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Comment vous préparer à un éventuel conflit de travail chez Postes Canada

Comment vous préparer à un éventuel conflit de travail chez Postes Canada
Radio-Canada

Les négociations ont beau se poursuivre chez Postes Canada, une grève ou un lock-out risque fort d'être déclenché samedi si les deux parties ne parviennent pas à s'entendre. Le cas échéant, les Canadiens devront se débrouiller autrement pour envoyer et pour recevoir des lettres et des colis.

Un texte de Jérôme Labbé

Un conflit de travail qui toucherait les membres du Syndicat des travailleuses et des travailleurs des postes (STTP) pourrait avoir des conséquences fâcheuses pour les Canadiens, car même si Postes Canada fait face à une érosion du volume de courrier transactionnel - c'est-à-dire les lettres, les factures et les relevés sur papier -, le nombre de colis, lui, croit sans cesse grâce au commerce électronique. Il a d'ailleurs atteint un sommet en 2015, avec une hausse de 16 millions d'articles ou 9,7 % par rapport à 2014.

En cas de grève ou de lock-out, les Canadiens pourront se tourner vers d'autres compagnies de livraison comme UPS, DHL ou FedEx. L'entreprise Purolator, détenue majoritairement par la Société canadienne des postes, ne sera pas touchée par une grève ou un lock-out, ses employés étant représentés par un autre syndicat, celui des Teamsters.

Dans un communiqué transmis lundi, Postes Canada précise qu'en cas d'arrêt de travail, aucun nouvel article ne pourra être accepté. Quant aux articles déjà dans le système postal, «ils seront sécurisés et seront livrés dès que possible à la reprise des activités ».

Les Canadiens qui souhaiteraient procéder à un envoi à court terme sont donc invités à agir rapidement, d'autant plus que vendredi - fête du Canada - sera une journée fériée.

Certaines boîtes aux lettres seraient déjà fermées à clé, selon François Senneville, directeur pour le Québec du STTP.

Factures retardées

Au cours des dernières semaines, de nombreuses entreprises ont communiqué leur plan de contingence à leurs clients. Car ceux-ci seront obligés de payer leurs factures, et ce, même s'ils ne sont pas notifiés par courrier.

«Nous souhaitons vous rappeler que, même si la livraison du courrier est retardée, votre facture d'électricité doit être payée à l'échéance», indique Hydro-Québec sur la page d'accueil de son site web, avant d'inviter ses clients à s'inscrire à son service «Facture Internet».

La vaste majorité des grandes entreprises offrent aussi à leurs clients de s'enregistrer sur le web et de payer leur facture sur Internet, que ce soit avec une carte de crédit ou à partir du site de leurs institutions financières. Les factures mensuelles sont alors acheminées par courriel.

D'autres moyens existent aussi, comme le paiement par téléphone ou en succursale, lorsque l'option est offerte.

En cas de non-paiement, les consommateurs pourraient se voir imposer des frais de retard qu'ils pourront difficilement contester devant les tribunaux, selon Sylvie De Bellefeuille, avocate pour l'organisme Option consommateurs.

Un service essentiel

La direction de Postes Canada et le STTP se sont néanmoins entendus pour fournir une offre minimale de service en cas de grève ou de lock-out.

«La distribution de ces chèques [du fédéral] fait partie de l'entente que nous avons conclue avec le syndicat», précise la directrice des communications pour Postes Canada, Aurélie Walsh. Dans ce cas, la distribution serait faite une journée par mois.

Mais pour les chèques émis par les provinces et territoires, «le processus est établi au cas par cas, selon ce que la province a décidé de faire. Les clients devraient communiquer avec l'émetteur de leur chèque pour savoir ce qui a été décidé», conseille Mme Walsh.

Une entente similaire avait été appliquée lors du dernier de conflit de travail, en 2011, alors que Postes Canada avait décrété un lock-out après 12 jours de grève tournante. Une loi spéciale, déposée par la ministre du Travail Lisa Raitt, avait finalement mis fin au conflit un peu moins de deux semaines plus tard, les syndiqués devant se contenter de conditions moindres que celles qui avaient été présentées dans l'offre finale de l'employeur.

Des livraisons d'animaux en cas de conflit de travail

Le syndicat s'est également engagé à ce qu'aucun animal ne reste coincé dans le système postal.

«S'il devait y avoir un arrêt de travail, le STTP veut aussi éviter que des animaux vivants, notamment des abeilles et des poussins, restent coincés dans le système postal, comme ce fut le cas en 2011», précise le syndicat, dans un communiqué transmis le 14 juin.

«Le travail sera effectué par des volontaires qui recevront des honoraires modiques, ajoute-t-on. Le Syndicat encouragera les volontaires à faire don de leurs honoraires à un organisme de charité.» Ces honoraires seront payés par l'employeur.

La poste en transformation

Les négociations entre Postes Canada et ses employés se déroulent dans un contexte bien particulier. Le gouvernement fédéral a entrepris l'examen des services offerts par la société d'État. L'implantation de boîtes postales communautaires, suspendue au lendemain de l'élection des libéraux de Justin Trudeau, fait partie des décisions qui seront réévaluées.

Le mois dernier, Ottawa a confié à un groupe indépendant, présidé par la Québécoise Françoise Bertrand, le soin de colliger les analyses déjà existantes sur la question, afin de produire un rapport d'ici la fin de l'été. Dans un deuxième temps, un comité parlementaire sillonnera le pays pour consulter les Canadiens, dans le but de formuler des recommandations à la fin de l'année.

Le gouvernement Trudeau tranchera sur ce qu'il adviendra de Postes Canada d'ici avril 2017. La privatisation de la société d'État n'est pas envisagée, a promis la ministre responsable, Judy Foote.

Des négociations toujours en cours

En attendant, les pourparlers continuent afin d'éviter un nouveau conflit de travail, insiste la porte-parole de Postes Canada Aurélie Walsh. «Nous sommes toujours à la table de négociations et nos offres déposées cette fin de semaine sont conçues pour aider à conclure une entente et éviter un arrêt de travail», atteste-t-elle.

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