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«J'aime Hydro»: Christine Beaulieu enquête sur la société d'État et son avenir

«J'aime Hydro»: Christine Beaulieu enquête sur la société d'État
Alexi Hobbs

Avant d’apparaître dans quatre téléséries au cours des prochains mois (Les Pêcheurs, Ruptures, Lâcher Prise et Victor Lessard), Christine Beaulieu présentera à La Licorne le résultat de l’enquête citoyenne qu’elle mène depuis deux ans sur Hydro-Québec.

Questionnant la pertinence de son expansion, sa transparence, son évolution et son rapport avec la population, la comédienne souhaite rendre le tout comestible et vivant. «Je veux que tout le monde comprenne et me suive facilement. Y a du contenu en masse, mais je n’avais pas envie que ce soit trop chargé. Je sélectionne l’information et j’accorde beaucoup d’importance au rythme et à l’humour.»

Alors que les docu-théâtres explorent généralement le contexte d’un drame – Grain(s) remettait en question la poursuite en justice d’un fermier canadien intentée par Mosanto, Sexy Béton enquêtait sur l’effondrement du viaduc de La Concorde et Freddy mettait en lumière les circonstances systémiques ayant mené au drame de l’affaire Villanueva – Christine Beaulieu enquête elle aussi sur un dossier chaud impliquant Hydro : son avenir.

«En ce moment, il y a une confrontation avec plusieurs économistes qui affirment que ce n’est plus rentable de construire de nouveaux barrages, en fonction des investissements et du rendement au kilowattheure, résume la comédienne.»

Durant son enquête, elle a replongé dans l’histoire d’Hydro, née d’un mouvement d’affirmation nationale et devenue propriété du gouvernement en 1964 par René Lévesque sous le règne de Jean Lesage, avant de se transformer en instrument politique et de, peut-être, construire des barrages inutiles. «Ça fait plus de 100 ans qu’on fait de l’hydroélectricité, mais sommes-nous rendus à une autre ère? Doit-on arrêter?» se questionne-t-elle.

Citoyenne engagée

Pour trouver des réponses, elle a visité des barrages, participé à des audiences publiques, rencontré des groupes citoyens et même des hauts dirigeants d’Hydro. «Étonnamment, je n’ai senti aucune fermeture de la part d’Hydro. Mes communications avec eux font partie du spectacle. Je crois que depuis l’arrivée du nouveau PDG, Éric Martel, il y a une volonté d’être transparent et de briser l’image de mauvaise communication. Il y a cinq ans, c’aurait probablement été différent…»

Tout au long de la pièce, les spectateurs suivent donc la comédienne dans son processus de compréhension. «Par exemple, on me voit lors des consultations publiques sur la nouvelle politique énergétique: ma question était mal posée et j’étais super stressée, mais je partais de zéro. J’assume mon zéro. J’avais envie de montrer une citoyenne qui tente de se servir des plateformes offertes par le gouvernement pour comprendre ce qui se passe.»

Au final, la docu-dramaturge ne prend jamais entièrement position. «Le but n’était pas de faire du bashing d’un bord ou de l’autre, mais de donner de l’espace à tout le monde. N’empêche, je suis une humaine avec des sentiments et je mets parfois de l’avant des éléments qui me font réagir. Je ne suis pas neutre. Les gens ressentent ce que je vis. Mais c’est toujours fait avec un grand respect de l’autre point de vue.»

Grande curieuse – elle a déjà envisagé devenir enquêteuse de police –, Christine Beaulieu n’aurait pourtant jamais envisagé de se lancer dans une aventure pareille, sans la suggestion d’Annabel Soutar, la reine québécoise du docu-théâtre, que l’actrice a personnifiée sur scène en 2013 dans Grain(s).

«Annabel a vraiment confiance en moi, je ne sais pas pourquoi… Heureusement, elle me conseille à chaque étape du processus. C’est une femme que je trouve extrêmement brillante. Je la suis les yeux fermés. Elle me propulse!»

Parler du «je» pour toucher le «nous»

Soutar la pousse entre autres à livrer une large part d’elle-même. «Je me sens vraiment vulnérable dans cette position. Je me suis toujours sentie bien en me cachant derrière un personnage. Mais Annabel sait que plus l’enquête est personnelle, plus elle rejoint les gens. Elle a raison. Alors je pousse plus loin. Je ne divulgue pas ma vie privée, mais je mets en contexte mon éducation et mon environnement. Je dis 1000 fois que j’ai peur et je raconte que je veux parfois tout câlisser ça là.»

Heureusement pour le public, elle continue d’enquêter. Les spectateurs de La Licorne verront les trois premiers épisodes de son enquête, qui culminera au printemps 2017, à l’Usine C, avec la présentation de cinq volets. Le projet en entier sera également archivé sous forme de podcast dès l’automne 2017, afin de rendre son contenu accessible à tous.

Grosse année télé

Naviguant entre les productions docu-théâtrales et les projets au rayonnement plus «populaire», Christine Beaulieu sera vue cet automne à La Licorne et dans Les Pêcheurs, où elle reprend un rôle d’agente d’immeuble aperçue il y a deux ans, aux côtés de Martin Matte, Jean-François Mercier et Martin Petit.

À l’hiver, le public la verra aussi jouer une prostituée dans Victor Lessard et une femme plongée dans une situation bien délicate dans la deuxième saison de Ruptures. « L’ex de mon personnage est un client d’Ariane Beaumont, ils ont eu un enfant ensemble et mon personnage est en amour avec un gars sur qui planent des allégations de pédophilie. Le père ne veut pas que l’enfant soit dans la même maison que le nouveau chum. Sur deux épisodes, on explore la présomption d’innocence et si on peut faire confiance à quelqu’un qui veut se replacer d’une déficience aussi grave. Ça va être intense!»

La pièce J’aime Hydro sera présentée à La Licorne du 30 août au 10 septembre 2016. Cliquez ici pour plus de détails.

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