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Des «Feux» absolument envoûtants à Radio-Canada

Des «Feux» absolument envoûtants à Radio-Canada
Courtoisie Radio-Canada

Un retour dans le passé, alors que rage un grave incendie. Un petit garçon bouleversé réconforté par son papa. Et la gardienne qui les fixe du regard, troublée. Qui regarde le père, surtout. Déjà, on flaire quelque chose de pas net.

Les journalistes chanceux qui ont pu voir les premiers épisodes de Feux vous le confirmeront tous : cette scène de départ vous aspirera littéralement et vous donnera instantanément envie de découvrir les secrets enfouis des familles Lemaire, Grenier et Maher, de cerner les raisons de ce feu qui a causé des souffrances insoupçonnées.

Dans sa nouvelle série, Serge Boucher, plume majeure du théâtre québécois et maître d’œuvre de Aveux et Apparences, réitère avec brio l’accomplissement réussi avec ses deux premières offrandes télévisées : nous river à l’écran avec une histoire forte et bien construite, un récit familial savamment ficelé aux personnages aux multiples facettes, pleins de nuances et de recoins psychologiques, en ramenant deux thèmes porteurs de son œuvre, soit «toute vérité est-elle bonne à dire?» et «le passé finit toujours par nous rattraper».

Au bout de quelques minutes, on sent déjà le mystère, le suspense, on voudrait deviner sur-le-champ le pourquoi du comment, qui a fait quoi, qui est lié à qui. Une atmosphère parfois pesante – mais jamais trop -, et parfois très légère, magnifiquement mise en images par le réalisateur Claude Desrosiers et portée par la musique très présente du compositeur Patrick Lavoie.

Feux, c’est tout à fait le genre de fiction dont Radio-Canada pourra se servir pour attirer les curieux sur sa plateforme payante Tou.tv Extra en y déposant des épisodes en exclusivité, avant leur diffusion à la télévision, quelque part en cours de saison. On devine bien que ça se produira mais, d’ici là, il vous faudra patienter jusqu’au lundi 12 septembre, à 21h, pour plonger dans la trame brûlante de Feux.

L’histoire

Feux débute donc avec ce flashback de 1982, ce louche incendie. Puis, en 2016, survient la rencontre fortuite qui donnera lieu au jeu de dominos de l’éclatement des vérités cachées.

Jeune agent immobilier à la joie de vivre contagieuse, Marc Lemaire (Alexandre Goyette) aborde une jolie femme pour tenter de l’intéresser à l’une de ses maisons. En quelques phrases, il comprend qu’il a affaire à Claudine Grenier (Maude Guérin), sa gardienne lorsqu’il était enfant, à Rimouski. C’est en fait elle qui prenait soin de lui le soir où sa résidence a flambé et où sa mère a péri sous les flammes, il y a plus de 30 ans, lorsqu’il avait 7 ans. Le drame, apprendra-t-on plus tard, est survenu un 22 juin, même date que l’anniversaire de Claudine. Un hasard? Dans l’univers de Serge Boucher, probablement pas.

Même si Marc déborde d’enthousiasme de la croiser, qu’il est gentil et charmeur, Claudine, de son côté, ne semble pas particulièrement emballée par ces retrouvailles et tente rapidement d’y mettre un terme.

Directrice générales des ressources humaines dans une grande entreprise, Claudine est l’exemple parfait de la femme bon chic, bon genre, presque snob, à qui tout réussit, dont l’existence avance en ligne droite, en couple depuis 28 ans avec un homme adorable, Rémi Maher (Daniel Brière), et assez à l’aise financièrement pour envisager acheter un condo à son fils de 19 ans, Alexandre (Gabriel Szabo), qui souhaite s’établir en appartement avec sa copine. Sa fille, Stéphanie (Camille Felton), une curieuse à l’énergie débordante, est parfaitement saine et se consacre aux préparatifs de la fin de son secondaire. Tout, dans le petit monde de Claudine, respire l’impeccable, de la vue de son bureau au sommet du centre-ville de Montréal aux petits plats qu’elle mitonne le week-end pour se détendre.

Visiblement envoûté par celle dont il était entiché lorsqu’il était gamin, Marc relance Claudine pour un lunch, qu’elle acceptera du bout des lèvres, avant d’imposer à nouveau une distance. Mais la vie et ses circonstances auront tôt fait de les ramener dans le même sillage. Bientôt, c’est tout le clan Maher qui se retrouvera en contact avec les Lemaire, non seulement Marc, mais aussi sa conjointe, Mylène (Fanny Mallette), et leur jeune bébé, Hervé.

Ainsi que Jacques (Denis Bernard), le père de Marc, et son amoureuse, Hélène (Sylvie Léonard). Marc voue un culte à son père, ancien pédopsychiatre devenu pasteur évangéliste, un être en apparence calme et serein… dont le visage prendra une bien drôle d’expression lorsqu’il réentendra parler de Claudine. Jacques est peut-être l’un de ceux qui en a le plus à cacher par rapport à la mort de sa femme.

Dès la deuxième heure, une suite d’événements nous emmènera en outre sur la trace d’un certain Jean Forget, maintenant décédé, qu’aurait fréquenté Claudine à l’époque de l’incendie, et sa sœur, Francine Forget (Isabelle Vincent), qui gagnera en importance au fur et à mesure que Feux se déploiera. Francine est peut-être détentrice d’une ou deux clés de l’énigme.

Sur papier, toute la prémisse de Feux laisse entendre qu’une aventure pourrait se dessiner entre Claudine et Marc, maintenant qu’ils sont tous deux adultes et consentants, mais on se demande si c’est bien cette tangente que prendra l’intrigue, ou si les étincelles ne crépiteront pas plutôt lorsque Claudine reverra Jacques.

Il faudra aussi surveiller de près les parents de Claudine, Gisèle (Louise Turcot) et Lionel (Michel Forget), et sa sœur, Carole (Valérie Blais). Chez eux aussi, l’évocation des Lemaire et du tragique incendie de jadis revêt un caractère tabou. Même le regard de Lionel, aphasique – on anticipe déjà des scènes marquantes avec Michel Forget – hurle au malaise lorsqu’il est question de Marc Lemaire.

Chose certaine, quels que soient les rebondissements, ils se joueront certainement en finesse et en réalisme, Serge Boucher n’ayant pas son pareil pour exposer les petites tranches du quotidien, ces dialogues de tous les jours qu’on entend dans la «vraie vie», ces réalités en apparence insignifiantes qui insufflent encore plus d’âme à ses fictions. Ici, Rémi interrompt une conversation pour aller à la salle de bain, là, Marc détaille ses instructions à Stéphanie, qui vient garder son fiston pour la soirée, en lui servant le classique du genre «ne te gêne pas, fouille dans le réfrigérateur si tu as faim et soif». C’est inséré délicatement, ça ne ralentit aucunement le déroulement de la série, et lui donne ô combien plus de consistance. À cet égard, Claude Desrosiers parle d’une «vérité dans le drame», et Serge Boucher, de ces «petits détails qui font que Feux s’enflamme». Et embrasera les téléspectateurs, il va sans dire.

Sous le chapeautage du producteur André Dupuy d’Amalga, le tournage de Feux s’est tenu à Montréal, de la mi-avril à juillet. La saison se bouclera définitivement en 10 épisodes.

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