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La mode brouille les codes traditionnels du mannequinat masculin

La mode brouille les codes traditionnels du mannequinat masculin
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Jadis attendus athlétiques et musculeux, les mannequins masculins sont désormais davantage choisis pour leur minceur, voire leur androgynie, dans un monde qui bouscule parfois la notion de genre.

Il suffit de remonter de dix ans en arrière et de regarder une poignée de défilés masculins de l'époque, Versace, Givenchy, Louis Vuitton ou Gucci, pour se rendre compte du chemin parcouru.

En une décennie, les épaules ont perdu leur allure carrée et les pectoraux se sont affaissés.

A l'époque, "les mannequins hommes avaient un physique un peu plus dense", se souvient Tricia Romani, présidente de l'antenne canadienne de l'agence de mannequins Wilhelmina.

Hedi Slimane, chez Saint-Laurent et chez Dior, et quelques autres sont passés par là et ont transformé la vision dominante du profil masculin.

"Pour la mode haut de gamme, ils veulent maintenant des garçons très minces, différents", observe Tricia Romani.

"Et ils dessinent les vêtements en conséquence", poursuit-elle, "donc si vous aviez un mannequin costaud et musclé, cela n'irait pas."

Plus fin, le prototype du mannequin masculin est aussi plus grand, entre 1,85 m et 1,90 m, souligne Neil Mautone, propriétaire et fondateur de l'agence Red Model Management.

Avec l'idéal du muscle, s'en est allé également celui du visage à l'esthétique parfaite, jadis aussi recherché chez les hommes que chez les femmes.

Aujourd'hui, selon Tricia Romani, "un mannequin homme peut avoir une allure intéressante, avant-gardiste, ou différente" et être retenu, même s'"il ne tombait pas dans la catégorie des mannequins à la beauté plastique".

Avec la montée en puissance de la mode masculine, illustrée par le lancement de la première Fashion Week hommes de New York, en 2015, les besoins en mannequins hommes ont sensiblement augmenté.

Environ 10 à 15% des modèles masculins parviennent même à exercer cette profession à temps plein, en combinant défilés, publicité, catalogues ou magazines, selon Tricia Romani.

Les plus en vue dépassent même le million de dollars de gains annuels, de sources concordantes, même si le rapport est encore de un à dix environ avec les femmes les mieux payées.

-Homme, femme, quelle importance ?

Pour répondre aux besoins d'un marché en croissance, les agences et les créateurs ne se sentent plus liées à un stéréotype et ouvrent leur palette, une approche qui profite notamment à la diversité ethnique, selon Tricia Romani.

Ce regard nouveau, l'évolution de la mode masculine et la réflexion actuelle sur le genre brouillent même la notion de frontière entre hommes et femmes.

Ci-dessous le mannequin Hari Nef

A photo posted by Hari Nef (@harinef) on

Cela a été plus évident que jamais lors de la Fashion Week de New York, qui s'est achevée jeudi dernier.

Plusieurs défilés se sont revendiqués "gender fluid", ce qui signifie que tous les vêtements présentés sont susceptibles d'être portés par l'un ou l'autre sexe.

L'habitué Hood By Air, pionnier de ce courant, a été rejoint par les Néerlandais iconoclastes de Maison the Faux et les New-Yorkais de Baja East.

Pour Maison the Faux, sans doute le plus radical de tous, des hommes ont défilé en corset ou en soutien-gorge.

"La société met les gens dans des cases et je ne pense pas que cela fasse de notre planète un monde meilleur", regrette Tessa de Boer, moitié de Maison the Faux.

L'agence Wilhelmina a, dans ses effectifs, un mannequin de 26 ans qui refuse de décliner son sexe et se fait appeler "Lex".

Il a notamment travaillé pour le créateur britannique N-p-Elliott, qui revendique une mode asexuée.

"Le fait d'être si androgyne est une bénédiction pour moi", explique Lex à l'AFP en réponse à des questions écrites. "Cela augmente les possibilités de participer à des projets sans être limité par le genre."

"Si les hommes et les femmes sont égaux", dit-il, "alors quelle importance?"

Michael Dillon (1915 - 1962)

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