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Intimidée par un chauffeur de taxi qui la croyait avec Uber (VIDÉO)

Intimidée par un chauffeur de taxi qui la croyait avec Uber (VIDÉO)

De simples citoyens feront-ils les frais du «mot d’ordre» de l’industrie du taxi pour dénoncer les chauffeurs d’Uber après le 8 septembre?

C’est ce que craint Cindy Vallon. Le 23 août, la jeune femme se baladait en voiture, elle au volant, son mari et leur poupon sur la banquette arrière.

Arrivée à un feu rouge, un chauffeur de la compagnie Taxi Diamond la dévisage et la prend en photo, de même que sa plaque d'immatriculation, avec son téléphone intelligent.

«Je crois que, parce que mon mari est blanc et que je suis noire, de toute évidence cet idiot a pensé que je le conduisais par service illégal, et non, qu'on se baladait en famille», explique Cindy Vallon, une chargée de communication présentement en congé de maternité.

Quand la jeune femme a tenté d’expliquer la situation au chauffeur de taxi, «il m’a fait doigt d'honneur bien haut».

En conférence de presse la semaine dernière, le porte-parole de l’industrie du taxi, Guy Chevrette, a révélé que les chauffeurs de taxi ont commencé à ficher les chauffeurs d’Uber dans leurs secteurs. «Il y a des centaines de photos de plaques de prises déjà, et même de figures», a dit Guy Chevrette.

Si Uber décide de poursuivre ses activités illégalement, les chauffeurs dénonceront ses travailleurs aux autorités. «Il va y avoir un mot d’ordre qui va se passer», a promis Guy Chevrette.

Uber a jusqu’au 8 septembre pour s’entendre avec le gouvernement du Québec afin de poursuivre ses activités légalement dans le cadre d’un projet-pilote. Sinon, l’entreprise et ses chauffeurs s’exposeront à des sanctions plus importantes en vertu du projet de loi 100 adopté au printemps dernier.

«Ça me fait peur»

Cindy Vallon craint maintenant d’être la cible de représailles de la part de chauffeurs de taxi, en plus d’être dénoncée aux autorités. «Cette pratique encouragée par M. Chevrette incite les chauffeurs de taxi à l'intimidation et au harcèlement, estime-t-elle. C'est ridicule, mais surtout dangereux. Ce gars-là a ma plaque et ma photo et je pourrais me faire harceler plus tard.»

«Ça me fait peur», dit Cindy Vallon.

Dans une déclaration acheminée par courriel, Uber Québec déplore ce type de comportement. «Nous dénonçons évidemment toute forme d'intimidation dont les chauffeurs Uber pourraient être victimes», écrit son porte-parole, Jean-Christophe de Le Rue.

De son côté, le porte-parole de l’industrie du taxi, Guy Chevrette, appelle au calme, tout en disant comprendre les chauffeurs. «Il est évident que nous ne sommes pas en faveur d'intimidation ou de toute manœuvre qui pourrait s'y apparenter, a-t-il commenté par courriel. Toutefois, l'exaspération actuelle des chauffeurs est compréhensible, puisque depuis deux ans, ils voient des bandits voler leurs revenus et faire des promesses qu'ils n'ont nullement l'intention de tenir.»

Cindy Vallon a déposé une plainte auprès de Taxi Diamond, grâce au numéro d’identification du chauffeur. L’entreprise poursuit ses vérifications, mais semble peu encline à sévir. «Si elle était sur la rue, je ne vois pas où est le problème», affirme le président-directeur général de Taxi Diamond, Dominique Roy.

«S’il l’a pris en photo, il y a sûrement une raison, poursuit-il. Si c’est un de nos chauffeurs, on va lui demander pourquoi il a fait ça. Si c’est pour dénoncer et que madame ne travaille pas pour Uber, ben je ne vois pas pourquoi elle aurait un problème avec ça.»

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