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Melody Gardot et Lisa Simone : de la grande classe à l'américaine

Melody Gardot et Lisa Simone : de la grande classe à l'américaine
Denis Alix

Quelle dégaine cette Américaine! Stylistiquement, musicalement et vocalement. Voilà la première impression ressentie quand elle a proposé cette version folk-jazz groovy de la chanson Same To You, puisée de son dernier album Currency of Man. Et nous n’avons jamais déchanté lors de ce concert d’ouverture présenté à la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des arts, mercredi soir, dans le cadre du Festival international de jazz de Montréal.

Grand chapeau rond vissé sur la tête, lunettes fumées, chemisier échancré, pantalon de cuir moulant, talons aiguilles, tout était noir chez l’irrésistible musicienne-chanteuse aux longs cheveux bouclés blonds. Pour le reste, six musiciens assurant avec brio le clavier, la batterie, la basse électrique/contrebasse, la guitare, la trompette et le saxophone.

Au second morceau, elle a délaissé la guitare pour s’assoir au piano. Un butinage instrumental qu’elle a adopté habilement toute la soirée. Après un long préambule en français (charmant accent européen) concernant le thème central de la chanson – la prostitution – elle a envoyé avec finesse la pièce She Don’t Know.

Juste après, nous avons pu constater à quel point la chanteuse jazz aime s’aventurer sur des territoires musicaux variés. Son riche répertoire des genres –jazz, swing, soul, folk, rock - est assez étonnant. Pour preuve, ce thriller de nuit mystérieux et sexy à souhait pour la chanson Bad News. De sa voix trainante, légèrement aguicheuse, elle a conquis les spectateurs dans la salle, bondée.

Quand est arrivé cet hommage au grand du jazz américain – par l’entremise du morceau titré March for Mingus -, tout s’est de nouveau transformé. Échange contrebasse-guitare de feu, belle improvisation de Gardot au piano, long solo allumé du saxophoniste (qui s’est retrouvé en chemin avec deux instruments en bouche!), on avait même de la difficulté à croire que nous étions dans un spectacle d’une chanteuse «pop». Bien que les cuivres aient étiré un brin la sauce en conclusion, le voyage Charles Mingus était magnifique.

À Mornin Sun, tout s’est apaisé. L’âme de la jeune femme était paisible sur ce morceau délicat et lumineux. En raison de sa voix fragilisée, et presque pure, Melody Gardot a fait penser un instant à une autre Américaine au chant sublime, Cat Power, qui se produisait en même temps sur la scène du Métropolis, en solo.

Sur des lignes de trompettes satinées, Gardot a par la suite enchainé avec le monument You Don’t Know What Love Is, qui a été interprété par de nombreuses icônes de la musique comme Ella Fitzgerald, Miles Davis, Billie Holliday, Marvin Gaye ou encore Chet Baker. Feutré, fatal et franchement délicieux.

Certes, la bande commence à peine à livrer les concerts de cette prometteuse tournée, mais l’offrande n’en était pas moins maitrisée. C’est même épatant de réaliser comment Melody Gardot parvient à marier l’audace et de la justesse dans l’interprétation des musiques et des textes.

Que ce soit en version minimaliste pour Baby I’m A Fool, en franglais sur Les Étoiles (de l’album My One and Only Thrill, paru en 2009) ou en mode plus vitaminé pour Preacherman (assez rock) et It Gonna Come, Melody Gardot est un bijou de la cuvée 2016 du festival. Tant mieux, car elle propose de nouveau un concert, ce soir, au même endroit. À voir sans hésitation.

Au cours de la première heure, Lisa Simone, la fille de la vénérée Nina, a également fait du joli travail. Peut-être moins «totale» comme proposition que Gardot, son concert, teinté de jazz, de R’n’B et de soul est néanmoins réussi.

Elle a notamment offert des pièces de son récent album My World, sorti en mars. Certaines de ses chansons, dont Hold On et la très connue Ain’t Got No, I Got Life (écrite par sa mère) ont énormément plu à l’audience.

Lisa Simone et Melody Gardot au Festival de Jazz (29 juin 2016)

Lisa Simone et Melody Gardot au FIJM

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