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«Et maintenant... Bécaud» : Mario Pelchat, un homme qui lui ressemble

«Et maintenant... Bécaud» : Mario Pelchat, un homme qui lui ressemble
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25 000 copies vendues d’Un homme qui vous ressemble, son dernier album original (2014), 50 000 écoulées de Et maintenant… Bécaud, sa collection de relectures des classiques de Gilbert Bécaud. Ça en dit long sur l’actuelle réalité de l’industrie de la musique au Québec, mais aussi sur l’aisance de Mario Pelchat une fois glissé dans la mythique peau du légendaire chanteur français. Et aussi sur l’affection que vouent encore les gens au monument qu’a été Bécaud.

Pelchat et son nouveau spectacle Et maintenant… Bécaud étaient en vedette aux FrancoFolies de Montréal, vendredi, au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts. Récemment rodé en Suisse, le concert partira sur les routes du Québec quelque part à l’automne 2016 et l’hiver 2017.

On voudrait bien éviter la sur-utilisée expression du «voyage dans le temps» pour décrire la soirée offerte par Pelchat et ses neuf musiciens à leur parterre de spectateurs d’âge résolument mûr, mais il faut dire que l’image y colle admirablement bien. Alignés derrière l’homme au complet bleu à qui on finit par trouver des airs de Bécaud à force de l’observer dans cette ambiance, les instrumentistes (guitare, basse, batterie, piano, violons, violoncelle, trompette, trombones et cor) donnaient à la mise en scène un cachet majestueux. Derrière, une succession de photos noir et blanc de celui qu’on surnommait «Monsieur 100 000 volts», souriant, trônaient haut, s’écartant à l’occasion pour laisser place à des fantaisies d’éclairages. Un décor magnifique, qui seyait bien au contexte.

Lettres d’alphabet

La «vraie» voix de Gilbert Bécaud s’est élevée sur un enregistrement d’Et maintenant. Au bout d’une minute ou deux, Mario Pelchat a surgi, le timbre un brin plus fort, entonnant l’archiconnu refrain, devant une assistance contente et bruyante. Non seulement c’était très ressemblant, mais bravo de ne pas avoir attendu la finale pour servir ce titre espéré. L’introduction était parfaite.

Après Un peu d’amour et d’amitié, Mario Pelchat a raconté qu’il n’avait jamais eu la chance de rencontrer Gilbert Bécaud, mais qu’il avait l’impression de le connaître, par le biais de son œuvre et de ses propres rencontres. Il a ensuite annoncé qu’il revisiterait le répertoire de ce mentor spirituel en se basant sur les lettres de l’alphabet. C’est en septembre et Je t’appartiens ont donc été accolées à la lettre A.

Martine St-Clair a rejoint Mario Pelchat sur L’amour est mort (lettre B), qu’elle a jadis interprétée en tandem avec Monsieur Bécaud. La dame a, comme toujours, envoûté avec son coffre vocal. A suivi Le petit oiseau de toutes les couleurs, avec un effet d’ombres chinoises, les mains de Mario mimant le volatile dans un rayon de lumière, petit jeu qu’il a continué sur Mes mains. Sur la lettre C (comme dans concours de circonstances, charme de la campagne), on a entendu Mon arbre et La solitude ça n’existe pas.

Et ainsi de suite. Seul sur son étoile (devant un fond étoilé), La maison sous les arbres (accueillie avec émotion), L’important c’est la rose (tous tapaient allègrement des mains et fredonnaient haut et fort), Je reviens te chercher (présentée avec un craquant souvenir de vie de couple de Pelchat et couronnée d’une tonitruante ovation debout), Un homme heureux (pimpante et joyeuse), On prend toujours un train, L’absent et Quand il est mort le poète ont été les ailes de ce «périple dans le passé», qu’on ne saurait définitivement nommer autrement.

Pour La fille au tableau, un texte écrit par Gilbert Bécaud et Luc Plamondon, Mario Pelchat a été accompagné d’Émily Bécaud, la fille du défunt artiste, toute menue et habillée très simplement de noir, et très attachante, qui se commet aussi en duo avec Mario sur cette même pièce sur l’album Et maintenant… Bécaud.

Entre les chansons, Mario Pelchat relatait des tranches de vie de Bécaud et des impressions personnelles. Malheureusement, ses interventions paraissaient souvent scriptées, apprises par cœur et étaient débitées un peu trop à la perfection, parfois très vite. La passion de Pelchat pour Bécaud est bien réelle et sentie, mais au micro, on la voudrait plus spontanée, davantage sortie du ventre que des neurones.

Ce petit défaut n’a néanmoins pas gâché le plaisir de la salle, qui soupirait de réconfort au début des morceaux, applaudissait à tout rompre à la fin, se recueillait presque à l’écoute des habituels trémolos de Mario Pelchat et s’exclamait sans retenue à ses récits. Tous semblaient véritablement se dire que Mario Pelchat est «un homme qui lui ressemble», à Bécaud.

Puissante Joe Bocan

La toujours flamboyante Joe Bocan, qui lançait en octobre Dis-moi Joséphine, un disque-hommage à Joséphine Baker, a offert en première partie un tour de chant d’une trentaine de minutes, ponctué d’anecdotes sur sa nouvelle muse, première personnalité afro-américaine à acquérir une renommée internationale et tête d’affiche de quantité de revues musicales.

Très élégante dans sa robe scintillante drapée d’une longue écharpe – elle n’a visiblement pas perdu son goût pour l’extravagance et la démesure avec les années -, Joe Bocan a joué d’humour en reconnaissant que le public avait probablement hâte d’entendre Mario Pelchat, se comparant à «un petit biscuit, une petite biscotte» servis en entrée avant un «très bon repas principal». La Joséphine Baker des temps modernes a toutefois sincèrement séduit avec son matériel qui, bien que repris, demeure relativement méconnu, et ses histoires sur celle qu’elle incarne. On a ainsi eu droit, entre autres, à Sous les ponts de Paris, J’ai deux amours et La petite Tonkinoise, et à la puissance absolue de la voix de Joe Bocan, qu’on a peut-être tendance à oublier, mais qui est indéniable. Une jolie (re)découverte.

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