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«Juste la fin du monde»: Nathalie Baye, Léa Seydoux et Gaspard Ulliel en chœur pour Xavier Dolan (ENTREVUE)

«Juste la fin du monde»: Les acteurs en chœur pour Xavier Dolan (ENTREVUE)

Juste la fin du monde de Xavier Dolan atterrit enfin dans nos salles ce mercredi. Auréolé du prestigieux Grand prix au Festival de Cannes, le sixième long métrage du jeune cinéaste québécois rassemble une impressionnante distribution d’acteurs français. Le Huffington Post Québec s’est entretenu avec trois d’entre eux: Nathalie Baye, Léa Seydoux et Gaspard Ulliel.

«Juste la fin du monde» de Xavier Dolan

Même en coup de vent, cela ne se manque pas. Nathalie Baye, Léa Seydoux et Gaspard Ulliel n’ont pas hésité à traverser l’Atlantique la semaine dernière pour venir accompagner la première en sol québécois de Juste la fin du monde. Entre deux avions et quelques tapis rouges, les acteurs sont revenus sur leur participation devant la caméra de Xavier Dolan.

«Au début, je trouvais que c’était presque casse-gueule de mettre tous ces acteurs connus ensemble, lance tout de go Nathalie Baye qui en est à sa deuxième participation dans un film de Dolan après Laurence Anyways. Mais à vrai dire, le cinéma de Xavier est tellement personnel que l’on oublie vite tout cela. C’est sa force. Sa personnalité est tellement immense que c’est ce qui prime. Et puis, connu ou pas connu, cela m’est bien égal.»

On reste tout de même bouche bée. Pour la première fois de leur carrière, tous ces grands comédiens réunis sur un même plateau se donnent la réplique durant plus 90 minutes intenses. «Quand je vois un acteur que j’aime infiniment à l’écran, mais que je ne vois plus que lui et non pas son personnage, ça m’emmerde! L’essentiel, c’est que les personnages existent dans le film. Il faut savoir disparaître derrière un personnage, c’est ce qui compte le plus», raconte Baye.

Adapté de la pièce éponyme de Jean-Luc Lagarce (dramaturge mort du sida en 1995), Juste la fin du monde est un huis clos familial composé d’écorchés vifs. Autour de l’enfant prodige Louis (Gaspard Ulliel) gravitent la mère (Nathalie Baye), la sœur (Léa Seydoux), le frère (Vincent Cassel) et la belle-sœur (Marion Cotillard). Si Louis est de retour après plusieurs années d’absence, c’est pour leur annoncer sa mort prochaine.

Avec quatre Césars de la meilleure actrice, Nathalie Baye parle de son nouveau personnage comme d’un véritable cadeau. En figure maternelle excentrique, la comédienne de 68 ans qui a joué pour Truffaut, Chabrol, Godard ou Pialat avoue avoir pris du temps à digérer l’aspect exubérant de cette maman maladroite.

«Les rôles de mère chez Dolan sont toujours hors du commun. Il reste que ce côté haut en couleur et tout ce maquillage m’ont aidé à incarner mon rôle. Cette mère me touche parce que malgré son apparence c’est une femme intelligente, mais maladroite. Elle a un fils Louis qui a réussi, tandis que ses autres enfants, plus fragiles et moins aboutis, restent à la traîne. À travers les non-dits et la pudeur, on comprend qu’elle a tout compris.»

Le condamné Louis est incarné par Gaspard Ulliel, acteur longtemps désiré par Xavier Dolan. «Il y avait cette envie mutuelle de collaborer, explique-t-il. On s’est rencontré plusieurs fois avec quelques rendez-vous manqué. Quand j’ai lu le scénario de Juste la fin du monde, j’étais curieux de voir comment Xavier allait jouer avec la langue plutôt singulière de Lagarce.»

En tournage, l’acteur de 31 ans a découvert un réalisateur entier. «Il ressemble à son cinéma fait d’instinct et de pulsion. Il pousse les acteurs hors de leur retranchement. On a quand même tourné la scène finale dès le deuxième jour de notre rencontre. Tout est allé très vite. Xavier est un réalisateur qui ne fait aucun compromis. Il fait tout le plus vite possible, comme s’il sentait que le temps allait lui manquer.»

En ce qui concerne Léa Seydoux, le tournage n’a pas été une simple affaire puisqu’elle jouait en même temps à Los Angeles des scènes de Spectre, le dernier James Bond signé Sam Mendes. «Je faisais les aller-retour entre la Californie et le Québec, se souvient-elle. Le décalage entre mes deux rôles était hallucinant parce que d’un côté, j’interprétais une James Bond girl fatale et de l’autre une petite sœur colérique mal dans sa peau. Je n’avais pas le choix de faire les deux. Je voulais à tout prix faire partie du film de Dolan.»

Et elle ne regrette pour rien au monde l’expérience. «Avec Juste la fin du monde, on savait tous qu’il y avait quelque chose d’incroyable qui se produisait. Toute l’équipe était au service du film. C’était important pour nous de raconter cette histoire.»

Juste la fin du monde: Xavier Dolan rate son coup

Lauréat du Grand prix au Festival de Cannes, Juste la fin du monde de Xavier Dolan agace par sa vacuité et son côté criard. À mille lieues du lumineux Mommy, sa nouvelle proposition verbeuse et glauque tourne en rond jusqu’à l’épuisement total.

En adaptant à sa façon la pièce vieillotte de Jean-Luc Lagarce, le phénomène Xavier Dolan avait pourtant matière à creuser dans ses lubies comme celle de l’incommunicabilité. Mais au final, le réalisateur nous offre un huis clos pompeux et hystérique. Dommage puisque le réalisateur avait tout de même réussi à réunir une distribution cinq étoiles 100 % française avec les présences de Nathalie Baye, Gaspard Ulliel, Marion Cotillard, Vincent Cassel et Léa Seydoux.

Louis, écrivain à succès, revient auprès des siens après douze ans d’absence. Mais l’enfant prodige apporte une terrible nouvelle, celle de leur annoncer sa mort prochaine. N’empêche qu’il lui sera impossible de dire quoi que ce soit dans cette famille de névrosés où chacun des membres s’insulte et s’engueule pendant 97 longues minutes.

Du film de Dolan, on sort exténué. Au final, à quoi bon tout ce tintamarre, se dit-on. Les incessants gros plans, les faux effets de style, la bande sonore tonitruante et tous ces dialogues débités pour ne rien dire du tout. Voilà les recettes d’un cinéma de l’ennui.

Dans le rôle du fils prodige presque mutique, Gaspard Ulliel nous laisse de glace. Quant à Vincent Cassel et Léa Seydoux, leur participation ne semble se résumer qu’à d’interminables vociférations. Au fond, Xavier Dolan a fait son film comme il a maquillé Nathalie Baye: d’une insupportable outrance. Ne reste que le jeu touchant de retenue de Marion Cotillard pour se consoler.

Juste la fin du monde – Les Films Séville – Drame – 97 minutes – Sortie en salles le 21 septembre 2016 – France, Québec.

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