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Six questions au gouvernement Trudeau après sa première année de mandat

Six questions au gouvernement Trudeau après sa première année de mandat

1- Quel dossier de votre portefeuille auriez-vous voulu avoir déjà réglé?

Le ministre des Affaires étrangères, Stéphane Dion: En fait, je voudrais tout régler. Je voudrais que le Canada réussisse partout à faire la promotion de la paix. La paix est plus que l'absence de conflit. La paix, c'est aussi ce que le premier ministre appelle la croissance inclusive, donc, le partage pour toutes et tous avec aussi le respect de l'environnement. On a fait d'énormes progrès en un an. Mais il reste tellement à faire.

La ministre du Patrimoine canadien, Mélanie Joly: La question du numérique, l'impact de la transformation du numérique sur les créateurs de contenu, sur nos industries culturelles, nos industries créatives, les musiciens, les artistes, les acteurs. C'est le plus grand dossier, et c'est la question que tous les ministres de la Culture à travers le monde se posent présentement.

Le ministre de la Famille, des Enfants et du Développement social, Jean-Yves Duclos: C'est le dossier sur le logement, la stratégie nationale du logement parce que ça sert à réengager le gouvernement canadien dans l'appui de nos familles en termes de logements. Mais c'est un dossier qui demande beaucoup de temps et beaucoup de travail. Alors, c'est sûr que si ce temps et ce travail étaient déjà passés, ce serait excellent.

La ministre du Développement international, Marie-Claude Bibeau: Ma priorité, c'est de mettre en place des mécanismes pour pouvoir aider plus directement les groupes de femmes locaux pour pouvoir lutter contre les mariages précoces et forcés, lutter contre la mutilation génitale faite aux femmes et aider les femmes à tous les niveaux dans la défense de leurs droits. Les nouveaux mécanismes restent à être développés et mis en oeuvre. J'ai hâte que ce soit fait.

Le ministre des Transports, Marc Garneau: Celui qui m'a occupé le plus dans cette dernière année, c'est celui de la sécurité ferroviaire. Mon but — et c'est un travail qui n'est pas complété — c'est que la sécurité ferroviaire devienne un enjeu qui n'est plus discuté.

La ministre du Revenu national, Diane Lebouthillier: Tout le dossier de l'évasion fiscale. Si j'avais une baguette magique, j'aimerais que ce dossier-là soit réglé. C'est un dossier complexe, compliqué, parce qu'on parle de juridictions, d'autres pays, d'ententes internationales...

2- Quel enjeu susceptible de causer des tensions avec le gouvernement du Québec faut-il régler au plus vite?

Stéphane Dion: Moi, je travaille très, très bien avec le gouvernement de M. Couillard, avec la ministre des Relations internationales du Québec. On peut dire que notre coopération aide bien à la politique étrangère du Canada et au rayonnement du Québec dans le monde. Sur d'autres enjeux, on est une fédération. Il y a toujours des ajustements à faire. Mais on s'en sort tout le temps.

Mélanie Joly: Il faut vraiment régler Bombardier. Pour moi, c'est important; j'ai beaucoup de familles (dans sa circonscription d'Ahuntsic—Cartierville) dont le papa et la maman amènent du pain sur la table parce qu'ils travaillent chez Bombardier ou qu'ils sont dans des secteurs qui bénéficient de la présence de Bombardier à Montréal.

Jean-Yves Duclos: Honnêtement, je pense que tous les dossiers vont bien se régler. On parle beaucoup du dossier de la santé, évidemment.

Marie-Claude Bibeau: Dans mon comté, c'est clairement le dossier de la gestion de l'offre. J'ai tellement hâte de pouvoir annoncer de bonnes nouvelles à nos producteurs laitiers. Tout ce qui touche la production laitière, la gestion de la production, les importations de lait diafiltré, c'est un dossier qui me tient à coeur. Je prétends que j'ai la capitale du lait au Québec. Le comté de Campton-Stanstead, ça inclut Coaticook et plus de 500 producteurs laitiers.

Marc Garneau: Je suis tenté de répondre de la même façon. Beaucoup d'enjeux sont reliés à la sécurité ferroviaire. Je prendrais l'exemple de la voie de contournement à Lac-Mégantic. Les gens pourraient s'impatienter.

Diane Lebouthillier: Le dossier Bombardier.

3- Quel élément de votre lettre de mandat êtes-vous le plus fier(e) d'avoir livré?

Stéphane Dion: C'est très difficile de choisir. Il n'y a pas une virgule dans cette lettre de mandat qui n'est pas prioritaire pour moi. On pousse tous les dossiers ensemble. On est bien organisé. On n'est pas dispersé. Je pense qu'on centre bien nos efforts pour remplir notre lettre de mandat au complet. Depuis un an, je dirais qu'on n'a pas pris de retard.

Mélanie Joly: Je suis très, très fière que mon équipe et moi, on ait été capables de sécuriser le plus gros budget en arts et en culture en 30 ans, qui est le seul réinvestissement présentement en arts et en culture au sein du G7.

Jean-Yves Duclos: À la fois une fierté et au début une inquiétude: le dossier de l'Allocation canadienne pour enfants m'avait été confié au départ. Mais je ne savais pas au début qu'il fallait absolument livrer ça pour juillet 2016. Quand j'ai lu ça, quand M. Trudeau me l'a confirmé, j'étais nerveux. Durant un certain temps, on se demandait où on allait aboutir.

Marie-Claude Bibeau: La grande revue des politiques; 1500 personnes ont participé à la consultation d'une façon ou d'une autre. Aussi, j'ai beaucoup insisté pour que nos ambassades, nos missions à l'étranger, rencontrent les gouvernements locaux mais aussi les groupes locaux, les groupes de femmes, particulièrement.

