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Plusieurs médias décident de ne plus publier de photos des auteurs d'attentats

Publier ou pas? Telle est la question
AFP

La chaîne d'information française BFMTV, les quotidiens Le Monde et La Croix ou encore la radio Europe 1 ont décidé de ne plus publier de photos des auteurs d'attentats "pour éviter d'éventuels effets de glorification posthume" ou "ne pas mettre au même niveau victimes et terroristes".

"A la suite de l’attentat de Nice, nous ne publierons plus de photographies des auteurs de tueries, pour éviter d’éventuels effets de glorification posthume", écrit le directeur du Monde, Jérôme Fenoglio, dans un éditorial ce mercredi 27 juillet.

"Nous nous sommes rendus compte après l'attentat de Nice que nous étions très mal à l'aise avec une série de photos, issue du passé des auteurs", a expliqué Jérôme Fenoglio à l'AFP. "Il ne faut pas cacher les faits, ou le parcours de ces tueurs, c'est pourquoi nous ne sommes pas favorables à leur anonymat, mais leurs photos ne sont pas utiles pour décrire leur parcours", a-t-il poursuivi.

"Nous avons pris la décision hier soir de ne plus diffuser des photos de terroristes à l'antenne, jusqu'à nouvel ordre. La réflexion était engagée dans la rédaction depuis un certain temps. Elle s'est accélérée après Nice, avec la répétition de ces tragédies", a annoncé à l'AFP Hervé Béroud, le directeur de la rédaction de BFMTV.

"La photo a une portée symbolique et emblématique, surtout sur une chaîne d'information en continu avec de nombreux journaux et donc des diffusions répétées. La photo peut mettre au même niveau victimes et terroristes", a-t-il dit.

Des questions sur le nom des terroristes

BFMTV continuera toutefois de diffuser le nom des auteurs d'attentat: "cet élément a été donné en direct par le procureur (de la République à Paris, François) Molins. Toute la difficulté de ce débat est de prendre garde aussi de ne pas renoncer à informer", explique-t-il.

"On ne publiera que le prénom et l'initiale du nom et pas de photo", a annoncé à l'AFP François Ernenwein, rédacteur en chef à La Croix, qui doit produire un texte de réflexion sur ces choix "afin de les argumenter devant nos lecteurs".

Sur Twitter, Europe 1 a également annoncé qu'elle "ne citerait plus les noms des terroristes à l'antenne".

Un choix qui ne fait pas l'unanimité

Ce point de vue n'est pas partagé par le journal français Libération. Selon le directeur adjoint du quotidien, Johan Hufnagel, anonymiser les terroristes n'est pas une position tenable. "Imaginez un papier avec les frères SA et BA, AA, FAM", a-t-il dit à l'AFP, ajoutant toutefois que "le débat sur l'utilisation de la photo dans le journal et sur le site de Libération est une discussion permanente depuis l'existence du journal".

"Publier les photos de terroristes et les glorifier, ce n'est pas la même chose. Dabiq (revue du groupe Etat islamique) glorifie", a-t-il ajouté.

Sur Twitter, le journaliste et expert du jihadisme David Thomson a estimé de son côté que l'anonymisation des terroristes n'aurait "pas d'impact sur l'intensité terroriste en France" et "pourrait favoriser déni et complotisme".

Sur les réseaux sociaux, des personnalités politiques de droite comme Hervé Mariton ou Geoffroy Didier se sont félicitées des décisions d'anonymiser. Au Front national, on n'a en revanche pas tardé à crier à la "censure", à l'image de Florian Philippot, tandis que Robert Ménard feignait de se demander si les médias avaient "peur de montrer des Suédois". Le maire de Béziers a aussi jugé que "la vérité n'est plus à la télé".

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EUROPE-ATTACKS/NICE

Hommages aux victimes de Nice

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