Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Ottawa toujours en quête de l'appui des provinces sur les changements climatiques

Ottawa toujours en quête de l'appui des provinces sur l'environnement

Pendant que l'accord de Paris sur le climat sera débattu au Parlement canadien, dès lundi, la ministre fédérale de l'Environnement tentera à nouveau de convaincre ses collègues des provinces d'en faire plus pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Un nouvel effort de négociation pour arriver à un plan climatique national et respecter des engagements internationaux qui, pour le moment, semblent hors de portée.

Un texte de Raphaël Bouvier-Auclair

Catherine McKenna le reconnaît elle-même, ce n'est pas lundi qu'une stratégie nationale sera dévoilée. Mais la rencontre n'en est pas moins importante pour la ministre, qui doit jeter les bases d'une autre réunion entre le fédéral et les provinces, plus tard cet automne.

Cette autre rencontre devrait permettre d'annoncer un accord. Mais l'échéance arrive rapidement.

«On doit avoir un plan [...] on fait un premier pas lundi prochain.»

- Catherine McKenna, ministre de l'Environnement

Ce premier pas est majeur : il faut convaincre les provinces qu'elles doivent en faire davantage pour diminuer leurs émissions de gaz à effet de serre.

Les premiers ministres du fédéral, des provinces et des territoires avaient déjà reconnu l'importance d'agir en mars à Vancouver. Depuis, des groupes de travail ont étudié diverses solutions, mais aucune mesure concrète n'a encore été annoncée.

L'épineuse question du prix sur le carbone

Dans les négociations avec les provinces, la question la plus sensible est celle de la tarification du carbone.

Le fédéral tient à ce qu'un prix minimum soit imposé sur les émissions au pays. Certaines provinces ont déjà des mécanismes en place, d'autres pas. Et toutes réclament de la flexibilité à Ottawa.

Voyez quels sont les mécanismes de tarification du carbone en vigueur au pays :

En entrevue à l'émission Les coulisses du pouvoir, le ministre québécois de l'Environnement, David Heurtel, a affirmé que le gouvernement fédéral a envoyé de « bons signaux » récemment.

«Je crois que le gouvernement fédéral reconnaît que puisque les provinces ont le gros des compétences, c'est aux provinces de choisir quel est le mécanisme de tarification du carbone le plus approprié pour lutter contre les changements climatiques.»

- David Heurtel, ministre de l'Environnement du Québec

La santé avant le climat?

Dans ces négociations autour des changements climatiques, un nouvel argument a toutefois émergé récemment.

Les premiers ministres des provinces et territoires ont envoyé une lettre au premier ministre Justin Trudeau, lui réclamant de déterminer une date pour une réunion sur la question du financement en santé avant que n'ait lieu la rencontre nationale sur le climat.

Une manière de déclarer que dans les relations entre le fédéral et les provinces, il n'y a pas que les provinces qui doivent agir, mais également le fédéral.

Des cibles difficiles à atteindre

Si Ottawa tient à ce qu'il y ait un prix sur le carbone sur l'ensemble du territoire canadien, c'est qu'avec les mesures en place actuellement au pays, le Canada est loin d'atteindre sa cible de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES).

La cible du Canada est de réduire les émissions de GES de 30 % d'ici 2030 par rapport au niveau de 2005.

Cette cible, fixée par les conservateurs, était au départ « un plancher » pour le gouvernement Trudeau, mais elle est maintenant devenue l'objectif permanent.

Dans un rapport publié au printemps, le directeur parlementaire du budget montrait que l'objectif est ambitieux.

Les partis d'opposition et les groupes de défense de l'environnement ajoutaient la semaine dernière que cette cible sera encore plus difficile à respecter avec la décision d'Ottawa de donner son feu vert à un projet d'exportation de gaz naturel liquéfié, dans le nord de la Colombie-Britannique.

Si les installations projetées sont construites, cela ajouterait 4,3 millions de tonnes de CO2 chaque année dans l'atmosphère.

Et ce n'est que la pointe de l'iceberg. Les émissions en amont, causées par exemple par la production du gaz et le transport par gazoduc, seraient bien plus élevées. Environnement Canada évalue qu'il faudrait anticiper des émissions de 8,8 à 9,3 millions de tonnes de CO2 supplémentaires.

L'accord de Paris devant les députés

La stratégie nationale pour réduire les émissions de gaz à effet de serre n'est donc encore pas adoptée, mais l'accord de Paris sur le climat sera tout de même débattu cette semaine à la Chambre des communes. Les députés devraient voter mercredi.

«Je suis heureuse qu'il y ait un débat. On veut démontrer au monde que le Canada sait qu'il faut agir sur les changements climatiques. On doit atteindre nos obligations internationales.»

- Catherine McKenna, ministre de l'Environnement

Très actif à la conférence de Paris, le gouvernement Trudeau a entre autres misé sur le climat pour renouveler l'image du Canada. Le respect des promesses faites à l'étranger repose maintenant beaucoup sur ce qu'Ottawa réussira à accomplir avec les provinces au cours des prochains mois.

INOLTRE SU HUFFPOST

Pollution à Bousmaïl

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.