Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Dans les coulisses du concessionnaire: la voiture électrique

Entretien avec Jonathan Mignacco, assistant directeur des opérations chez Belvédère Nissan.

Comme la voiture hybride plus d’une décennie avant elle, la voiture électrique a pris l’industrie automobile et tous les joueurs qu’y retrouvent un peu par surprise il y a cinq ans. L’arrivée de la Nissan Leaf au Canada en 2011 était peut-être annoncée, mais personne ne pouvait se douter où serait le segment des VÉs aujourd’hui.

Toujours une très petite part du marché automobile au Canada, la catégorie est tout de même en croissance. La progression n'est pas fulgurante, mais elle est linéaire. Alimentées par une communauté bien visible de passionnés et des normes gouvernementales de plus en plus strictes en matière de pollution, les voitures électriques se retrouvent en haut de la liste des priorités de bien des manufacturiers.

Ces derniers ne voient pas nécessairement d’avantages économiques à ajouter une voiture électrique à leur gamme pour le moment, mais au minimum ils réduisent la moyenne de consommation de carburant de l’ensemble de leurs modèles et sont ainsi en mesure de respecter les exigences en place à ce niveau.

C’est pourquoi la Chevrolet Bolt existe, et pourquoi les prochaines générations de voitures électriques connues, comme la Leaf, la Ford Focus Électrique et la BMW i3, pour nommer que ces modèles, sont vantées par leurs constructeurs respectifs et seront tous dotées d’améliorations pertinentes à commencer par une plus grande autonomie.

La croissance des voitures électriques n’est pas sans rappeler celle des voitures hybrides au début des années 2000. La Prius à l’époque était méconnue, et plusieurs disaient qu’elle ne connaîtrait jamais de succès. Mais de fil en aiguille, les consommateurs se sont intéressés, principalement parce que l’hybride semblait là pour rester. Les chauffeurs de taxi, notamment, ont contribué à développer sa popularité en l’adoptant de prime abord, puis en n’hésitant pas à faire connaître leur satisfaction.

LIRE AUSSI:

En tant que consommateurs, nous avons beaucoup de sources différentes d’informations qui s’offrent à nous, particulièrement lorsque nous sommes à la recherche d’un véhicule neuf. La source la plus influente demeure cependant les premiers utilisateurs et propriétaires des véhicules que nous considérons. C’était vrai avec l’hybride, et c’est maintenant vrai avec la voiture électrique.

Malgré tout, plusieurs obstacles à la prolifération des VÉs demeurent. Les constructeurs travaillent beaucoup à améliorer la technologie et par le fait même l’autonomie ainsi que les temps de recharge, mais il y a un autre point qui sera aussi à améliorer. Il s’agit du réseau de distribution, et plus précisément les concessionnaires et leurs équipes de vente qui ne semblent pas toujours motivés à bien représenter les véhicules électriques offerts par leur manufacturier.

Il faut dire aussi que la disponibilité est parfois limitée, et ce ne sont pas non plus tous les concessionnaires qui ont l’autorisation de la part de leur constructeur de vendre les modèles. Puis, les représentants ne sont pas toujours formés pour bien comprendre et expliquer les véhicules.

Pour en apprendre un peu plus sur la place des véhicules électriques dans les concessionnaires, ainsi que le processus de vente d’un VÉ, nous nous sommes entretenus avec Jonathan Mignacco, assistant directeur des opérations chez Belvédère Nissan, dont les deux concessions situées à Saint-Jérôme et Saint-Agathe-des-Monts ont enregistré 45 Nissan Leaf l’an dernier, et 43 jusqu’à présent cette année.

Avez-vous remarqué une augmentation de l’intérêt envers les véhicules électriques auprès de votre clientèle?

Oui, il y a définitivement plus de consommateurs qui s’intéressent à ce type de véhicule chaque année. L’effet bouche à oreille commence à se remarquer. Les propriétaires sont satisfaits, ils en parlent beaucoup, et cela crée de nouveaux adeptes. Il faut aussi souligner que l’engouement envers Tesla aide beaucoup à faire avancer le segment, et même si ce n’est pas tout le monde qui peut se permettre une Model S ou un Model X, l’attrait envers les VÉs se développe et filtre jusqu’à la Nissan Leaf.

De plus, au cours des deux derniers mois nous avons remarqué un intérêt accru pour la Leaf suite au projet d’achat de groupe lancé par Bruno Marcoux. Le projet a certainement donné une plus grande visibilité aux véhicules électriques et on le remarque en concession.

Sur ce sujet, étiez-vous déçu que Nissan n’ait pas voulu participer au projet d’achat de groupe?

