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Les jeunes et les réseaux sociaux: quelques outils pour les parents

Les jeunes et les réseaux sociaux: quelques outils pour les parents
Two teenage boys sharing laptop and headphones in room
Caiaimage/Tom Merton via Getty Images
Two teenage boys sharing laptop and headphones in room

Facebook, Twitter, Instagram, Snapchat, pour de nombreux parents d'enfants et d'adolescents, il est plutôt difficile de se retrouver dans cet univers virtuel en constante évolution. Bruno Guglielminetti, spécialiste des nouvelles technologies et des médias numériques, nous éclaire quant aux règles d'or et aux précautions à prendre afin que soit saine l'utilisation des technologies numériques à la maison. Le Huffington Post l'a rencontré.

Vivre bien de son temps

S'il est important de mentionner l'aspect légal entourant l'utilisation des réseaux sociaux, Bruno Guglielminetti insiste d'abord sur le fait que c'est à chaque parent de déterminer l'âge ou le moment idéal où son enfant pourra faire son entrée dans ce monde de tous les possibles.

«L'âge légal pour s'enregistrer sur un service Internet aux États-Unis est 13 ans, explique-t-il. Bien que ce ne soit pas une loi au Canada, on a choisi de suivre celle-ci, car la plupart des gros sites web nous viennent des États-Unis. Selon moi, c'est tout de même aux parents que revient la décision de laisser leur enfant ou leur adolescent devenir membre d'une communauté comme Facebook, car ce sont les personnes les mieux placées pour évaluer le degré de maturité de leur jeune. Et comme il n'y a pas un enfant possédant la même maturité que l'autre, cela devient du cas par cas.»

Si 1 milliard de personnes sur Terre utilisent aujourd'hui Facebook Messenger pour communiquer, ce n'est pas sans portée ni sans raison.

«Du moment que les enfants sont à la fin du primaire ou au début du secondaire, ils veulent être présents sur les réseaux sociaux, ajoute-t-il. Dans notre temps, il y a eu les parcs, puis les dépanneurs où les jeunes se retrouvaient. Ensuite, avec l'arrivée d'Internet, les jeunes se sont mis à se tenir à la maison et à utiliser des sites de «chat» pour discuter. Aujourd'hui, socialement si tu veux faire partie de la "gang", tu te dois d'être présent sur les réseaux sociaux. Refuser à ton enfant d'en faire partie équivaut à l'empêcher de socialiser, à lui dire «non, tu ne vas pas jouer avec tes amis, tu ne fais pas partie de la "gang".» Qui veut faire cela? Par contre, il reste à savoir à partir de quel âge son enfant est capable de le faire en suivant les codes de comportements et de sécurité.»

S'il est important de conscientiser jeunes et adultes aux pièges pouvant entourer l'utilisation des réseaux sociaux, il convient aussi de pointer les nombreux aspects positifs qui en découlent.

«Il y a, évidemment, l'important volet de socialisation, explique Bruno Guglielminetti. En se connectant sur Facebook, le jeune évite de couper le lien avec ses amis, même lorsqu'il est à la maison. Car oui, la vie après l'école se passe désormais en partie sur les réseaux sociaux. L'adolescent peut aussi garder le contact avec ses amis qui se trouvent loin et les membres de sa famille comme les cousins, cousines qu'il ne voit pas souvent.»

Les réseaux sociaux permettent aussi aux jeunes de découvrir une vie sociale extérieure à leur environnement. «S'il aime une équipe de sport, une vedette ou une marque de vêtements, le jeune peut les suivre sur Facebook et s'identifier à eux tout en participant à la discussion. Ce sont des actions qui lui permettent de vivre de son temps et en société.»

Parler reste la clé

Bruno Guglielminetti l'a répété à de nombreuses reprises lors de notre entretien, «tout est dans la discussion et non dans l'oppression» en ce qui concerne l'utilisation des réseaux sociaux par les adolescents. «Rien ne sert de démoniser tout cela. C'est la discussion qui est la clé et qui contribuera à faire avancer le jeune dans sa réflexion.»

Pour ce père de deux enfants, les dangers reliés à cette pratique sont similaires à ceux se retrouvant dans la société. «On ne fait que les déplacer dans le monde virtuel. La grosse différence, c'est la portée qui est beaucoup plus grande si l'on compare, par exemple, avec l'enfant qui se faisait intimider en petit groupe à l'école jadis.» Cybersécurité, cyberintimidation (qui touche 1 jeune sur 10 au pays), communication et prédateurs sexuels, facilité de diffusion; ces dangers sont bien réels.

