Deux baleines noires ont été observées par une équipe de la Station de recherche des îles Mingan, jeudi. Les mammifères se trouvaient dans le détroit de Jacques-Cartier, au nord de l'île d'Anticosti.
Il s'agit d'une observation rare, car il ne reste que quelques centaines d'individus de cette espèce en voie de disparition dans l'Atlantique Nord. Les baleines noires se retrouvent principalement dans les provinces maritimes et sur la Côte Est américaine.
La chercheuse en biologie et conservation des mammifères marins à l'Institut Maurice-Lamontagne de Pêches et Océans Canada, Véronique Lesage, estime toutefois qu'il faut éviter de s'emballer lors de telles observations.
« D'abord, des baleines noires, il y en a chaque année dans le golfe », dit-elle. Elle raconte avoir détecté quatre baleines noires, en juin, lors d'une mission, loin des côtes.
Le nombre d'observations de baleines noires peut être plus élevé, mais les efforts pour les trouver sont aussi plus importants que dans le passé, ajoute Véronique Lesage.
Une question d'alimentation
La chercheuse estime qu'il faudra détenir des données à long terme avant de tirer des conclusions, mais elle ne croit pas que l'observation des baleines noires dans le golfe soit particulièrement réjouissante.
« Ce qu'on observe actuellement, c'est que les aires où il y avait auparavant de la nourriture, ils ne sont plus là, ils sont ailleurs. Est-ce que c'est une bonne nouvelle? Moi je ne suis pas prête à dire ça », affirme-t-elle.
«On voit des animaux qui se promènent loin des secteurs où ils sont habituellement. Aller chercher notre nourriture à Québec à chaque fois qu'on a faim, c'est moins bénéfique que d'aller la chercher au coin de la rue.»
-Véronique Lesage, chercheuse en biologie et conservation des mammifères marins à l'Institut Maurice-Lamontagne
Un de ses collègues, le chercheur Stéphane Plourde, abonde dans le même sens.
« Dans les dernières années, les Américains, les gens de la Nouvelle-Écosse, ont observé très peu de baleines noires dans leurs habitats habituels au cours de l'été. L'hypothèse, ce serait qu'elles iraient plus au nord », dit-il.
«L'été, ces baleines-là, elles s'engraissent. Donc, grosso modo, si elles quittent leurs habitats plus au sud, c'est parce que dans ces habitats-là, il y aurait une diminution de la nourriture disponible.»
Stéphane Plourde, chercheur, Direction des sciences océaniques et environnementales, Institut Maurice-Lamontagne
Il affirme que Pêches et Océans Canada détient des indices selon lesquels il y aurait une baisse de la disponibilité de la nourriture des baleines dans ces zones plus au sud.
Une espèce menacée
Mais pour Josiane Cabana, chargée de projet du Groupe de recherche et d'éducation sur les mammifères marins, le GREMM, l'observation des baleines noires dans le Saint-Laurent reste une bonne nouvelle, étant donné le caractère menacé de l'espèce.
«En fait, comme c'est une espèce qui est en voie de disparition, chaque observation est précieuse, chaque observation compte.»
-Josiane Cabama, chargée de projet du Groupe de recherche et d'éducation sur les mammifères marins
Les membres de l'équipage de la Station de recherche des îles Mingan ont pris des photos des deux baleines observées et les ont envoyés à l'équipe de l'Aquarium de la Nouvelle-Angleterre, qui font de cette espèce un de leur principal sujet d'étude.
Sophie Bedel, de la Station de recherche des îles Mingan, était à bord du bateau. « Il y a avait une excitation à bord qui était assez formidable », raconte-t-elle.
«Il faut savoir que la baleine noire, il reste 350 individus environ, dans tout l'Atlantique Nord.»
-Sophie Bedel, Station de recherche des îles Mingan
L'an dernier, l'équipe de la Station de recherche des îles Mingan avait aussi observé une baleine noire.
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