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Bois d'oeuvre : il sera «difficile» d'en arriver à une entente avant la date butoir

Bois d'oeuvre : «difficile» d'en arriver à une entente avant l'automne

OTTAWA – Il est peu probable que le Canada et les États-Unis en arrivent à un accord sur le bois d’œuvre résineux avant la date butoir avant cet automne, ont admis des hauts fonctionnaires du gouvernement fédéral.

Le Comité permanent du commerce international s’est réuni jeudi matin, à la demande de quatre membres des partis d’opposition, pour faire le point sur ce secteur qui génère plus de 350 000 emplois au pays.

Le négociateur en chef du Canada, Martin Moen, a expliqué devant le comité que le gouvernement Trudeau se prépare à « toute éventualité ». Il « vise à avoir une bonne entente », mais qu’il sera « difficile » d’en venir à bout avant le 15 octobre, qui marque le premier anniversaire depuis l’échéance de l’accord.

« Les représentants canadiens nous ont dit, en des termes très clairs, que l’absence d’entente est préférable à une mauvaise entente. Nous devons donc nous préparer à la possibilité de ne rien conclure et à ce que le Canada doive, une fois de plus, s’en remettre à des enquêtes sur les accords commerciaux et à des litiges commerciaux », a prévenu Moen.

Pour l’instant, les États-Unis ne peuvent pas imposer de tarifs douaniers sur le bois d’œuvre canadien. Mais la période de grâce prendra fin à la mi-octobre et les producteurs américains pourraient demander l’imposition de nouvelles barrières après cette date.

Le premier ministre Justin Trudeau a profité de sa visite à Washington, en mars dernier, pour parler du dossier du bois d’œuvre avec le président américain Barack Obama. Il a répété l’exercice en juin dernier, en marge du Sommet des leaders nord-américains à Ottawa.

"Les représentants canadiens nous ont dit, en des termes très clairs, que l’absence d’entente est préférable à une mauvaise entente."

Les deux chefs d’État avaient convenu de poursuivre des négociations de façon intensive afin d’en arriver à un accord. Selon le bilan présenté par Martin Moen, 12 rencontres en personne et de nombreuses téléconférences ont eu lieu entre les représentants canadiens et leurs homologues.

Le négociateur en chef a parlé de discussions « constructives », mais a laissé tomber que les représentants étaient « encore loin de s’entendre sur des questions clés » et devront combler des « écarts profonds » avant d’en arriver à un nouvel accord.

En juin dernier, le premier ministre Trudeau avait lui aussi parlé d’un « enjeu extrêmement difficile » entre les États-Unis et le Canada. Il se réjouissait toutefois de voir que sa relation était plus chaleureuse avec le président Obama, qui termine son mandat.

L’opposition en furie

Les discussions ont tourné au vinaigre en comité, lorsque députée libérale de Rivière-des-Mille-Îles, Linda Lapointe, a remis en question la pertinence de la rencontre d’une heure, jeudi matin.

« J'aimerais faire un commentaire au sujet de notre rencontre aujourd'hui. En fait, j'étais contrariée. Je pense que de recommencer cette discussion nous fait perdre du temps et de l'argent », a-t-elle dit.

« Gaspiller du temps et de l’argent [pour protéger] 350 000 emplois. Êtes-vous sérieuse? » a rétorqué Randy Hoback, un député conservateur de la Saskatchewan.

Les membres ont déjà rencontré des gens de l’Ouest canadien, de l’Ontario et du Québec afin de faire le point sur le dossier du bois d’œuvre, a fait valoir Linda Lapointe. Ils ont ensuite remis un rapport et des recommandations au ministère du Commerce international.

« Oui, les emplois, j’y tiens aussi. Ces gens-là [les représentants du gouvernement canadien] travaillent avec confiance et ils travaillent très fort. Il faut leur laisser le temps. Je veux juste que vous sachiez que c’était des choses qu’on avait déjà faites », a répliqué la députée.

Tant les conservateurs que le NPD ont tourné ses propos en ridicule après la rencontre du comité. La porte-parole néodémocrate en matière de Commerce international a dénoncé la situation sur Twitter.

« Les libéraux disent que la réunion extraordinaire du comité sur le commerce du bois d’œuvre est une perte de temps, mais des milliers d’emplois canadiens sont en jeu!!! »

Le député conservateur Todd Doherty, lui aussi membre du comité, a accusé les libéraux de tourner le dos aux familles canadiennes qui dépendent de l’industrie forestière.

« Les propos tenus aujourd’hui par la députée libérale de Rivière-des-Mille-Îles et le fait que le négociateur en chef du Canada sur le bois d’œuvre pense qu’il est improbable de conclure une nouvelle entente sont extrêmement préoccupants », a-t-il fait savoir.

La prochaine rencontre prévue entre les négociateurs canadiens et américains aura lieu le 25 août. Par la suite, ils devraient se rencontrer « très régulièrement », a expliqué Martin Moen.

Québec demeure confiant

Du côté de gouvernement de Philippe Couillard, on demeure confiant qu’il y aura un nouvel accord sur le bois d’œuvre canadien qui respecte les demandes de Québec.

Pour l’instant, « il n’y a rien qui laisse croire qu’il n’y aura pas d’entente » avec les États-Unis, soutient Cynthia St-Hilaire, l’attachée de presse de la ministre de l’Économie Dominique Anglade.

Québec demande à ce que :

  • Le nouvel accord tienne compte du nouveau régime forestier québécois;
  • La part du marché américain réservée au Québec en vertu de l’accord de 2006 soit préservée;
  • L’exclusion se poursuive pour les quelques 30 scieries québécoises près de la frontière américaine qui s’approvisionnent des forêts du Maine.

Ce printemps, la ministre Anglade ainsi que son collègue des Forêts et des Parc, Laurent Lessard, ont écrit à la ministre fédérale du Commerce international, Chrystia Freeland, afin de lui faire part de leurs préoccupations.

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