C’est certain que c’était un projet intéressant, mais d’un autre côté il existe aussi déjà plusieurs rabais offerts sur la Leaf, notamment pour les membres de l’AVEQ qui paient le prix coûtant plus 600 $ à l’achat ou à la location. Donc oui, le projet était une très bonne idée, mais il est tout de même possible déjà d’obtenir une Leaf à prix réduit, en plus de l'incitatif du gouvernement.

Vous est-il déjà arrivé de convaincre un client se présentant en concession pour un véhicule à moteur à essence de se tourner vers un véhicule électrique?

Pas encore. Je dirais que 9 clients sur 10 qui viennent en concession pour la Nissan Leaf connaissent très bien la voiture et les spécifications, ils sont très bien informés sur la technologie, et ils veulent simplement faire un essai routier et obtenir le prix final afin de concrétiser leur achat. Il n’y a pas beaucoup de clients qui viennent seulement pour s’informer ou qui hésitent.

Par contre, nous avons remarqué tout de même qu’il y a plus de questions, surtout qu’un de nos véhicules de courtoisie est une Leaf. Il arrive parfois qu'un client qui a eu la Leaf pendant que son autre véhicule était au service vienne voir un représentant afin d’avoir plus d’informations. Souvent ils ont aimé l’expérience.

Et vos clients qui sont propriétaires de Nissan Leaf sont-ils satisfaits?

Ils sont très satisfaits. Je dirais que presque toutes les Leaf que nous reprenons en échange proviennent de clients qui ont repris une Leaf avec la batterie de plus grande capacité. Une fois nous avons repris un exemplaire et le client n’a pas repris une autre Leaf, mais c’était parce que ses besoins avaient complètement changé et que dans ce cas précis il ne pouvait pas avoir de voiture électrique. Ce n’était pas parce qu’il n’était pas satisfait.

Il y a eu des cas de consommateurs qui se sont présentés chez un concessionnaire pour acheter une voiture électrique, ou simplement pour avoir de l’information, et leur représentant aux ventes à tenter de les décourager à adopter ce type de véhicule. Qu’est-ce qui pourrait expliquer ce phénomène selon vous?

Je ne peux pas parler pour les autres manufacturiers, mais du côté de Nissan ce ne sont pas tous les concessionnaires qui peuvent vendre la Leaf. Donc, si le détaillant ne peut vendre la voiture, c’est évident qu’ils vont tenter de promouvoir un véhicule qu’ils ont en inventaire.

Par la suite, la disponibilité des modèles n’est pas toujours la même. En ce moment, il nous reste encore quelques unités de Leaf, mais quand celles-ci seront vendues nous aurons une période avant l’arrivée de la prochaine génération où il se peut que nous n’ayons aucun véhicule à vendre.

Puis, finalement, il peut être difficile pour un représentant qui n’est pas formé de parler de la Nissan Leaf puisqu’il s’agit d’un tout autre type de véhicule. Ce représentant pourrait être tenté de parler de modèles qu’il connait mieux. Nous tentons de toujours avoir un conseiller formé par Nissan pour expliquer la Nissan Leaf autant le jour que le soir. En ce moment, en raison de la popularité croissante, nous avons trois représentants formés pour la Leaf, mais au cours des prochains mois nous aimerions que toute l’équipe de conseillers soit formée.

En terminant, la principale considération pour plusieurs acheteurs qui hésitent à adopter l’électrique est l’autonomie. Que diriez-vous à un client qui s’inquiète de l’autonomie plus restreinte de la voiture électrique?

Ce que nous tentons de faire est de connaître les habitudes de nos clients. Nous avons deux concessions situées à Saint-Jérôme et Sainte-Agathe et beaucoup de nos clients travaillent à Montréal. On va tenter de voir avec eux s’ils ont accès à une borne de chargement près de leur bureau. Si oui, ils peuvent effectuer leur trajet quotidien vers le travail sans difficulté.

On leur parle aussi de toutes les ressources qui existent pour trouver une borne de chargement libre. Personnellement, je trouve qu’il est plus facile au moyen de diverses applications mobiles de trouver une borne de chargement qu’une station-service. Donc on tente de leur montrer toutes les ressources qui s’offrent à eux.

Ultimement, il est possible de faire la grande majorité de nos déplacements sans problèmes avec une voiture électrique. Pour les déplacements plus longs, nous pouvons louer une voiture. Aussi, la communauté de propriétaires de véhicules électriques est active et passionnée, et souvent ils vont offrir leurs bornes de chargement installées à la maison pour dépanner.

Il y a donc toujours moyen de s’adapter aux réalités de la voiture électrique. Ensuite, les nouvelles générations de modèles promettent 300 kilomètres et plus d’autonomie ce qui réduira grandement les restrictions au niveau des déplacements.

Voir aussi:

BAIC Arcfox-7

Voitures électriques futuristes

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.