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Gestion de l'offre : des agriculteurs de la Beauce se liguent contre Maxime Bernier (VIDÉO)

Des agriculteurs de la Beauce se liguent contre Maxime Bernier (VIDÉO)

Des producteurs laitiers veulent gêner le déroulement la course à la direction du Parti conservateur de Maxime Bernier. Ils sont même prêts à s'en prendre à son coprésident de campagne et voisin de comté, Jacques Gourde.

Un texte de Madeleine Blais-Morin

Ils sont plusieurs agriculteurs à s'être sentis trahis par le député de Beauce. Ils n'ont pas digéré son changement de cap. En campagne électorale, le député, comme son parti, défendaient la gestion de l'offre qui permet aux producteurs de lait, d'œufs et de volaille de planifier la production et de négocier les prix. Mais, une fois candidat à la succession de Stephen Harper, Maxime Bernier s'est déclaré contre ce système.

Sarah Poulin est propriétaire d'une ferme qui compte 300 têtes. Elle y a récemment organisé une conférence de presse. « Notre but, c'est de le déstabiliser dans sa campagne. Parce que présentement, on parle beaucoup de la gestion de l'offre parce qu'il est en train d'en parler. Ce qu'on veut, c'est être encore plus forts et unis, que le pays se rende encore plus compte à quel point la gestion de l'offre est importante pour nous et pour eux aussi. »

La circonscription de la Beauce est l'une de celles qui comptent le plus grand nombre d'exploitations agricoles soumises à la gestion de l'offre au pays. Mais les producteurs laitiers de la région, comme Frédéric Marcoux, savent qu'ils ne font quand même pas le poids face à la popularité de Maxime Bernier dans sa circonscription. « On n'a pas de vedettes en Beauce, la personne la plus connue de la Beauce reste notre député, malgré ses frasques. »

Circonscription de Beauce

  • 410 producteurs laitiers
  • 1000 emplois directs
  • 180 millions de dollars en revenus

Une stratégie inusitée

Frédéric Marcoux tente donc de déstabiliser la course à la direction de Maxime Bernier en s'en prenant aussi à son coprésident de campagne, son voisin de circonscription, Jacques Gourde. Il a envoyé des tracts à des producteurs de Lévis-Lotbinière. Il s'agit d'une simple feuille sur laquelle est imprimée la photo des deux députés et une citation de Maxime Bernier qui dit souhaiter l'abolition de la gestion de l'offre. « On se dit que si M. Gourde peut quitter la campagne de M. Bernier, ce sera au moins une petite jambette qu'on aura pu faire à M. Bernier. »

Dans la circonscription voisine de Lévis-Lotbinière, le maire de Saint-Narcisse de Beaurivage, Denis Dion, rappelle que des producteurs agricoles comme lui ont aidé Jacques Gourde à se faire élire. « La base est partie dans les régions. Les producteurs se sont promenés en "pickup" avec des pancartes de Jacques Gourde, moi le premier. »

La situation le laisse perplexe, surtout que Jacques Gourde continue de défendre la gestion de l'offre. « Jacques est resté coprésident, puis là, aujourd'hui, il est pris avec cette "patate chaude-là". »

Circonscription de Lévis-Lotbinière

  • 210 producteurs laitiers
  • 500 emplois directs
  • 100 millions de dollars en revenus

Pas question de changer de cap

Malgré la pression, Jacques Gourde n'a pas l'intention de laisser tomber son voisin de comté. « Je crois que Maxime Bernier va gagner la course à la chefferie. Donc, je dis que pour ceux qui croient encore à la gestion de l'offre, vaut mieux être des gens près de Maxime Bernier pour faire le contrepoids. »

Mais visiblement, la campagne de tracts anonymes le dérange. Au lendemain de la réception de ces feuilles dans sa circonscription, il voulait pouvoir répondre à ses détracteurs : « On cherche à savoir qui a envoyé ces tracts, mais on va sans doute le trouver, il y a une enquête de la Sûreté du Québec là-dessus. »

Maxime Bernier, lui, ne semble pas du tout secoué. Il s'attendait à pareille levée de boucliers des agriculteurs. Des producteurs qui défendent selon lui « leurs propres intérêts et leurs propres privilèges. » Il n'est pas fâché d'avoir une nouvelle occasion d'exposer ses idées.

”Je ne peux pas prôner la liberté économique, la liberté d'entreprise et dire que l'exception dans le domaine agricole est bonne, parce que ce n'est pas bon pour les consommateurs canadiens. Les prix sont artificiellement élevés de près du double.”

— Maxime Bernier

Maxime Bernier fait le pari de montrer ses vraies couleurs, ce qui comporte aussi sa part de risque. Pour l'instant, dans sa campagne nationale, ses adversaires les plus acharnés semblent être dans sa propre région.

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