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Moins de services pour 230 aéroports du pays

Moins de services pour 230 aéroports du pays
Radio-Canada.ca

EXCLUSIF - Les petites municipalités devront dépenser davantage pour conserver leur aéroport. Radio-Canada a appris que des changements à Nav Canada entraîneront des coûts pour des dizaines d'aérodromes aux quatre coins du pays.

Un texte de Stéphany Laperrière et de Martine Laberge

À compter de juin 2017, Nav Canada n'assumera plus l'entretien des procédures d'approche aux instruments pour 230 aérodromes au Canada.

Ces procédures permettent de guider les pilotes lors de l'atterrissage et du décollage à l'aide de différentes technologies, dont le GPS.

« Entre 80 et 95 % du trafic a besoin de ça », dit le gérant de l'aéroport de Hearst, Luc Lanoix.

Le petit aéroport du nord de l'Ontario permet environ 1500 décollages et atterrissage par année.

L'aéroport de Hearst ne sera toutefois plus admissible aux services de Nav Canada puisqu'il n'offre pas régulièrement des vols de passagers, des changements qui coûteront environ 5000 $ par année à la Municipalité, estime Luc Lanoix.

Payer ou abandonner

Selon la nouvelle politique de Nav Canada, seuls les aéroports qui répondent à certains critères pourront bénéficier de leurs services de conception et de mise à jour des procédures d'approche aux instruments.

Parmi ces critères : les vols réguliers de passagers ou l'absence d'accès routier à la municipalité desservie par l'aérodrome.

Nav Canada a envoyé une lettre aux aéroports touchés par la nouvelle politique, dont Radio-Canada a obtenu copie.

Dans cette lettre, Nav Canada présente deux options aux aéroports touchés par la décision : se tourner vers des entreprises privées ou cesser d'offrir les procédures d'approche aux instruments.

« Les municipalités sont mises dans une position où elles sont obligées de mettre de l'argent », déplore Luc Lanoix.

Un aérodrome civil doit satisfaire à un ou plusieurs de ces critères d'admissibilité pour la conception et tenue à jour des procédures aux instruments :

  • Aérodromes avec service régulier de passagers, de messagerie ou de fret
  • Aérodromes désignés comme isolés ou éloignés
  • Aérodromes essentiels à la communauté en raison de l'absence d'autres moyens d'accès
  • Aérodromes dotés d'un programme d'observation météorologique à l'aviation assuré par Nav Canada
  • Aérodromes recommandés par Nav Canada à la suite d'un examen des niveaux de service

Procédures essentielles

L'aéroport central de Niagara, à Pelham, dans le sud de l'Ontario, fait aussi partie des aéroports touchés par ce changement.

Son directeur, David Devine, affirme ne pas pouvoir se passer des procédures d'approche aux instruments.

«C'est comme avoir des routes dans le ciel, c'est très utile»

- David Devine, directeur de l'aéroport central de Niagara

L'abandon des procédures d'approche n'est pas non plus une option pour l'aéroport de Hearst.

« Les approches aux instruments vont avec la piste : si tu enlèves un ou l'autre, aussi bien fermer l'aéroport », dit Luc Lanoix.

M. Lanoix indique que la moitié des vols à son aéroport sont liés à des urgences médicales et que l'aéroport joue donc un rôle essentiel pour la communauté.

Aucun financement disponible

Le Conseil des aéroports du Québec a contacté Nav Canada pour exprimer son désaccord avec la décision, rapporte son directeur général, Gilles Turmel.

« Tout changement au niveau de service est préoccupant pour le Conseil à cause des répercussions sur les aéroports régionaux et municipaux », dit-il.

Gilles Turmel explique que les revenus de ces aéroports sont généralement très bas et qu'ils n'ont souvent pas accès à des subventions gouvernementales.

«Tous les programmes de financement fédéraux sont faits pour des aéroports qui ont des vols cédulés [sic] réguliers»

- Gilles Turmel, directeur général du Conseil des aéroports du Québec

L'aéroport de Hearst ne reçoit pas d'aide du fédéral, affirme son gérant.

« Ils font payer des affaires d'extra aux municipalités des aéroports qui ont déjà de la misère », dit Luc Lanoix.

Demande croissante pour le GPS

La demande croissante pour les procédures d'approche par GPS explique en grande partie la décision de Nav Canada, affirme son porte-parole, Ron Singer.

« Il est simplement devenu impossible de continuer d'offrir ces services gratuitement », dit-il.

Ron Singer explique que la décision a été prise après une longue période de consultation avec les clients de Nav Canada, notamment les lignes aériennes et autres exploitants d'aéronefs.

Transport Canada dit avoir été informé de cette « initiative » de Nav Canada et suivre de près son évolution, mais ne nous a pas accordé d'entrevue.

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