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Incendie de Fort McMurray: les pompiers tourmentés par des regrets

Incendie de Fort McMurray: les pompiers tourmentés par des regrets

L'homme ayant dirigé la bataille contre "La Bête", l'incendie de forêt qui a ravagé Fort McMurray en mai, affirme que les pompiers ayant participé à la lutte doivent maintenant se battre contre d'autres sortes de démons.

Le chef du service d'incendie de la Municipalité régionale de Wood-Buffalo, Darby Allen, soutient que les répercussions psychologiques de la catastrophe se font sentir chez les membres des équipes qui ont travaillé sans relâche pendant des jours pour faire reculer l'imposant brasier qui a dévoré une partie de la ville du nord-est de l'Alberta il y a deux mois.

"Ils ont traversé l'une des épreuves les plus importantes que puisse traverser un pompier durant sa carrière", a déclaré M. Allen lors d'une récente entrevue à une caserne dans le centre-ville de Fort McMurray.

Si des services de consultation psychologique ont été offerts dès le début du désastre, Darby Allen a prévenu qu'il était crucial que ces services demeurent disponibles à long terme.

L'incendie a été si difficile à maîtriser que M. Allen l'a comparé à un animal sauvage.

"Il semblait vraiment être doté d'un cerveau. Il semblait vraiment vouloir faire des choses que nous ne voulions pas qu'il fasse. Et peu importe le plan que nous avions, il semblait avoir son propre plan et nous résistait à tous les niveaux."

Finalement, environ 10 pour cent de la ville a été détruit, le brasier n'ayant laissé pratiquement que des ruines dans les quartiers d'Abasand, Beacon Hill et Waterways.

Présentement, le sentiment le plus difficile à combattre pour les pompiers, c'est la culpabilité.

"On ne peut pas éteindre tout l'incendie d'un seul coup et, parfois, il faut abandonner un secteur pour se concentrer sur un autre, a expliqué Darby Allen. Parfois, on doit prendre des décisions dans le cadre desquelles on va perdre des résidences pour en sauver d'autres."

Plusieurs pompiers s'en veulent parce qu'ils ont l'impression qu'ils auraient pu en faire plus. Certains ont vu leur propre maison brûler, mais sont tout de même retournés au boulot.

"La vérité, c'est que nous n'aurions pas pu en faire plus, a confié M. Allen. Mon travail, c'était de les rassurer en leur disant qu'ils avaient fait tout ce qu'ils pouvaient et je crois réellement que, pour sauver autant de propriétés que nous l'avons fait, il a fallu que des efforts incroyables soient déployés."

Dans certaines situations, la décision de rappeler les pompiers était une question de vie ou de mort.

"À quelques endroits, dont à Abasand et Beacon Hill, nous nous sommes battus contre le brasier pendant de longues périodes de temps et nous avons dû nous retirer en fin de compte en raison de l'ampleur et de l'intensité des flammes, a-t-il raconté. Nous avons dû retirer nos ressources parce qu'elles n'auraient pas survécu si elles étaient restées. Les gars se sentent coupables à cause de cela. Ils voulaient rester et ils ne pouvaient pas le faire."

De manière générale, la population de Fort McMurray traverse une période difficile sur le plan émotif, a indiqué la mairesse de la ville, Melissa Blake.

"Il y a eu d'emblée un peu comme une lune de miel en raison du soutien et de la compassion extraordinaires qui ont afflué de partout en Alberta, au Canada et à l'étranger, a déclaré Mme Blake. Toutefois, la prochaine étape, c'est celle où on revient dans notre communauté et qu'on constate l'ampleur des pertes et de la destruction, où on traverse la vallée de la mort, où on sombre dans le désespoir, la dépression et l'insomnie."

D'après Kerry Williamson, la porte-parole des services de santé de l'Alberta, près de 13 000 séances de consultation psychologique ont été assurées entre le 10 mai et le 28 juin.

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Nettoyage à Fort McMurray (juin 2016)

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