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Commission parlementaire sur Rona: les libéraux refusent d'entendre Daoust

Rona: les libéraux refusent d'entendre Daoust

Les députés libéraux refusent de faire comparaître en commission parlementaire l'ancien ministre Jacques Daoust, en vue de faire la lumière sur la vente des actions de Rona par Investissement Québec.

Au bout d'une séance de travail d'une heure jeudi matin à l'Assemblée nationale, les élus de l'opposition et du gouvernement n'ont pas réussi à s'entendre et les discussions ont été reportées à une date ultérieure.

Le Parti québécois (PQ), la Coalition avenir Québec (CAQ) et Québec solidaire (QS) exigent d'entendre M. Daoust, mais aussi le chef de cabinet du premier ministre, Jean-Louis Dufresne, l'ancien patron de Rona, Robert Dutton, et l'ancien ministre des Finances, Raymond Bachand.

Mais les élus libéraux, Robert Poëti en tête, se sont opposés à l'audition de leur ancien collègue qui a dû démissionner en raison de la tourmente. Or, ils sont majoritaires à la commission.

En point de presse après la rencontre, le député péquiste de Sanguinet, Alain Therrien, a soupçonné les libéraux de vouloir ainsi protéger le cabinet du premier ministre.

"Les libéraux ne veulent pas voir M. Daoust, a-t-il commenté en point de presse après la séance de travail. C'est clair qu'ils ont eu un ordre d'en haut, ils protègent quelqu'un, on ne sait pas qui. (...) Ils ne veulent pas qu'on remonte jusqu'au cabinet du premier ministre."

L'opposition officielle veut savoir pourquoi le ministre a menti, puisqu'il a été contredit par son ancien chef de cabinet Pierre Ouellet. Le PQ veut aussi savoir pourquoi les fonds propres d'Investissement Québec ont été utilisés pour l'achat du bloc d'actions de Rona et quel a été le rôle du cabinet du premier ministre.

"C'est une fermeture complète et totale" des libéraux, a résumé M. Therrien.

Pour sa part, le député caquiste de Shefford, François Bonnardel, ne comprend pas l'obstruction des libéraux, alors qu'il a pourtant été possible d'entendre Pierre Ouellet. Il accuse les députés du gouvernement de camoufler la vérité.

"Pourquoi ne pas entendre le principal instigateur, un ministre qui a perdu son poste? a-t-il demandé. Ils cautionnent le mensonge aujourd'hui, ils ne sont pas à la recherche de la vérité, c'est extrêmement décevant de la part de parlementaires qui doivent dire aux Québécois: voici ce qui ne fonctionne pas. On doit entendre toutes ces personnes. Il n'est pas question qu'on protège le cabinet du premier ministre ou toute autre personne."

Il est clair que le gouvernement veut rejeter toute la faute sur Jacques Daoust, a déduit le député de Québec solidaire Amir Khadir, au sortir de la rencontre.

"Un des députés libéraux a traité M. Daoust de menteur", a-t-il rapporté, sans nommer le député.

Tous les élus libéraux qui participaient à la séance sont sortis en coup de vent sans parler à la presse parlementaire.

"Le président va vous expliquer", a répondu M. Poëti en s'en remettant au président de la commission, le député péquiste Claude Cousineau.

"Ça a parlé fort, mais c'est sain ça (...), c'est tout à fait normal", a pour sa part affirmé M. Cousineau. Il a confirmé qu'après une heure de discussions, il n'y avait pas de consentement pour poursuivre les travaux. Il ne désespère pas et entend convoquer les élus à une séance de travail très prochainement, puisque l'Assemblée nationale reprend ses travaux mardi.

"C'est arrivé dans le passé que les parlementaires, à force de discuter, ont trouvé des voies de passage", a-t-il conclu.

Rappelons que toute cette affaire est née après la vente du quincailler québécois au géant américain Lowe's l'hiver dernier. On avait appris qu'Investissement Québec avait liquidé à la fin de 2014 un bloc d'actions d'environ 150 millions $, acheté en 2012 à la demande du ministre des Finances d'alors, Raymond Bachand, afin de constituer une minorité de blocage en cas d'offre d'achat hostile.

Le ministre de l'Économie de l'époque, Jacques Daoust, avait toujours nié avoir été mis au courant de la vente de cette participation. Mais une série de courriels a révélé qu'Investissement Québec avait sollicité l'avis du ministre et que le chef de cabinet du ministre, Pierre Ouellet, avait répondu "OK".

Le 19 août, M. Daoust a démissionné de son poste dans la foulée de cette controverse, après que son patron, le premier ministre Philippe Couillard, a dit qu'il existait deux versions contradictoires dans cette affaire.

En commission parlementaire la semaine dernière, M. Ouellet avait aussi contredit M. Daoust en déclarant que son ancien patron était bel et bien au courant. Il a aussi indiqué qu'il avait informé le cabinet du premier ministre en juin dernier.

Le premier ministre ne cesse maintenant de répéter que c'est une affaire classée, que le dossier est clos.

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