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Que le pape se rassure, la théorie du genre n'existe pas et les enfants ne veulent pas changer de sexe à cause de l'école

Non, les enfants ne veulent pas changer de sexe simplement parce qu'ils en ont entendu parler à l'école

Le pape François est inquiet. En France, au collège, "la théorie du genre continue à être enseignée alors que c'est contre les choses naturelles", expliquait-il dimanche 2 octobre lors d'une conférence de presse. Et de citer l'exemple d'un père de famille catholique qui lui aurait raconté comment son fils interrogé pendant un repas de famille sur ce qu'il voulait faire plus tard, lui avait répondu: "Être une fille".

Une parole du Pape que la ministre de l'Éducation a jugé ce lundi 3 octobre "légère et infondée". "Je vois qu'il aura été lui aussi victime de la campagne de désinformation massive conduite par les intégristes, la formation Lejeune, Vigi-Gender et d'autres".

En effet, le Pape se trompe sur deux plans: la théorie du genre n'est pas enseignée et la question du genre se pose chez tous les enfants sans que les cours de SVT y soient pour quelque chose.

Non, la théorie du genre n'est pas enseignée à l'école

La théorie du genre n'existe pas, les études sur le genre si. Le genre est "un concept issu des sciences humaines et sociales pour affirmer l'importance de l'environnement social et culturel dans la construction de l'identité sexuelle de chacun, expliquait en 2014 sur Le HuffPost Pascal Huguet, docteur en psychologie et directeur de recherche au CNRS. En effet, au moment de l'enfance nous ne faisons pas qu'apprendre notre appartenance à l'un des deux sexes. Nous intégrons aussi--souvent de manière implicite--les valeurs et les rôles sociaux associés par les adultes à cette appartenance". Les études sur le genre s'intéressent principalement à la manière dont la société associe des rôles à chaque sexe.

Au collège, les cours de Sciences de la Vie et de la Terre (SVT) abordent la thématique "Reproduction et sexualité". Les questions aussi variées que le fonctionnement des organes, les phénomènes régulateurs, la maîtrise de la procréation sont abordées. Au lycée, et plus particulièrement en classe de première dans les filières générales, c'est un chapitre en particulier qui fait bondir les milieux conservateurs depuis 2011, "Devenir homme ou femme". Voilà comment cette question est définie: "On saisira l’occasion d’affirmer que si l’identité sexuelle et les rôles sexuels dans la société avec leurs stéréotypes appartiennent à la sphère publique, l’orientation sexuelle fait partie, elle, de la sphère privée. Cette distinction conduit à porter l’attention sur les phénomènes biologiques concernés".

Voilà pour les définitions et les textes officiels. Pour ce qui est de l'inquiétude qu'un enfant veuille changer de sexe parce qu'il en a entendu parler à l'école, c'est méconnaître la façon dont notre identité se construit.

Les enfants sont confrontés à ce questionnement en permanence

"À partir de 18 mois environ, l'enfant commence à distinguer les deux sexes. Cela se matérialise ainsi: certains ont un truc entre les jambes, d'autres non", explique le psychiatre et psychanalyste Julien Bufnoir qui a suivi deux enfants et quatre adolescents confrontés à un questionnement transgenre. "De là, débutent plusieurs questionnements: vais-je perdre ce que j'ai entre les jambes? Pourquoi n'ai-je rien entre les jambes? Pourquoi n'ai-je pas la même chose que papa ou que maman?"

Vouloir changer de sexe, ne pas se reconnaître dans le corps et avec l'appareil génital avec lequel on est né, n'est pas un questionnement qui se déclenche après une leçon à l'école. Sur ce point le psychiatre Julien Bufnoir souligne clairement "ce sont des questionnements qui sont en eux au même titre qu'en chacun de nous et qui nous amènent à nous définir en tant que sujet masculin ou féminin." Thamy Ayouch, maître de conférence à l'Université Charles de Gaulle en psychopathologie et psychologie clinique, va plus loin, "en parler à l'école, c'est aussi soulager une souffrance que ce genre de questionnements peut apporter quand il est mal vécu."

Ces questionnements émergent chez tous les enfants de manière plus ou moins consciente. "Les enfants sont constamment soumis à des messages de sexuation, à des représentations de ce que doit être un garçon ou une fille, assure Thamy Ayouch. Ils doivent faire face à des représentations très rigides de deux genres".

Julien Bufnoir rappelle que "les parents peuvent se trouver dans l'embarras face à ces questions, il ne faut pas hésiter à consulter un psychologue, un pédopsychiatre pour rassurer l'enfant." Thamy Ayouch quant à lui appelle à une "ouverture de la conception des genres de la part des parents. Il n'est pas nécessaire de se 'genrer' contre les filles pour être un garçon et inversement."

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