C'est une prouesse technique attendue depuis 25 ans. Une équipe de chercheurs français a réussi à observer au microscope le virus de l'hépatite C, a annoncé l'Inserm. Elle a pris de court d'autres équipes, dont une aux Etats-Unis, qui travaillent sur la question depuis des années. L'enjeu est considérable.
L'hépatite C est responsable de 130 à 150 millions de cas d'hépatite C dans le monde et d'environ 700 000 décès chaque année, selon l'Organisation mondiale de la Santé. En France, en 2011, 344 500 personnes étaient infectées par le VHC, d'après l'Institut de veille sanitaire.
Réussir à l'identifier devrait considérablement aider les équipes de chercheurs à trouver un vaccin contre l'hépatite C.
Le virus détourne la machinerie du foie
Le virus est connu depuis 1990, mais impossible jusque-là de l'observer. Or, "les virus sont généralement découverts et décrits grâce à leur observation", précise l'Inserm. Le VHC était une exception. "Toutes les données disponibles sur ce virus depuis 1990 ont été obtenues par la biologie moléculaire car personne ne parvenait à le voir au microscope", continue l'Institut. "En cause, l'aptitude du virus à détourner la machinerie du foie pour prendre l'apparence d'une simple particule lipidique. Cette stratégie qui lui permet de pénétrer plus facilement dans les cellules et de contourner le système immunitaire, le rend également visuellement indétectable."
Jeu de cache-cache
"Il ressemble à une simple petite sphère blanche au milieu d'autres sphères blanches lipidiques dans le sang", explique Jean-Christophe Meunier, chargé de recherche Inserm et responsable de ces travaux. Le virus se mélange à des protéines lipidiques et joue à cache-cache rendant extrêmement difficile la différenciation des bonnes et des mauvaises cellules. C'est d'ailleurs à ce piège qu'a été prise l'équipe américaine qui en 2013 avait cru avoir observé le VHC.
Mais cette fois, les chercheurs de l'Inserm à Tours (Unité Inserm966 "Morphogenèse et antigénicité du VIH et des virus des hépatites") sont sûrs de leur coup. Ils ont utilisé plusieurs anticorps spécifiques de protéines virales et sont enfin parvenus à les distinguer des autres particules circulant dans du sérum de patients.
Sandwich d'acides gras
Grâce au microscope, les scientifiques ont vu que ces particules chimériques avaient finalement une structure bien à elles. "Elles se présentent sous forme d'une espèce de sandwich lipidique composé en son centre de l'ARN viral et du noyau du virus délimités par une première monocouche de phospholipides. Laquelle est entourée d'un mélange d'acides gras et de cholestérol, de nouveau délimité par une seconde monocouche de phospholipides. Finalement la taille du virus varie en fonction du nombre de couches de lipides qu'il contient.
Selon la définition donnée par l'Organisation mondiale de la Santé, l'hépatite C est une maladie du foie causée par un virus. Le virus de l'hépatite C peut entraîner à la fois une infection hépatique aiguë et une infection chronique, dont la gravité est variable, pouvant aller d'une forme bénigne qui dure quelques semaines à une maladie grave qui s'installe à vie.
Le virus de l'hépatite C est un virus transmis par le sang et les modes d'infection les plus fréquents résultent de pratiques d'injection à risque, d'une mauvaise stérilisation du matériel médical, et de l'absence de dépistage du sang et des produits sanguins avant transfusion.
Voir aussi: