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«Mes longs voyages» : Daniel Lavoie, comme si c'était le dernier

«Mes longs voyages» : Daniel Lavoie, comme si c'était le dernier
Richard Baltauss

Daniel Lavoie n’annonce pas que son nouvel album, Mes longs voyages, est son dernier. Mais l’artiste de 67 ans ne cache pas avoir abordé la création de ce 24 opus en carrière comme s’il s’agissait effectivement de son ultime legs, du dernier joyau de sa collection, en s’accordant des fantasmes dont il rêvait depuis longtemps. Comme une omniprésence de cuivres au chapitre de l’instrumentation, par exemple, et des textes parfois lourds qu’il n’a pas cherché à à censurer ou amoindrir.

«Je me dis que, si ça devait être mon dernier album, ça serait ça, qu’on se souviendrait de moi pour celui-là. Ça ne m’a pas dirigé, mais ça m’a certainement permis de faire ce que j’ai fait, sans égard pour le commerce ou le succès», résume Daniel Lavoie.

L’auteur-compositeur reconnaît ne pas correspondre aux modes du moment avec Mes longs voyages, un produit qu’il qualifie lui-même «d’album d’adulte, pour personnes averties, capables de supporter ce genre de sujets». Un album aux atmosphères très oniriques et grandiloquentes, «sérieux, qui parle de choses sérieuses», sur lequel le chanteur s’approprie La nuit je mens, d’Alain Baschung, Avec le temps, de Léo Ferré, Une valse pour rien, d’Allain Leprest et Mes longs voyages, de Félix Leclerc, une pièce que Daniel Lavoie porte en très haute estime. «On dirait qu’elle a été faite pour moi, c’est l’une de mes préférées», avance-t-il candidement.

Les autres morceaux, originaux, mettent tous en relief une certaine capitulation, un «regard avec beaucoup de recul sur l’aventure humaine, cette chose qu’on appelle la réalité.» Lavoie a créé les musiques de tous les titres qui ne sont pas des relectures, et signe les paroles de quatre d’entre eux. Son fils Joseph a fignolé les pistes d’ouverture et de fermeture, et c’est Guy St-Onge, un respecté collègue que Daniel Lavoie a souvent croisé sur sa route, sur des plateaux de télévision ou dans les coulisses de concerts, avec qui il partage plusieurs «atomes crochus», qui réalise Mes longs voyages.

«J’avoue que, commercialement, je n’ai pas de grosses attentes, convient Daniel Lavoie. Je ne fais plus des disques pour le commerce. Je l’ai déjà fait, quand j’étais plus jeune, quand j’étais dans l’ambition de réussir. Maintenant, je ne sens pas que j’ai grand-chose à prouver. J’ai fait un album pour moi ; c’est probablement l’album le plus personnel que j’ai fait, le plus proche de moi, et je l’assume complètement.»

«J’écoute ce qui se passe en musique, présentement, et c’est très électrique, très coupé au couteau, extrêmement compressé et fort. Les nuances ne sont pas énormes, même dans la musique acoustique. Alors que, moi, j’ai choisi une formule plus – j’hésite à utiliser le mot – sixties, avec des instruments acoustiques qui sonnent comme des instruments acoustiques, qui n’ont pas été trafiqués. Des voix qui n’ont pas été modifiées, des instruments pas mal au naturel, sans utiliser de batteries très fortes. J’ai joué dans les nuances, dans la chaleur. Je voulais compenser le propos par la chaleur humaine des arrangements et des cuivres.»

«Je fais de la musique comme je fais de la cuisine, avec le but inévitable d’offrir quelque chose qui est bon et que les gens ont envie de manger. C’est pareil pour un disque. Il n’y a pas des tonnes de gens qui proposent le genre de chansons de Mes longs voyages. Ce disque est peut-être marginal, si on veut, mais en même temps, il offre quelque chose de comestible, qui peut faire du bien, faire plaisir. Je l’ai voulu un petit peu comme un baume, rassurant dans la noirceur», image l’homme, qui affirme être un «grand sceptique» que le doute ne quittera jamais totalement.

Daniel Lavoie planifie faire vivre ses Longs voyages sur scène à quelques reprises à compter de février 2017, mais avise aussi qu’il ne donnera pas «des tonnes» de spectacles, occupé qu’il sera également avec le rôle de Frollo dans la comédie musicale Notre-Dame de Paris. Après s’être fait tirer l’oreille un brin, il a accepté d’endosser à nouveau les habits de ce personnage «méchant, troublé, pathétique et tellement humain», presque 20 ans après lui avoir prêté corps une première fois, entre 1998 et 2001. Il sera des représentations françaises cet automne et possiblement de la mouture québécoise, qu’on applaudira en 2018.

«J’adore faire du théâtre musical», insiste Daniel Lavoie, qui collabore en outre à un album consacré aux mots de Rimbaud avec Laurent Guardo, et qui devrait voir le jour l’an prochain.

Mes longs voyages, de Daniel Lavoie, est en vente depuis vendredi.

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