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David Brown, l'homme de l'heure à Dallas

David Brown, l'homme de l'heure à Dallas

Le chef de police de la ville de Dallas décrit ainsi son travail et celui des 5000 agents de son service : « Les policiers sont des êtres qui mènent à bien leur mission. Donnez-nous un travail à faire, et nous mettrons tout en oeuvre pour accomplir cette mission ».

Un texte d'Anne Marie Lecomte

Depuis jeudi dernier, la mission de David Brown s'est alourdie et complexifiée.

Cinq de ses hommes ont été abattus par un tireur embusqué dans un contexte de tensions raciales exacerbées aux États-Unis. Demain, le chef Brown assistera à leurs funérailles. Aujourd'hui, il reçoit le président Obama, venu leur rendre hommage.

Nul doute que les deux hommes se rejoignent sur l'essentiel, résumé par David Brown en ces mots : « Tout ce que je sais, c'est que tout cela doit cesser, cette division entre policiers et citoyens ».

Ce n'est pas d'hier que David Brown, dont la famille est établie à Dallas depuis trois générations, s'efforce de calmer le jeu entre les forces de l'ordre et la population. Et « particulièrement les communautés de gens de couleur », disait-il en 2014.

Cette année-là, par souci de transparence, son service avait instauré un site Internet détaillant, depuis 2003, les incidents lors desquels les policiers avaient tiré sur un suspect. David Brown avait écrit sur ce site que les relations entre la police et la communauté étaient teintées par un contexte historique. « Et une partie de cette méfiance à l'égard de notre département est méritée », reconnaissait-il.

Un homme plein d'initiative

En 2012, un policier de Dallas avait abattu un homme noir non armé, ce qui avait failli provoquer une émeute dans cette ville texane de 7 millions d'habitants. Le chef Brown avait par la suite établi un plan d'action que l'expert américain en affaires policières David Walker avait louangé, disant qu'« un service de police n'avait pas à attendre d'être poursuivi ou de faire l'objet d'une enquête pour faire changer les choses ».

Et les choses ont quelque peu changé sous sa gouverne : entre 2009 et 2014, les plaintes des citoyens relatives à l'usage de la force par les policiers ont chuté de plus de moitié.

La tristesse de perdre son propre fils

En juin 2010, David Brown présidait aux destinées du service de police depuis peu quand la tragédie l'a frappé en plein coeur : son propre fils, âgé de 27 ans, a tiré mortellement sur un policier et un autre homme avant de périr lui-même dans une confrontation avec la police. Dans une déclaration publique, David Brown avait écrit : « Je suis si durement éprouvé que je ne peux exprimer la tristesse que je ressens dans mon coeur ».

Un drame tel qu'ils furent nombreux à prédire la démission du chef Brown qui, de son propre aveu, ne se souvenait que de quelques moments, « debout aux côtés du cercueil de mon fils, ou assis lors de l'enterrement ».

Mais cet homme qui avait aussi vécu la mort de son frère et de son ancien compagnon de patrouille - tous deux tués par balles - n'a pas démissionné. Il avait embrassé la carrière de policier pour contrer l'épidémie de crack qui faisait sombrer nombre de ses copains et s'est consacré à ses fonctions de telle manière qu'il s'est acquis une enviable réputation au plan national.

Un chef de police qui parle d'amour

Lundi dernier, s'adressant aux proches des cinq policiers tombés en devoir, le chef Brown leur a dit : « Familles, nous vous aimons avec tout ce que nous avons. Nous sommes désormais votre famille. Quand vous aurez besoin de nous, appelez-nous, parce qu'on ne vous aimera pas seulement aujourd'hui, mais toujours ».

Qu'un chef de police parle d'amour est plutôt inusité. Mais en ces temps troublés à Dallas, les paroles de cet homme de 55 ans, calme et réfléchi, ont résonné vrai. Au point où sur Twitter, le mot-clic #DavidBrownForPresident a vu le jour, quantité de gens souhaitant le voir à la tête du pays!

Depuis une semaine, nombreux sont les manifestants qui descendent dans les rues, non seulement de Dallas, mais d'autres villes américaines, pour protester contre les errements de certains policiers et contre le sort réservé aux Noirs en sol américain.

Le chef Brown a eu pour eux ce message : « Engagez-vous dans la police! » David Brown estime que la frustration, mise au service de la communauté, peut solutionner des problèmes. « Nous vous posterons dans votre quartier et nous vous aiderons à régler les situations contre lesquelles vous protestez. »

Des attentes irréalistes envers les policiers

De dire David Brown, on en demande trop aux forces de l'ordre. « Chaque faille de la société, on demande aux policiers de la combler », déplore-t-il. Sous-financement en santé mentale? En toxicomanie? En éducation? Laissons les policiers s'en occuper, dénonce-t-il en substance.

« 70 % de la communauté afro-américaine est élevée par des mères de famille monoparentales et on attend des policiers qu'ils règlent ça aussi », ironise-t-il.

« Jamais la police n'a été destinée à résoudre tous ces problèmes », conclut David Brown.

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