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Aide médicale à mourir : devrait-on inclure les mineurs?

Aide à mourir : devrait-on inclure les mineurs?
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Avec l'entrée en vigueur de la sur l'aide médicale à mourir, le débat reste bien ouvert pour le cas des mineurs. Est-ce qu'un enfant ou un adolescent avec des souffrances intolérables devrait pouvoir obtenir de l'aide médicale à mourir?

Les pédiatres rassemblés à Charlottetown, dans le cadre du congrès annuel de la Société canadienne de pédiatrie, ont tous une opinion sur le sujet.

« C'est une boîte de Pandore. On ne sait pas ce qui va sortir de ce débat. C'est quelque chose qui nous fait peur comme pédiatre », affirme le médecin Claude Cyr.

Pour l'instant, ce pédiatre du Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke ne pense pas que ce soit quelque chose de nécessaire.

Je travaille avec des enfants qui sont en fin de vie depuis presque une vingtaine d'années. Je n'ai jamais eu cette demande-là.

Claude Cyr, pédiatre

Il ajoute que c'est moralement très difficile pour eux.

« Nous on est là pour sauver des vies, rendre le plus d'enfants possible vivants à 18 ans. On s'occupe des enfants qui meurent en bas de 18 ans, mais je pense que moralement, comme communauté pédiatrique, ça va être difficile si on nous demande de participer à de l'aide médicale à mourir ».

Les pédiatres doivent parfois prendre la décision d'arrêter un soin afin d'éviter l'acharnement thérapeutique, mais il ne s'agit pas pour autant d'un geste d'aide médicale à mourir.

« Il y a une différence dans la pratique actuelle entre la limitation d'intensité des soins ou la cessation de certains soins et un geste actif pour aider quelqu'un à mourir. [...] Quand le meilleur intérêt de l'enfant est de ne pas instituer un traitement ou de cesser certains traitements, c'est quelque chose qu'on fait quotidiennement », explique-t-il.

La question de l'aide médicale à mourir s'invite déjà chez les parents qui ont des enfants en soins palliatifs.

« C'est une question, l'aide médicale à mourir, qui à la fois intrigue ou questionne les parents qui veulent le meilleur intérêt de leur enfant, mais qui inquiète beaucoup les parents d'enfants handicapés, parce qu'on a toujours peur qu'on limite l'intensité des soins ou qu'on ne soigne pas de façon optimale des enfants qui ont un handicap important. »

Dans son rapport, le comité parlementaire fédéral qui étudie la question de l'aide médicale à mourir recommandait au gouvernement d'agir sur la question des mineurs d'ici trois ans.

Et du point de vue juridique?

La question est aussi très complexe du point de vue juridique.

Selon la loi, un mineur ne peut pas prendre ce genre de décisions par lui-même. Ce serait donc aux parents de trancher.

La question est maintenant de voir quelle implication auront les parents dans ce processus-là et dans quel intérêt ils le feront.

De nombreuses questions restent sans réponse, comme le fait remarquer l'avocat spécialisé en droit de la santé, Jean-Pierre Ménard.

« Au Québec, on a décidé de s'occuper de la question des adultes au départ et de s'occuper des mineurs ensuite. Au fédéral, on semble aussi faire la même chose. Mais c'est clair qu'un mineur qui est en état de souffrance intolérable, on peut se poser la question afin de voir s'il y a moyen d'avoir l'aide médicale à mourir dans des cas bien déterminés », fait remarquer Me Ménard.

Une pratique encadrée

En Belgique et aux Pays-Bas, on permet aux mineurs d'avoir accès à l'aide médicale à mourir.

Me Ménard souligne qu'il n'y a eu que quelques cas dans ces pays, dont 5 cas en 10 ans aux Pays-Bas.

De nombreuses balises ont été mises en place pour bien encadrer la pratique. Entre autres, l'enfant doit être victime de souffrances insupportables qui ne peuvent être soulagées, il doit être capable de comprendre sa condition et les deux parents doivent donner leur accord.

Selon Jean-Pierre Ménard, une ouverture est possible dans la loi canadienne, si on la balise convenablement.

Il n'y a pas de raison qu'on laisse un enfant souffrir quand la médecine n'a plus rien à lui offrir et qu'un enfant peut participer à ce choix-là. C'est des cas difficiles, c'est des cas extrêmes, c'est des cas rares, mais sur le point humanitaire, c'est avant tout un geste d'humanisme.

L'avocat Jean-Pierre Ménard

D'après les informations de Jean-Luc Bouchard

Voir aussi:

Québec

Le droit à l'euthanasie à travers le monde

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