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Un serveur de Sherbrooke arrêté pour une erreur qui a failli s'avérer mortelle (VIDÉO)

Un serveur de Sherbrooke arrêté pour une erreur qui a failli s'avérer mortelle (VIDÉO)

Un serveur du restaurant Le Tapageur de Sherbrooke a été arrêté mercredi. On lui reproche d'avoir servi du saumon à un client qui y était fortement allergique. Simon-Pierre Canuel, un résident de Gatineau, a officiellement porté plainte contre lui quelques semaines après avoir frôlé la mort. Le serveur pourrait avoir à répondre à une accusation de négligence criminelle.

« Le 29 mai dernier, vers 21 h, le plaignant s'est rendu dans un restaurant de la rue King Ouest. Sur place, il commande un tartare de boeuf et avise au passage le serveur qu'il est allergique sévèrement aux fruits de mer et au saumon. Il lui demande aussi d'aviser le personnel en cuisine afin d'éviter toute contamination possible. Au moment de la commande, le serveur n'aurait pris aucune note, n'aurait jamais été en cuisine pour parler au personnel », explique le porte-parole du Service de police de Sherbrooke, Martin Carrier.

Lorsque le serveur lui apporte son plat, comme c'est plutôt sombre dans le restaurant, Simon-Pierre Canuel ne se méfie pas et avale une première bouchée. « Avec la lumière tamisée, ce n'est pas évident de faire la différence entre les deux plats, surtout s'il y a de la mayonnaise d'utilisée. Ça peut porter à confusion », raconte le plaignant.

C'est en avalant le saumon qu'il se rend compte que ce n'est pas du boeuf comme il avait commandé. « J'ai informé mon conjoint qui est médecin résident. Il a confirmé que c'était bien du saumon et il m'a dit qu'il fallait aller à l'hôpital. On a avisé le serveur qui s'est excusé en me disant qu'il allait m'apporter du boeuf. C'est à ce moment que j'ai commencé ma réaction anaphylactique et à avoir des difficultés respiratoires. »

M. Canuel a été hospitalisé aux soins intensifs du Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke (CHUS) pour traiter sa grave réaction allergique. « J'ai fait un arrêt cardio-respiratoire le lendemain. Ça s'est produit sur une réaction rebond, c'est une deuxième réaction allergique à la suite de la première. J'ai frôlé la mort. » Selon lui, il a également été dans le coma quelques jours.

La victime n'avait pas son Épipen sur elle. « J'étais très fatigué. J'avais eu une journée épuisante. Malheureusement, je l'avais oublié dans l'auto. »

Du jamais vu

C'est après avoir discuté avec un ami avocat que M. Canuel décide de ne pas en rester là. Une plainte formelle est déposée au Service de police de Sherbrooke le 21 juillet dernier. « Des témoins ont été rencontrés puis le serveur, un homme âgé de 22 ans, a été arrêté mercredi. Il a été remis en liberté sous promesse de comparaître. Le dossier a été soumis pour analyse à la Cour », ajoute M. Carrier.

Selon le porte-parole du SPS, c'est du jamais vu qu'une plainte de négligence criminelle visant un serveur soit déposée. « C'est dans ce genre d'histoire, c'est excessivement rare. Il faut comprendre que la négligence criminelle, c'est que quiconque soit en faisant quelque chose ou en omettant de faire quelque chose qui est dans son devoir d'accomplir montre une insouciance déréglée ou téméraire à l'égard de la vie ou de la sécurité d'autrui. »

Parce que, selon le plaignant, le serveur n'a pas pris en note sa condition, qu'il n'est pas allé aviser les cuisiniers de sa condition et qu'il était plutôt occupé à une autre table à discuter, à rire et à boire de l'alcool avec d'autres clients, il y a négligence criminelle.

Recours civil

Simon-Pierre Canuel a également intenté un recours civil. Une première mise en demeure a été envoyée au restaurant. « On ne m'a jamais contacté. Jamais. »

Bien qu'il se soit sorti d'affaire, Simon-Pierre Canuel a toutefois encore des effets de cette histoire. « Ça arrive encore régulièrement que le soir, j'ai peur de me coucher et de ne pas me réveiller. J'ai des crises d'angoisse. Il y a des moments où j'ai palpitations cardiaques, des épisodes de sueurs, etc. »

Les allergies, un casse-tête pour les restaurateurs

La gestion des allergènes complique de plus en plus la vie des restaurateurs selon des propriétaires rencontrés par Radio-Canada. « Nos mesures se sont resserrées. J'ai même consulté un médecin en privé afin de savoir comment réagir avec les clients si jamais une allergie survenait. Quand un client arrive au restaurant sans réservation, on lui demande s'il a son Épipen », explique la propriétaire du restaurant Auguste, Annick Beaudoin.

Selon les propriétaires, les clients ont également une responsabilité. « On ne connaît pas les allergies de tout le monde, ce qu'ils peuvent ou pas manger. C'est ça qui devient un peu un casse-tête pour nous. On demande la collaboration du client. Il ne veut pas être malade et moi, je ne veux pas de problème », rappelle le copropriétaire de la Brasserie Daniel-Lapointe, Jonathan Lapointe.

L'Association des restaurateurs du Québec fait d'ailleurs campagne pour inciter les restaurateurs à se munir d'un Épipen dans tous les établissements.

7 % de la population souffre d'allergies alimentaires sérieuses selon des données de Santé Canada. Selon Allergies Québec, on note une hausse de 18 % des allergies au cours des 10 dernières années.

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