Marc Garneau: Ma lettre parle d'augmenter la sécurité maritime, d'un moratoire sur la côte ouest pour le transport du pétrole brut et de revoir la loi sur la navigation. Et tous ces enjeux, je les ai déclenchés cette année avec des consultations et des études. Et on est sur le seuil de pouvoir passer à des choses concrètes. Il n'y en a pas qui ont été complétés et que je peux dire «c'est fini». Les résultats vont être livrés dans l'année deux.

Diane Lebouthillier: Je suis très fière du travail qui se fait dans le comité consultatif aviseur sur l'économie clandestine. Il y a une belle chimie qui se fait avec les gens du milieu.

4- Quelle question vous a-t-on posée souvent au cours de la dernière année et que vous êtes un peu fatigué(e) d'entendre?

Stéphane Dion: Je ne suis jamais tanné d'entendre les questions de vos collègues ou des citoyens. Je suis d'une patience à toute épreuve. Généralement, ce sont des questions qui me plaisent parce que ce sont des questions d'impatience. J'aime les questions qui montrent qu'on aime ce qu'on fait mais on en voudrait plus et plus rapidement.

Mélanie Joly: Je suis tannée de me faire poser la question sur la taxe Netflix, parce que pour moi, c'est une question qui ne tient pas compte de tous les changements technologiques qui ont lieu; ça ne tient pas compte de toutes les différentes plateformes numériques, et c'est de prendre en silo une question qui est beaucoup plus large et qui demande une approche globale.

Jean-Yves Duclos: Il y en a une qui est un peu particulière. C'est pourquoi est-ce que dans le titre de mon ministère il n'y a pas «aînés»? Parce qu'il y a «famille», «enfants» et «développement social». Moi je réponds: on veut, dans le langage et dans nos actions, éviter de faire ce qu'on appelle de l'âgisme, faire comme si les besoins des citoyens plus âgés étaient totalement différents des besoins des autres familles dans notre société.

Marie-Claude Bibeau: Je trouve ça dommage qu'on remarque le fait que je sois émotive. Si moi, je ne m'indigne pas devant des hôpitaux qui sont la cible de bombardements ou devant des mutilations génitales faites aux femmes, qui va le faire?

Marc Garneau: Non. Si je vous dis de quelle question je suis tanné, ça va créer une histoire. Alors, je m'excuse, mais je n'irai pas là.

Diane Lebouthillier: Il n'y a aucune question que je suis tannée d'entendre parce que les questions qui reviennent souvent sont celles qui sont importantes pour les gens.

5- Quel moment a été, pour vous, le plus stressant depuis votre nomination?

Stéphane Dion: Ça c'est facile. C'est les deux personnes, les deux Canadiens qu'on a perdus (aux Philippines). C'est ça qui m'a fait le plus de mal et (m'a donné le plus) de nuits blanches que j'ai passées parce que des terroristes ou des bandits, des tueurs ont exécuté des Canadiens. Ça, c'était horrible. Ça, c'est, de loin, ce qui était le plus dur pour moi.

Mélanie Joly: Je ne m'en rendais peut-être pas compte au départ, mais quand je suis arrivée, ça a été long avant que j'aie une chef de cabinet, ça a été long avant que j'aie une équipe. La campagne électorale avant été longue, mon équipe de fonctionnaires à Patrimoine canadien avait bien hâte d'avoir une ministre qui pouvait prendre des décisions, approuver plusieurs documents, et moi, je voulais m'assurer que les décisions qui étaient prises étaient stratégiques.

Jean-Yves Duclos: J'ai été nommé ministre le 4 novembre. Le moment le plus stressant, ça a été le 5 novembre au matin où je me suis retrouvé devant mon bureau ici, sur la rue, sans personne autour de moi. Il y a une tonne de gens qui venaient me voir pour me demander quand on prend rendez-vous, «j'ai un dossier à vous confier», «qu'est-ce que vous dites de cette question-là?» et il n'y avait personne pour m'aider pour mon agenda.

Marie-Claude Bibeau: La conférence à laquelle j'ai participée à Tokyo, au mois de décembre passé. Je participais à un panel pour parler de santé mondiale, aux côtés de Bill Gates et devant un parterre de 250 spécialistes internationaux. C'était effectivement assez stressant.

Marc Garneau: Je suis rendu à un âge où le stress n'est pas quelque chose qui m'affecte... généralement. Je me fais un devoir d'apprendre mes dossiers afin que je puisse répondre en toute connaissance de l'enjeu qui est discuté.

Diane Lebouthillier: Ça a été la première journée où j'ai eu un briefing au cabinet. Il y avait énormément de technicalités. Ce qui m'a aidé, c'est que tout le monde s'adresse à moi en français.

6- Quel mot décrirait le mieux l'an un du gouvernement Trudeau, et quel mot devrait décrire l'an deux?

Stéphane Dion: L'an un: l'inclusion. L'an deux: même chose, mais encore plus.

Mélanie Joly: L'an un: réengagement. L'an deux: mise en oeuvre.

Jean-Yves Duclos: L'an un: Le gouvernement AAA — un peu comme une équipe de hockey AAA — pour ambition, action et attitude. L'an deux: La poursuite du AAA.

Marie-Claude Bibeau: L'an un: intense. L'an deux: les femmes.

Marc Garneau: L'an un: démarrage rapide. L'an deux: réalisations.

Diane Lebouthillier: L'an un: extraordinaire. L'an deux: encore plus extraordinaire.

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