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Festival de Jazz 2016: Terrace Martin, dans les bonnes grâces du monde du jazz (PHOTOS)

Terrace Martin dans les bonnes grâces du monde du jazz (PHOTOS)

Terrace Martin est l’ombre jazz du très respecté album hip-hop To Pimp a Butterfly de Kendrick Lamar. En fait, il a réalisé une grande partie de cet opus qui a marqué le milieu de la musique l’an passé. D’autre part, le multi-instrumentiste et compositeur californien de 31 ans défend une carrière solo depuis 2010, environ. Vendredi soir, il a participé pour la première fois au Festival international de jazz de Montréal (FIJM) en livrant un spectacle inspiré au Club Soda. Il a notamment offert certains morceaux de son plus récent album Velvet Portraits.

R’n’B, funk, soul et hip-hop sont les genres musicaux de prédilection de Terrace Martin. Il fait partie d’un renouveau jazz qui est grandement bienvenu, car de toute évidence le jazz a beaucoup vieilli. À l’instar de quelques autres musiciens, dont le groupe Moon Hooch, Gregory Porter ou encore Christian Scott, tous de passage au FIJM, il insuffle un vent de fraicheur avec sa rigueur et sa grande inventivité.

Cela dit, Terrace Martin doit en partie sa notoriété pour avoir produit des musiques d’artistes populaires notamment Busta Rhymes, Snoop Dogg, Stevie Wonder, Charlie Wilson, Raphael Saadiq et Kendrick Lamar. Il a remporté deux Grammy Awards.

Amazing Grace

Terrace Martin aime Montréal. C’est qu’il a dit en début de concert. Il est venu à quelques reprises en ville pour jouer avec certains artistes. Or, c’était la première fois qu’il débarquait dans la métropole québécoise avec son propre spectacle.

Accompagné de quatre musiciens (basse électrique, guitare électrique, batterie, claviers), Martin a ouvert le bal avec une douce ligne de saxophone tirée d’Amazing Grace, un cantique populaire chrétien composé au XVIIIe siècle par un trafiquant d’esclaves anglais. Quelques instants après, une petite rage de l’excellent batteur, le jeune Jonathan Barber, lançait un jazz funky très soutenu.

Au cours du morceau suivant, For Free? (de l’album To Pimp a Butterfly), Martin s’est assis devant son synthétiseur avec lequel il produira toutes sortes de sonorités aventureuses durant la soirée. Cette signature distinctive a d’ailleurs donné beaucoup de caractère à cette pièce, qu’il a affirmé affectionner particulièrement.

Dix minutes plus tard, Terrace Martin proposait Real un autre morceau popularisé par Kendrick Lamar (tirée de l’album Good Kid, M.A.A.D. City, paru en 2012). Les paroles de la pièce ont été interprétées par la chanteuse américaine Rose Gold, invitée sur scène pour l’occasion. Délicieuse proposition R’n’B poussée par des arrangements jazz assez classique. Une touche de soul, peut-être. Après, la chanteuse est demeurée sur scène pour interpréter la sensuelle et dansante These Walls (de l’album To Pimp a Butterfly).

Après l’une de ses nombreuses interventions parlées (il est très volubile le musicien, peut-être même un peu trop), le Californien a envoyé l’une de ses propres chansons, Bromali, que l’on a pu découvrir sur son disque Velvet Portraits. Pendant un long moment, le bassiste a poussé pratiquement seul ce morceau de son instrument, du moins jusqu’à ce que le saxophone de Martin vienne ajouter une partie mélodique rendant un peu plus accessible cette suggestion avant-gardiste. Encore une fois, le batteur a offert une incroyable performance.

Rose Gold est par la suite revenue sur les planches pour chanter la pièce titrée Think of You, du l’album de Martin, Velvet Portraits. Elle a d’ailleurs collaboré au morceau en studio en compagnie du saxophoniste Kamasi Washington, un autre jeune musicien (35 ans) qui fait du bien au jazz.

«They are the new jazz»

Lorsque qu’un spectateur a crié fort de jouer du Michael Jackson, Terrace Martin a soufflé plusieurs notes dans son saxophone avant de lancer en riant : «I’m not gonna play that. But I wanna show you that we know the tunes! (Je ne vais pas jouer du Michael Jackson, mais je voulais vous démontrer que nous connaissons la musique)». Très à l’aise sur scène, Terrace Martin n’est pas seulement un talentueux artiste, c’est un véritable animateur de foule et un boute-en-train.

En clôture de concert, à la suite d’un monologue de 15 minutes concernant le talent de ses acolytes musiciens et de leur prometteuse carrière (bien qu’il soit drôle et assez charismatique, Martin a beaucoup trop étiré la sauce ici, épuisant certains spectateurs qui sont partis), Martin a proposé un autre morceau de Velvet Portraits. Du joli.

En deux heures de concert, nous avons entendu quelques trucs peu convaincants, mais surtout plusieurs éclats de génie. En spectacle, le prolifique Terrace Martin fait de la musique inspirée. De la musique très travaillée, mais qui prend quand même aux tripes, çà et là. Une musique qui redéfinit le jazz d’aujourd’hui. Un jazz hybride qui se nourrit des grands (comme il l’a si bien dit sur scène), mais qui porte le sceau d’une nouvelle génération.

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