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Le tweet culpabilisant de l'Unicef sur les bienfaits de l'allaitement fait polémique

Le tweet de l'Unicef fait polémique
UNICEF/Twitter

"L'allaitement stimule la santé d'un enfant, son QI, ses performances scolaires et son revenu à l'âge adulte": en cette Semaine mondiale de l'allaitement maternel, organisée par l'Organisation mondiale de la Santé du 1er au 7 août, l'Unicef promeut les bienfaits de l'allaitement.

Mais ce tweet, posté dans la soirée du 1er août, ne plaît pas à tout le monde.

Sur le réseau social, de nombreux internautes s'insurgent en effet contre ce message, qui est jugé culpabilisant envers les femmes.

Les internautes n'apprécient pas non plus le message visible sur l'affiche -"L'allaitement n'est pas qu'une affaire de femmes".

Bienfaits sur la santé prouvés

Contacté par Le HuffPost, l'Unicef rappelle que sa position, ainsi que celle de l'OMS, est de promouvoir l'allaitement et d'améliorer la nutrition des enfants en bas âge du monde entier. "Chaque année, 77 millions de nouveaux-nés ne sont pas mis au sein dans la première heure de leur vie et 800.000 vies pourraient être sauvées", souligne Christophe Boulierac, porte-parole de cette agence de l'ONU.

Les études portant sur les bienfaits de l'allaitement sont nombreuses. En janvier 2016, une étude réalisée à partir de données collectées dans 164 pays et publiée dans The Lancet démontrait que 823.000 décès d'enfants dans le monde pourraient être évités grâce à l'allaitement. Mais aussi qu'il existe des bienfaits pour la mère, l'allaitement réduisant les risques de développer un cancer du sein ou de l'ovaire.

En 2015, l'OMS rappelait que le lait maternel contenait des anticorps protégeant les enfants de maladies comme la pneumonie et qu'une fois adultes, les personnes ayant été allaitées souffriraient moins d'obésité, de diabète de type 2, auraient une tension artérielle plus basse. Mais aussi, que ces personnes réussiraient mieux les tests de QI que les autres.

Si les bienfaits sur la santé sont prouvés, celui sur l'intelligence est encore controversé.

Une question de choix

Quoi qu'il en soit, ce que les internautes reprochent à l'Unicef, c'est de ne pas laisser le choix aux femmes sur une question qui concerne avant tout leur propre corps, dans un pays où les conditions sanitaires sont bonnes.

"Notre position est avant tout de promouvoir l'allaitement dans les pays en crise, mais aussi dans des pays développés", poursuit Christophe Boulierac. L'Unicef est présent dans 150 pays, dont de nombreux pays en développement ou en crise, où les pratiques d'hygiène ne sont pas forcément respectées. Dans ces pays, en effet, les risques pour un nourrisson de mourir s'il n'est pas mis au sein, existent.

"Le plus important c'est la liberté de choisir", affirme le porte-parole de l'organisation. "Nous n'imposons rien, chaque femme est libre d'allaiter ou non".

Comme le rappelle le professeur Tounian, pédiatre nutritionniste à l'hôpital Trousseau à Paris, au Figaro, "la réussite d'un allaitement dépend avant tout de l'envie de la femme (...), la culpabiliser est délétère et conduira seulement à ce que l'expérience se passe mal".

En février 2016, plusieurs femmes dont la blogueuse et écrivaine Titiou Lecoq et l'auteure de bandes dessinées Pénélope Bagieu, publiaient une tribune dans Libération, soulignant l'importance du choix personnel quant à l'allaitement de son enfant.

"Comment peut-on mettre sur un pied d’égalité une femme qui accouche dans un pays pauvre avec un environnement insalubre et une femme d’un pays industrialisé avec un accès facile non seulement à l’eau potable mais aux soins médicaux en général?", interrogent-elles. Dans leur appel, qui a recueilli quelque 1000 signataires, elles rappellent: "L’allaitement au sein ou au biberon doit rester un choix personnel. Ce n’est pas à des acteurs privés ou publics de décider pour nous."

Sans oublier qu'au-delà du choix, certaines femmes ne peuvent tout simplement pas allaiter, alors même qu'elles le souhaiteraient. Avoir un enfant prématuré, avoir subi une opération chirurgicale, connaître perturbation de la montée de lait à cause du stress, sont autant de raisons qui peuvent empêcher une femme d'allaiter. Dans ces conditions, les injonctions peuvent être ressenties comme encore plus culpabilisantes.

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