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Comment cette couverture du Elle avec Françoise Hardy a lancé la carrière de Sonia Rykiel

Comment cette Une du Elle a lancé la carrière de Sonia Rykiel

Sonia Rykiel, qui est décédée jeudi 25 août à l'âge de 86 ans, est célèbre pour ses pulls emblématiques, qui ont inspiré bien d'autres créateurs après elle.

Mais c'est une pièce en particulier qui a lancé sa carrière, et une photo: celle de Françoise Hardy en une du magazine Elle en décembre 1963:

La chanteuse de 19 ans y apparait portant un pull tricoté cintré à rayures, et c'est quasiment une révolution. "À l'époque, les féminins et les journaux de mode faisaient leurs couvertures avec la haute couture" se souvient Didier Grumbach, président d'honneur de la Fédération française de la couture, interrogé par Le Monde.

Elle a fait refaire son premier pull sept fois

Comment l'obsession de la créatrice pour le pull est-elle née? En 1962, Sonia Rykiel se trouve dans la boutique de son mari, Laura, située dans le 14e arrondissement de Paris. Elle expliquait au quotidien en 2013: "Une représentante italienne est venue trouver mon mari avec deux valises pleines de pulls. Ils n'étaient pas élégants, pas ravissants, alors je lui ai demandé: 'Est-ce que vous feriez un pull pour moi? Je ne sais pas comment m'habiller, ça me ferait plaisir d'en porter un'. Elle a répondu: 'Je vais demander à mes patrons, ils sont très gentils...'Ensuite, elle est repartie à Venise."

Lorsque le pull a été livré chez Laura, Sonia Rykiel, insatisfaite, l'a fait reprendre, sept fois: "Une fois, il était trop large, ou pas assez, ou encore les épaules étaient trop importantes, les manches trop courtes. Il fallait lui donner... comment dire... une attitude différente. A la septième fois, c'était devenu une merveille" se souvient la créatrice.

Court, en maille fine, très près du corps, fluide, coloré, le vêtement a immédiatement séduit. "J'en ai acheté tout de suite plusieurs", se souvient l'écrivaine Madeleine Chapsal, proche de la couturière, interrogée par Le Monde. "A l'époque, on travaillait la maille avec un point épais, cela donnait des vêtements lourds, des vestes massives et droites. C'était les tailleurs Tricosa, ou d'énormes gilets, pour des femmes cossues, mais sans style" ajoute Marie Rucki, la directrice du Studio Berçot, école de stylisme parisienne.

L'ancienne journaliste de mode Alice Morgaine rappelle qu'à l'époque, "le pull pour femmes était ringard. On l'assimilait à un vêtement d'homme, aux gros chandails de Jean Marais, aux sports d'hiver. Sonia Rykiel le réinvente, elle en fait une tenue féminine, collant comme une seconde peau."

De Françoise Hardy à Audrey Hepburn

Entre 1962 et 1968, Sonia Rykiel va décliner son pull dans toutes les couleurs pour la boutique de son mari, et rapidement introduire les rayures, qui vont devenir son autre marque de fabrique.

Après Françoise Hardy dans Elle, le succès est immédiat. Audrey Hepburn vient chez Laura, celle-ci "était prête à acheter toutes les couleurs, se souvenait Sonia Rykiel en 2008 dans Gala. La vendeuse a dit non. On en avait si peu, que nous devions les cacher! Il ne serait rien resté pour les autres! Très vite, je suis devenue amie avec les rédactrices en chef des magazines américains, le magazine WWD m’a consacrée reine du tricot dans le monde. Elles étaient très séduites par mon travail, plus que les Françaises."

Ensuite c'est Brigitte Bardot, Sylvie Vartan, et d'autres jeunes célébrités, qui se font photographier avec un des petits pulls, rajeunissant la clientèle de Laura. "Ça a été une traînée de poudre dans Paris, une jeune styliste faisait des pulls formidables pour les femmes" poursuit Madeleine Chapsal.

En 1968, les créations de Sonia Rykiel (pulls, tuniques, pantalons) représentent 60% du chiffre d'affaires de Laura, contre 5% en 1962. La même année, elle lance sa propre marque, et ouvre sa première boutique à Saint-Germain-des-Prés. La carrière de la "reine de la maille" était lancée.

March 1984

Sonia Rykiel

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