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Drag king: portrait d'une femme qui aime jouer le jeu au masculin

Drag kings: portrait d'une femme qui aime jouer le jeu au masculin
Courtoisie

C'est un peu par hasard que Nathalie Theoret, montréalaise de 54 ans, est devenue drag king. Elle voulait juste chanter. C'était possible… Mais que si elle portait la moustache.

La première fois qu'elle a montré ce qu’elle sait faire, Nathalie Theoret, devenue le temps d'une soirée Nat King Pole, l'a fait juste pour goûter aux plaisirs de fouler les planches. « J'avais un band à une époque, que j'ai laissé tomber avec le temps. Mais ça me manquait… Quand j'ai demandé à chanter dans un bar, on m'a dit oui, mais la seule condition était que je me déguise en homme », dit-elle en passant ses doigts dans sa tignasse rousse.

Depuis, devenue ce qu'on appelle un drag king, elle assume pleinement son côté masculin et en joue le rôle. « Je n'ai pas besoin de faire beaucoup d'efforts pour avoir l'air d'un homme », explique-t-elle, le sourire aux lèvres.

Mais un petit déguisement s'impose tout de même. Dans les loges, elle improvise : faux cheveux découpés en petits bouts pour la moustache, ruban ultra-adhésif et corset pour plaquer sa poitrine, et, parfois, faux pénis destiné à la base aux transgenres. « De toute façon, la masculinité, elle est là, dit-elle en pointant sa tête. Pas là, termine-t-elle en baissant les yeux. »

Pourtant, ce n'est pas vraiment par militantisme que Nathalie dévoile au monde sa deuxième facette. « J'aime jouer au macho durant mes shows alors qu'en amour, je suis une vraie romantique ». Et sur scène, c'est en motard, veste en cuir et cheveux gominés ou gros bûcheron à l'humour gras qu'elle se déguise. « Ce sont dans ces moments-là qu'on peut se laisser aller et tout mettre sur le dos du personnage qu'on incarne », détaille le drag king.

Cette passion lui permet aussi d'exprimer sa créativité lorsqu'elle monte ses spectacles. Elle a déjà présentés à Boston, Toronto, Philadelphia, Ottawa, à l'occasion de la fête de la fierté à Montréal ou de simples soirées.

Depuis longtemps, elle excelle dans les jeux de mots. « J'en faisais souvent sur ma messagerie vocale, les gens appelaient juste pour l'entendre puis raccrochaient », se souvient-elle.

Alors lorsqu'on lui demande de faire un show pour Médecins sans frontières, c'est plutôt à une soirée de « seins sans brassière » qu'elle se rend.

Mais quand le rideau se baisse, le drag king témoigne du sexisme qui existe dans le milieu. Il est vrai qu'on entend souvent plus parler de ses confrères drag queen. « Encore une fois, on parle plus souvent des hommes que des femmes. Les drag queens et les drag kings ne se mélangent pas vraiment. J'ai déjà fait quelques shows avec elles, mais c'est très rare. Chacun est dans son petit monde, avec ses contacts. J'ai l'impression que tout ça est alimenté par la jalousie, mais aussi par le sexisme. Lorsqu'on se rend compte qu'on manque de temps lors d'un spectacle, c'est mon show qu'on va me demander de raccourcir, jamais celui d'une drag queen. »

Gros visuel, musique forte, souvent dance et grande salle, s'opposent à l'ambiance plus intime et plus théâtral dans laquelle évolue Nathalie.

Depuis toujours, elle essaye donc de ne pas faire comme tout le monde et sortir du lot. Anti lip-sync, Nat King Pole se produit en direct, transforme elle-même les paroles de chansons célèbres et se nourrit de situations cocasses et imprévues pour apporter de l'inédit et de la spontanéité à ses prestations.

Sa prochaine apparition aura lieu le 2 septembre, aux côtés de la danseuse burlesque, The Foxy Lexxi entre autre, au Wiggle room, sur Saint-Laurent, à Montréal.

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