«La première règle, quand on a un enfant et peu importe son âge, est de rendre son inscription sur Facebook conditionnelle au fait d'y être «son ami», de façon à avoir accès à ses publications. Évidemment, si l'enfant est un peu «techno», il pourra toujours faire des trucs dans le dos de ses parents, mais il y a toujours des tantes, des oncles ou des amis pour venir en parler si quelque chose cloche.»

«Je connais des parents qui possèdent les codes de sécurité de leurs enfants. Cela peut être une bonne chose, selon la relation du parent avec son enfant. Je trouve tout de même que cela s'avère un peu invasif; cela équivaut à demander l'accès au journal intime de son enfant. Il faut faire preuve de respect. Par contre, le parent pourrait demander à son enfant de glisser ses mots de passe dans une enveloppe cachetée qu'il pourra, un jour, utiliser s'il en ressent le besoin ou s'il survient une situation malencontreuse.»

Quelques conseils aux parents

Des nombreux conseils qu'il pourrait offrir aux parents d'enfants et adolescents branchés, Bruno Guglielminetti insiste sur ceux-ci:

-S'assurer que le jeune soit à portée de vue, lorsqu'il utilise l'ordinateur pour fréquenter les réseaux sociaux. «Évidemment, c'est plus difficile à faire avec les téléphones intelligents et les tablettes, mais bon. En s'assurant que l'ordinateur utilisé se trouve dans un endroit où il y a un parent de passage de temps en temps, il devient possible de voir si son jeune se trouve dans une situation stressante, car c'est quelque chose qui se verra sur son visage.»

-Discuter avec son enfant afin de savoir ce qui se passe d'intéressant sur Facebook, dans ses courriels et à l'école en ce moment. «Jaser avec lui, de temps en temps, en posant des questions ouvertes et sur un air un peu détaché semble souvent moins intrusif à ses yeux.»

-Parler! «Tout est dans la prévention. On prend beaucoup de temps, quand ils sont petits, à leur parler de prévention pour traverser la rue, à l'école, etc., mais les réseaux sociaux font maintenant aussi partie de leur réalité. Ils vont y passer beaucoup de temps et il y a des conseils d'utilisation qui sont effectivement importants.»

-Le parent se doit de s'éduquer sur le phénomène des réseaux sociaux. «Il existe d'ailleurs des sites pour cela. Les parents doivent se renseigner, demander de l'aide autour d'eux et avoir ensuite une discussion avec leur jeune sur le sujet. Idéalement, le parent se devrait d'avoir son propre compte Facebook afin de comprendre comment tout ça fonctionne (ou encore, demander à une personne de confiance de suivre son jeune). Il faut mettre le jeune en contexte, l'éduquer et voir s'il se sent à l'aise là-dedans. Puis, de temps en temps, évoquer tout cela avec lui. Bref, discuter, dialoguer.»

-Établir des règles de base avec son enfant. Par exemple, ne lui permettre de ne parler qu'à ses amis et aux gens qu'il connaît depuis longtemps. Ou encore, lui faire promettre de venir vous en parler tout de suite s'il voit quelque chose qui le rend mal à l'aise en lui disant «viens me voir, on va en discuter ensemble.»

-Interdire ne donne rien. Tout doit venir de la personne elle-même. «On peut faire comprendre à son jeune qu'elle doit dire à ses amis de lui demander la permission avant de publier une photo sur laquelle il se trouve, par exemple. Il faut conscientiser son enfant pour qu'il comprenne et non simplement interdire pour interdire.»

-«Il faut arrêter de penser que tout cela (Facebook, Internet, les jeux vidéo) est un système de gardienne.»

-«L'arme ultime du parent reste le contrôle de l'accès Internet. Parce qu'un routeur, ça se débranche si cela s'avère nécessaire!»

«Tous les filtres parentaux du monde ne feront pas autant d'effet que la conscientisation, ajoute Bruno Guglielminetti. Être parent, c'est être là pour accompagner quelqu'un dans sa vie. Tu le mets au monde, mais ensuite il devient quelqu'un. Tu es là pour l'aider à progresser, tu l'aides à éviter les problèmes, mais à un moment, ce sont ses décisions. S'il a un tant soit peu d'intelligence et de réflexion, il y a des choses qu'il ne fera pas et d'autres qu'il fera et qui l'aideront à apprendre. Mais on ne peut pas prendre les décisions à leur place.»

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