Canada, après tout, avait réussi à rallier au cours des derniers mois des pays au départ récalcitrants comme l'Allemagne, la France, l'Autriche, la Bulgarie ou encore la Roumanie, a tenu à rappeler Mme Freeland.

Du côté d'Ottawa, son secrétaire parlementaire, David Lametti, a refusé de dire si le gouvernement canadien avait définitivement jeté l'éponge, se bornant à répéter que "la balle est dans le camp" de la Commission européenne.

Sur Twitter, la Commissaire européenne au commerce, Cecilia Malmstr?m, a exprimé sa déception face à la tournure des événements. Elle a cependant suggéré que l'accord n'est pas encore mort et enterré.

"Nous nous sommes impliqués sans réserve avec la Wallonie ces derniers jours. Vraiment triste que les pourparlers aient achoppé. (J')espère toujours trouver une solution pour signer l'AECG", a gazouillé la Suédoise d'origine.

"Des progrès intéressants avaient été réalisés pour un bon nombre d'aspects qui préoccupaient la Wallonie dans l'AECG. Je crois sincèrement que le processus n'est pas terminé", a-t-elle enchaîné.

La veille, le président du Conseil européen, Donald Tusk, s'était tourné vers le même réseau social pour communiquer son désarroi. "Profondément inquiet par la difficile situation de l'AECG. (...) La crédibilité de l'Europe est en jeu", peut-on lire sur son compte Twitter.

Les négociations sur l'accord de libre-échange entre le Canada et l'Union européenne (UE) se heurtent à l'opposition du Parlement de Wallonie, où une majorité de députés a voté contre la ratification la semaine dernière.

Bien que la Belgique soit en faveur du traité, sa constitution stipule que l'accord doit aussi être approuvé par ses trois gouvernements régionaux _ Flandre, Wallonie et Bruxelles-Capitale.

Les Wallons redoutent entre autres que leur marché agricole soit inondé par des produits canadiens peu dispendieux. Ils ont aussi des appréhensions face au mécanisme de règlement des différends.

La ministre Freeland a passé les trois derniers jours à tenter d'apaiser leurs craintes. Avant de s'envoler vers l'Europe, un peu plus tôt cette semaine, elle assurait que le gouvernement canadien avait fait tout en son pouvoir pour assurer la ratification de l'accord.

Son départ en trombe de Namur a été critiqué par les conservateurs, vendredi.

"Avec 28 États membres, on sait qu'on va frapper un mur à quelques occasions. (...) Mais ce n'est pas une raison de jeter l'éponge et de s'en aller", a reproché en mêlée de presse le porte-parole du parti en matière de commerce international, Gerry Ritz.

La semaine dernière, le premier ministre Justin Trudeau avait pour sa part livré un plaidoyer en faveur de l'AECG, prévenant que son rejet lancerait un message "désolant" sur la direction que souhaite prendre le groupe des 28 et remettrait carrément en cause son "utilité".

"C'est un moment pour l'Europe de décider à quoi ça sert, l'Union européenne", avait lancé le premier ministre du Canada en conférence de presse conjointe avec son homologue français Manuel Valls, qui avait lui aussi chanté les louanges de l'accord.

Selon Justin Trudeau, la signature de l'Accord économique et commercial global (AECG) représente un moment charnière "dans cette situation post-Brexit où il y a plein de questionnements sur l'utilité de l'Europe".

Le premier ministre devait se rendre la semaine prochaine à Bruxelles, en Belgique, pour signer l'entente dans le cadre d'un sommet Canada-UE. À la lumière de l'échec des négociations, ce voyage devrait être annulé.

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