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La période d'exclusion des dons de sang des homosexuels sera écourtée, mais pas éliminée

La période d'exclusion des dons de sang des homosexuels sera écourtée, mais pas éliminée

OTTAWA – Les hommes homosexuels pourront donner du sang si leur dernière relation sexuelle avec un homme remonte à un an.

La Société canadienne du sang (SCS) et Héma-Québec ont confirmé lundi, tel que rapporté par le Huffington Post Canada, que Santé Canada a accepté leur proposition de réduire le délai pour faire un don de sang de cinq ans à un an. Ce changement entrera en vigueur au pays le 15 août.

Cette décision ne va pas aussi loin que la promesse des libéraux en campagne électorale de mettre fin à cette politique, mais le gouvernement fédéral dit qu’il va financer des recherches pour voir si cette période d’exclusion peut être davantage réduite ou complètement bannie.

« Il s’agit d’un pas dans la bonne direction, [mais] nous ne sommes pas encore rendus là », a expliqué un représentant du gouvernement, sous le couvert de l’anonymat parce qu’il n’avait pas l’autorisation de parler de ce sujet.

Comme régulateur, Santé Canada ne peut pas réduire le délai recommandé par les agences de sang indépendantes – d’un an à six mois, par exemple. La ministre de la Santé Jane Philpott peut seulement approuver ou rejeter leur application.

« Nous respectons leur indépendance, mais si nous disons qu’ils prennent des décisions basées sur la science, et qu’un retard scientifique est la raison pour laquelle les choses avancent plus lentement, nous pouvons peut-être, comme bailleurs de fonds pour la recherche, aider avec cela », a ajouté le représentant du gouvernement.

Santé Canada a discuté avec la SCS et Héma-Québec afin de rendre toutes ses politiques fondées sur le comportement et neutres sur le plan du genre – ce que les agences s’engagent déjà à faire.

« Nous sommes optimistes que les choses vont continuer à avancer dans la bonne direction, alors que la science indique que c’est comme ça que ça doit se passer, mais pas plus lentement que cela, a-t-il poursuivi. Ce n’est pas quelque chose qu’on veut voir relégué au second plan. »

L’interdiction ignore la science, selon les libéraux

Pendant l’élection de 2015, les libéraux ont promis de mettre fin à l’interdiction de dons de sang des hommes ayant eu des relations sexuelles avec d’autres hommes.

« Cette politique ne tient pas compte des preuves scientifiques et doit prendre fin », expliquait le parti, ajoutant que l’interdiction de dons de sang des hommes homosexuels ne tient pas compte des relations sexuelles sûres et monogames.

Au mois de mars, CBS et Héma-Québec ont soumis une proposition de réduire ce délai de cinq ans à un an, afin que le Canada se conforme aux standards des États-Unis, du Royaume-Uni, de l’Australie et des Pays-Bas.

La ministre de la Santé Jane Philpott fait un don de sang. (Photo: Justin Tang/PC)

La porte-parole de Santé Canada, Rebecca Gilman, a dit au HuffPost la semaine dernière que le délai d’un an serait accepté seulement si les données pouvaient démontrer que ce changement ne compromettrait pas la sécurité des patients.

« Le Canada a l’un des systèmes de dons de sang les plus sûrs au monde en raison de ses critères stricts, de ses normes en matière d’inspection et de surveillance », a-t-elle écrit dans un courriel.

Retour sur le scandale du sang contaminé

Les hommes qui ont des relations sexuelles avec d’autres hommes comptent pour la grande proportion d’infections de VIH au Canada, explique l’agence en parlant de la période d’interdiction.

Dans les années 1980, quelque 30 000 Canadiens ont contracté le virus de l’hépatite C et environ 2000 ont été infectés par le VIH dans ce qui est devenu le « scandale du sang contaminé ».

La Croix-Rouge canadienne a été pointée du doigt pour, entre autres, ne pas avoir dépisté des groupes à risque et de ne pas avoir averti les récipients de sang potentiellement contaminé à l’époque.

Santé Canada avait aussi été blâmée pour ne pas avoir reconnu le risque et d’avoir pris une approche trop passive quant à la réglementation du sang.

Par conséquent, la Croix-Rouge canadienne a banni les dons de sang des hommes qui avaient eu des contacts sexuels avec un autre homme depuis 1977, puisqu’ils étaient à risque d’être infectés du VIH. Cette situation a changé en 2013 quant la SCS et Héma-Québec ont proposé un délai d’abstinence de cinq ans.

Ce texte initialement publié sur le Huffington Post Canada a été traduit de l’anglais par Catherine Lévesque.

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