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«Juste la fin du monde», Xavier Dolan encore hanté par les mauvaises critiques cannoises

«Juste la fin du monde», Xavier Dolan encore hanté par les mauvaises critiques cannoises

Bref détour à Montréal pour Xavier Dolan et une partie de sa distribution en vue de la sortie le 21 septembre de son nouveau film Juste la fin du monde. Après Toronto et quelques heures avant Paris, le jeune réalisateur est venu mardi rencontrer les journalistes québécois, accompagné de Nathalie Baye, Léa Seydoux et Gaspard Ulliel.

Une conférence de presse avec Xavier Dolan assis au milieu d’une longue table. Trois grands acteurs français à ses côtés. Nathalie Baye déclarant son amour pour le cinéaste qu’elle considère comme un «artiste pur et absolu». Et Léa Seydoux qui parle d’un homme «sensible». Tous n’avaient que de bons mots pour ce réalisateur qui a su réunir la crème de la crème du cinéma hexagonal. «Avec Xavier, on a l’impression d’être au centre de l’œuvre du début jusqu’à la fin», a ajouté Gaspard Ulliel.

Tourné entièrement au Québec, Juste la fin du monde est une adaptation de la pièce de théâtre du dramaturge français Jean-Luc Lagarce. Les acteurs Marion Cotillard et Vincent Cassel font aussi partie de cette chronique familiale mettant en scène un fils prodige qui revient voir sa famille pour leur annoncer sa mort prochaine. «C’est le film dont je suis le plus fier, a déclaré Dolan. Quand je la regarde, j’ai l’impression que c’est mon œuvre la plus entière. Tous les éléments sont en place comme la musique, le jeu, les dialogues et l’action.»

Pourtant, le réalisateur a avoué n’avoir pas tout de suite compris la pièce à sa première lecture. «Il n’y a pas eu de déclic. C’est plus tard lorsque je l’ai relu que tout m’est apparu clair. Derrière les personnages maladroits et criards de Lagarce, il y a les blessures, la solitude et ce besoin de dire je t’aime», a-t-il raconté.

Souvenirs de Cannes

Au dernier Festival de Cannes, Juste la fin du monde a remporté le prestigieux Grand Prix du jury, une première pour un artiste de chez nous. Toutefois, le film a polarisé les critiques sur place, notamment plusieurs grands médias américains tels les respectés Variety et The Hollywood Reporter qui ont littéralement descendu l’œuvre, laissant un goût amer au cinéaste de 27 ans.

«Tous les films à Cannes polarisent. C’est le propre d’un festival caractérisé par la détestation. J’apprends beaucoup en lisant les critiques, mais cette année, j’ai eu l’impression de lire des critiques sur ma personne.»

Quelques minutes après la conférence de presse, le réalisateur est revenu sur cet épisode «pénible» au cours d’une table ronde. «Oui, j’ai été extrêmement blessé par les critiques américaines. J’ai besoin de savoir ce que les gens pensent, mais j’avais l’impression de lire un diagnostic psychologique. C’était tellement personnel et cruel que je suis revenu au Québec dans un état de choc. Il y a quelque chose qui s’est brisé et je ne pense pas que cela pourra se réparer un jour.»

«Depuis les années 2000, je suis quand même le cinéaste qui est allé le plus souvent à Cannes, a-t-il poursuivi. J’ai compris que les gens étaient tannés de me voir. C’est ça que j’ai ressenti. Je suis très reconnaissant de l’aventure cannoise. Être membre du jury a été pour moi l’expérience sociale, intellectuelle et émotionnelle la plus enrichissante de ma vie, mais j’ai l’impression qu’il faut parfois partir.»

Un nouveau projet éprouvant

Une chose demeure certaine, Xavier Dolan ne présentera pas de film sur la Croisette en 2017 puisque le tournage en langue anglaise de son long métrage de The Death and Life of John F. Donovan ne sera pas terminé. En pause cet hiver, la production doit se poursuivre le printemps prochain en Europe. Là aussi, le cinéaste réunit une belle brochette de comédiens en la présence de Jessica Chastain, Susan Sarandon et Kathy Bates.

«De toute façon, je ne crois pas que je l’aurais présenté à Cannes, a précisé Dolan. Le film raconte l’histoire d’une vedette de la télévision américaine qui se fait piéger par le système médiatique. Il y a des recoupements tellement semblables avec ce qui s’est passé à Cannes que j’ai peur que les gens prennent cette proposition comme une entreprise revancharde.»

Il a d’ailleurs avoué que le tournage de John F. Donovan a été très difficile s’avérant la production la plus éprouvante qu’il ait connue jusqu’ici. La preuve, le cinéaste a dévoilé les paumes de ses mains rougies par l'angoisse avant de relever les manches de sa veste pour montrer la peau déchirée sur ses coudes. «C’est à cause du stress», a-t-il expliqué.

«Mon corps a combattu jusqu’à la fin de la première partie du tournage. Cela a été dur à cause du manque de préparation. Ma mission n'est pas de finir à l'heure, mais de faire un bon film. Mais il n'y a rien de plus mauvais que de manquer de temps pour se préparer correctement. Nous étions censés finir de tourner le film en novembre. Mais quand je suis revenu de Cannes, j'ai dit que je ne pourrais pas. Je n’étais pas capable physiquement et émotionnellement.»

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Juste la fin du monde

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