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«Encore un soir»: Céline Dion a encore le cœur à la fête

«Encore un soir»: Céline Dion a encore le cœur à la fête

On attendait un album mélancolique, nostalgique, fortement teinté par le départ encore récent de René Angélil. Or, si Céline Dion exprime quelconques sentiments en lien avec le décès de l’homme de sa vie sur Encore un soir, son nouvel album en français qui paraît aujourd’hui, vendredi 26 août, c’est une féroce envie de vivre, de regarder vers l’avant, de dire merci. Osons le cliché «Ode à la vie», puisqu’il s’y prête bien.

Encore un soir, c’est le résultat d’années de maturité, le portrait d’une femme de 48 ans qui n’a plus rien à prouver. Comme dans le spectacle qu’elle offre présentement au Québec, dans lequel elle se permet des morceaux moins connus de son répertoire parce qu’elle veut se faire plaisir et s’assume pleinement comme artiste, en ayant de moins en moins peur de déplaire, Céline ne mise pas sur les fioritures vocales et cherche visiblement moins à épater qu’à émouvoir sur Encore un soir. On a l’impression que Céline parle moins d’amour et plus d’elle-même dans cette nouvelle compilation, beaucoup plus qu’elle ne l’a déjà fait. Le matériau de base est suffisamment consistant pour qu’on se soit permis d’y enlever des décorations pour le montrer brut et sans vernis.

L’opus rassemble de grands noms, qui ont pour la plupart une histoire rattachée à Céline. Les textes sont de Jean-Jacques Goldman (le très bel extrait Encore un soir, qui représente l’album à merveille), Francis Cabrel (l’irrésistible Plus qu’ailleurs, qui ouvre la marche), Grand Corps Malade (les accrocheuses L’étoile et Les yeux au ciel, cette dernière s’adressant aux enfants de la chanteuse), Zaho (Tu sauras, Ma faille), Marc Dupré et Nelson Minville (Je nous veux, Toutes ces choses, cette dernière rappelant une parenté avec L’essentiel de Ginette Reno) et Jacques Veneruso (Si c’était à refaire, un doux bilan sans regrets). Plus qu’ailleurs, Ma faille, L’étoile, Les yeux au ciel et Tu sauras recèlent toutes un fort potentiel radiophonique. L’hymne Je nous veux, un peu simpliste, sera rapidement oubliable.

Quant à la version d’Ordinaire réécrite par Mouffe et réappropriée par Céline, plusieurs l’ont décriée, mais on maintient que, dans la bouche d’une femme à l’aube de la cinquantaine ayant atteint de tels sommets, le mariage est sans reproches. On peut ne pas être d’accord avec l’idée de modifier, «dénaturer» un classique, mais on ne peut nier que l’esprit général de la chanson collait déjà bien à la réalité de Céline ; avec les paroles changées, l’idole y trouve de quoi se déposer, regarder en arrière, parler de son monde intérieur d’artiste un peu plus crûment, sans soupeser chaque souffle, avec authenticité et vérité. Ça peut être choquant, mais c’est réussi, même si Céline y «fait de la musique autour d’un verre, avec [sa] mère, [ses] sœurs, [ses] frères.»

Et on salue Daniel Picard, le Québécois gagnant d’un concours lancé par l’équipe de Céline, qui a su cerner la sensibilité de celle-ci, sans la connaître de près, pour créer une jolie prose imagée traitant de la mort avec poésie, avec À la plus haute branche.

Encore un soir n’a pas le potentiel commercial de l’album-culte D’Eux, galette-phare de la discographie de Céline en français ― D’Eux est sorti en 1995, le marché de la musique n’est plus le même depuis de toute façon ―, il ne marquera certainement pas autant les esprits, mais il contient plusieurs bons crus, ravira les admirateurs de Céline ― surtout les plus vieux ― et est porteur d’une belle lumière. Et c’est ce qu’on attend de Céline Dion.

Rappelons que le dernier album en français de Céline Dion, Sans attendre, avait été lancé en 2012.

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