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À cause de ce geste aux Jeux olympiques, le médaillé d'argent du marathon Feyisa Lilesa risque la mort (VIDÉO/PHOTOS)

Le geste de ce marathonien à Rio pourrait lui coûter la vie (VIDÉO/PHOTOS)

Bras croisés au-dessus de la tête, c'est un geste lourd de sens et de conséquences que le champion éthiopien Feyisa Lilesa a affiché dimanche 21 août, au dernier jour des Olympiades.

À Rio sur les coups de midi, Feyisa Lilesa franchit la ligne d'arrivée de l'épreuve de marathon masculin derrière le Kényan Eliud Kipchoge. À peine finit-il la course que le coureur fait ce geste qu'il expliquera plus tard aux journalistes lors d'une conférence de presse. Un geste qui peut lui valoir la mort.

"C’est un signe de soutien aux manifestants qui sont tués par le gouvernement de mon pays. Ils font le même signe là-bas. Je voulais montrer que je n’étais pas d’accord avec ce qui se passe, j’ai des proches et des amis en prison. Le gouvernement tue mon peuple, les Oromos, des gens sans ressource."

Il confie ensuite que ce geste de rébellion peut-être puni de prison, d'exclusion ou bien de mort. Assumant pleinement ce soutien aux militants de son pays, le marathonien n'a pas hésité à réitérer le geste face aux caméras et aux appareils photo.

L'athlète ne court aucun risque, affirme le gouvernement

Par la voix de la radio d'État, le gouvernement éthiopien a assuré lundi que le marathonien ne sera pas inquiété s’il rentre dans son pays. «Lilesa ne rencontrera aucun problème en raison de sa prise de position politique», a affirmé lundi le porte-parole du gouvernement, Getachew Reda, cité par la station de radio Fana.

«Bien qu’il soit impossible d’exprimer un point de vue politique aux Jeux olympiques, l’athlète sera accueilli lors de son retour à la maison au même titre que les autres membres de l’équipe olympique éthiopienne», a-t-on ajouté de même source.

Les deux principales ethnies d'Éthiopie, les Oromos et les Amharas, manifestent depuis plusieurs semaines contre le gouvernement appartenant principalement à l'ethnie des Tigréens. 50 manifestants sont morts lors d'une manifestation à Oromo le week-end du 6 au 7 août où le gouvernement a réprimé la contestation de manière sanglante.

À ce sujet, le marathonien Feyisa Lilesa ajoute: "L’Éthiopie a beaucoup d’ethnies. Certains ont été privés de leurs terres, tués par le gouvernement. On défend nos droits, on veut la paix, la démocratie. Pour mon peuple, c’est important de parler de ces sujets. Il y a des manifestations depuis neuf mois, plus de 1000 décès je pense. C’est dangereux de parler de ça, mais les pays occidentaux supportent ce gouvernement. Pourquoi ?" Pour le moment, l'Éthiopien envisage de rester au Brésil quelque temps, en espérant obtenir plus tard un visa pour rejoindre le Kenya ou les États-Unis.

Ce n'est pas la première fois que les Jeux Olympiques sont les hôtes de messages politiques aussi forts venant des athlètes. En 1968 aux Jeux Olympiques du Mexique, Tommie Smith et John Carlos ― respectivement médaille d'or et médaille de bronze du 200m ― lèvent tous deux le poing vers le haut, geste associé aux Black Panthers, mouvement révolutionnaire afro-américain. En 1980 à Moscou, le Polonais Wladyslaw Kozakiewicz décroche la médaille d'or en finale de saut à la perche et adresse un bras d'honneur au public moscovite alors que les relations entre la Pologne et l'Union Soviétique sont tendues. En 2008 à Pékin, l'haltérophile Szymon Kolecki se rase le crâne en soutien aux moines tibétains dont les manifestations étaient violemment réprimées.

Avec Agence France-Presse

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